le monde a deux visages (Susanne Derève)
Picasso (Femme nue au bonnet turc, détail)
Le monde a deux visages
Le monde en a-t-il deux ou trois
Des visages coupés en ces milliers de toi
De moi, de fois
En autant de profils et de faces
Qu’il n’y a de conquêtes
Ou de disgrâces …
Et je cherche la clé
De celui qui m’ira
Que je revêtirai comme un costume
D’apparat, un décor de ballet
Un habit de gala …
Le monde a des profils ingrats
Parfois l’œil des tombes
Annonce le trépas
Parfois c’est une bouche
Qui nous donne le la
Pour l’avaler ou pour le tordre
Et j’avoue que je ne sais pas
Si les dents s’y montrent
Pour mordre
Ou pour y grincer d’effroi
S’il vaudrait mieux pleurer de honte
Ou si l’on doit tendre les bras
En chantant que la terre est ronde
Je ne sais pas si mes deux mains
Pourront se rejoindre au matin
Ne me retiens pas si je tombe
Pierre Mhanna – Mère de toutes les bombes
P Picasso – extrait de Guernica – main à l’épée brisée, fleur
Mother of all bombs…
I believe in the strength
of a small flower
Mère de toutes les bombes …
Je crois dans la force
d’une petite fleur .
Camille Loty Malebranche – Picasso
P Picasso – femme se lavant ( et une occasion pour aller sur le blog abondant en reproductions photographiques et peintures de DantéBéa)
Picasso,
Comme le gigantesque Guernica en exil,
Mon cœur s’exile en tes murs ; et, rien que par ta fêlure de femme-échancrure,
Je suis force sidérale, comète vivante et charnelle
Soleil renouvelé qui te contemple !
Ah ! Ta dévorante flamme, féminine ardeur des idylles, saillies chaudes, érectiles
Toi ! Reine des mille et infinies brisures !
Mère des aurores, de corps et de cœur,
Tu travailles ma transe à tes portes d’ange-luxure
Luxuriance des vrilles incarnates, danses vulvaires
Tu es pégase des passions qui fracassent, forces jouissives, éjaculatoires
Comme le clair-obscur de Rembrandt
Tu bricoles le mystère d’extase, envergue mes traits à tes espars spumeux de vague
Comme Matisse, tu es fauve qui dévore mes sens
Et tu happes mon ceps dans ta valse envoûtante,
Ah ! Ton aura de lune, quasar sanguinolent des mers galactiques
O ! Perle prenante, obsédante, poignante incarnation-pulsar de ton corps en rut.
***
Ceci est l’ extrait final d’un poème assez long consacré aux artistes.
Après l’éruption ( RC )
Surplombant le vide et prête à tomber,
après la tempête, le feu, les larmes,
la lave s’accumule en strates
projetée des entrailles,
Une fleur surgit, des rochers calcinés,
c’est, la lente reconquête de morceaux de vie,
les insectes ,les lézards, qui se chauffent au soleil
ou bien aux bassins souffrés encore fréquentés de fumerolles…
Où cette jeune pousse a –t-elle bien pu trouver à survivre et s’accrocher ?
–
D’où est venue la graine ? échappée du bec d’un oiseau venu de l’autre rive ?
De la poche du scientifique venu mesurer la densité des gaz, rôdant encore dans les poches ?
De la même façon que le soldat mort, allongé, déchiqueté, dans le Guernica de Picasso, tient, avec son épée brisée, la jeune fleur qui donne tout son sens au tableau…
Comme il est écrit que la vie récuse la crasse et les vertiges du néant
Pour toujours reparti de l’avant.
RC – 13 juillet 2012 ( en écho au très beau texte de Lambert Sav, à voir sur « les vents de l’inspire » )
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Ulysse est de retour ( RC )
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Ulysse est de retour – c’est ce qu’il paraîtrait
Mais se souvient-on, encore de ses traits ?
Ou le reconnaître à quelque chose, peut-être sa bague ?
si son corps émerge un jour d’entre toutes ces vagues…
Or comme la chance tourne, aussi, les vents contraires
Permettent avec Neptune, un retour vers la terre
Contre les sorcières — des efforts insensés
Pour retrouver l’épouse, le pays ( au diable la Circé !)
Non loin d’une petite île, la mer Egée, porte son épave
La côte dentelée, chuchote un murmure, d’entre les agaves,
Les pins , les figuiers , jardin méditerranéen, de Picasso
Les fenêtres ouvertes, la terrasse blanche, et les plantes en pots.
Le voila debout, couvert d’algues marines,
Et sa cuirasse, au cuir d’auréoles salines
Entreprend, blessure oblige, une ascension lente
Glissant des cailloux, que fatigue sa pente…
En route pour sa demeure, il tient à la main
Une lance brisée, un filet d’oursins..
Le retour fera la une, il va falloir que l’on danse
————-Après de longues années d’absence.
Les animaux le reconnaissent d’abord, – têtes curieuses
Des récits du guerrier, pêche miraculeuse
Les centaures,, les nymphes et les chèvres
Chouettes et hiboux, taureaux – et même les lièvres
Ne se souviennent ni d’Hélène, ni de Troie
Mais du héros au regard lointain ( ou bien à l’étroit )
Car, bien au-delà de l’horizon des mers
Selon l’odyssée rapportée par Homère,
Il faut oublier le sang versé, et les larmes
Enterrer les compagnons perdus, et les armes.
Le repos du guerrier évoque les femmes-fleur
La paix retrouvée diffuse du bonheur, l’odeur,
Pour célébrer » la joie de vivre «
Avec Bacchus à s’en faire ivre…
Notre héros est de retour ! La célébrité !
Devant quand même décliner, son identité…
Pénélope, ses prétendants à l’amour
Ne comptaient plus ( après un tel détour)
Qu’ils puissent perdre leur pari
Et la dame, sa patience » en tapisserie »…
Qu’elle défaisait , après le jour , la nuit,
N’a pas dormi, pour mieux tricoter son ennui
L’araignée nocturne, amante pieuse, re-défait sa toile
Comme faisant des voeux, ou porter le voile,
Fait de ses semaines,une longue chaîne de patience
A refaire les gestes, les mêmes, en permanence
Mais guettant l’horizon, et sa moindre barque,
Attendant Ulysse – lui seul sait bander son arc…
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RC 16 juin 2012
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– ( et liens sur six oeuvres de P Picasso)
Marguerite Duras – L’écrit vient d’ailleurs
L’écrit vient d’ailleurs, d’une autre région que celle de la parole orale. C’est une parole d’une autre personne qui elle ne parle pas ».
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Marguerite Duras.
Lecture des Alpilles, en Crau ( RC)
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Je lis les Alpilles assises sur la Crau
Un parcours ouvert, qui se fait sans pirogue
Au pays peint par Van Gogh
Marquant son passage, en solitaire héros
Et à revoir, encore, et encore ses peintures
Au mistral agitant les oliviers: il perdure
Et penche au bord des routes les verticales
des platanes – sans les faire pour autant bancales
Je revois la lumière qui s’étale dans la plaine
Et vibre, jusqu’aux salins, sans perdre haleine
Les tours de Tarascon et Beaucaire
Son choc ,sur les contreforts de calcaire
Par dessus l’enclos de Fos, les géants de fer
De Moralès,, gardent leurs grands airs
Attendant, d’un envol de leur cimetière
De rejoindre la mer à l’étang de Berre
Il faut aussi que je nomme
La sentinelle du grand Rhône
Arles ,ensoleillée, et magnifique
Des compétitions photographiques
Partageant solennelle et intime
Les sculptures de Ste Trophime
Aux Picasso de Réattu, lyriques
Les allées des Alyscamps, ces antiques
–
Ce poème ailé, est un paysage .
Il n’est pas que sur la page
Mais en conscience ,l’oeil , voyageur
Semblable, mon frère ma sœur, et quel qu’en soit le lecteur
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Variation à partir de « j »aperçois le semblable » de J Jacques Dorio
le bal des Ménines – (RC)

Manolo Valdès
Au pas dansé des Ménines
Dans les salons ampoulés
Les admirateurs unanimes
Dans leurs plastrons moulés
Ont oublié sur la toile les traces
Des pas des vieux parquets grinçants
D’un bal que Picasso efface
Au profit d’un Mondrian
D’un salon aux sombres accents
Les miroirs incertains grisent
La servante, et les jeux d’enfants
De la peinture, pleine maîtrise
Nous parviennent des échos d’Ibérie
Des collages de papiers déchirés
Trois siècles après, à Paris
D’instants somptueux chavirés.
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RCh 10 dec – 2011
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le texte est accompagné d’oeuvres de l’artiste Manolo Valdès, qui a décliné toute une série d’oeuvres
( et particulièrement de sculptures ) , autour d’oeuvres espagnoles marquantes, dont les célèbres Ménines.
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Dialogue des reflets (RC)
Dialogue des reflets
Cette fenêtre plate
N’ouvre sur aucune profondeur
Que la perspective éclate
En suivant ses lignes ferveur
Se révèlent à travers elle
Reflets et lumières
Qui n’habitent pas du réel
Mais le champ des hiers
Que tu ne vois pas de face…
Un dialogue du regard
En quelque sorte, une préface
Etablie avec mon miroir
Derrière, se jouent les scènes
Découpées dans le temps
Et souvent parsèment
Les espaces du vent
Des Velasquez en Ménines
Les psychés inclinées
De la chute en abîmes
Aux décors subliminés
Tu perçois dans le lisse
Ce que tu sens et devines
Les parcours factices
En brillances et patines
Reflets des matins
Les lumières fugaces
Des glaces sans tain
A la profondeur vorace
Portent vers le soir
Les portraits captés
L’épopée des noirs
Des regards arrêtés.
Si le miroir révèle
Les instants ébahis
C’est aussi en parcelles
Qu’il t’a saisie, et trahie
RCh 8-12-2011
A noter que le critique et philosophe sur l’art, Daniel Arasse, est l’auteur dans ses études sur les tableaux d’une analyse très intéressante sur le célèbre tableau de Velasquez: » les Menines »… qui a posé « question » à beaucoup de gens entre autre à des artistes, tels que Picasso, qui en a fait de très belles et personnelles variations, ainsi que le sculpteur et peintre Manolo Valdès…