Il se pourrait, il suffirait – ( RC )
Il se pourrait que tu regardes
Ce qu’il reste d’une flamme éteinte,
Un pétale humide, laissant son empreinte,
Dans ce livre aimé, sous la page de garde…
Une trace décolorée,
Un parfum évanoui,
Un sourire enfui,
Une porte dorée….
Il se pourrait que tu pleures,
Et que tes yeux se lâchent,
Les pages en garderont des taches,
Presque invisibles , du coeur…
Changent les saisons,
Le printemps s’est éteint,
Tu as suivi d’autres chemins,
Emportée par les vents, contre la raison…
Il se pourrait que tu lises,
D’anciennes lettres, d’anciennes missives,
Egarées sur d’autres rives,
Que c’est loin, le temps de Venise…
Les détours des ruelles,
Les ponts sur le Rialto
Comme ses palais, notre amour a pris l’eau,
Celui, qu’on pensait éternel.
Il se pourrait que tu trouves,
Dans toute cette paperasse,
Dans ce qui ne s’est pas dissous, un lien, tenace,
Qui dans ces pages couve…
Pour redonner un espoir
Ressouder les mains,
Et permettre aux lendemains,
De repeindre le soir.
Il suffirait que tu viennes,
Pour redonner des couleurs,
A ces anciennes fleurs,
Si tu es toujours magicienne.
Il n’y a pas de danger,
Pas de risque de drame,
Même, à activer la flamme,
…Tu vois, je n’ai pas changé.
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RC – 23 novembre 2013
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Vahagn Davtian – De pierre ici tout un pays
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De pierre ici tout un pays…
De pierre ici tout un pays, d’eau en furie
Murmure d’herbe ici dans la teinte du bleu
Corne des rocs dans les hauts monts hissés vers Dieu
Dans l’abîme jeté, pénitence de pierre.
Tout un pays où blanche et de glace est la plainte
Dans le fond des ravins, question des tempêtes
Vers le bas de la rive une clochette d’eau
Le chagrin du pétale et le pleur de la mousse.
Cri de cuivre et soupir de granit, le pays
À la beauté en croix sur la pierre de croix
Tout un pays face au soleil à l’infini
Toi prière à genoux et toi élan du rite.
Je suis de toi pays des longs siècles sans fin
Et je vais avec toi, hauteurs et précipices,
Furieux par la pierre et dans le vent de neige
Toi, chagrin du pétale et larme de la mousse.
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Vahagn Davtian , » De pierre ici tout un pays », extrait..
Traduction Rouben Mélik.
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Claude Esteban – J’aime une abeille, est-ce trop ?

peinture: James Gasparilla, visible chez gasparilla-arts.com
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J’aime une abeille, est-ce trop, j’écoute
le bruit d’un pétale qui tombe
faut-il que je demande à genoux
qu’on me pardonne
vous dormez, vous les maîtres
du ciel
que le malheur d’un homme soit
plus grand que lui, que
vous importe, l’immobile
a ses lois, dormez, dormez très loin
de nous, qu’une abeille me guide, ce pétale
qui tombe, qui va pourrir.
—
Claude Esteban, Sur la dernière lande . Morceaux de ciel, presque rien, Gallimard