Julian Tuwin – pensif dans une ville étrangère

Dans ce petit café du coin,
Contre le mur frais et intime,
Très étranger, très anonyme,
Je fredonne des airs anciens.
Privé de paroles, de sons,
Du seul regard, dans le jour gris,
Un homme solitaire prie
Pour d’éternelles questions.
J’ignore demain et hier,
Là tout finit, là tout commence,
Ici et partout, tremble et danse
Une miette de l’univers.
Sortons. il n’y a pas de voie
A mon silence et à mon chant.
Pour vous, pierres, et pour toi, vent,
Je chante, homme aux abois !
Marina Tsvetaieva – le plus grand des mensonges

Je te conterai le plus grand des mensonges
Je conterai pour toi le soir qui tombe et l’ombre.
Les feuilles vertes et les vieilles souches
Et les lumières éteintes et rien ne bouge.
Venu de loin, un homme, sa flûte en main,
Jeune, assis, nu, il joue sans fin.
La grande tromperie je conterai,
La lame perfide dans la main
Le trou brûlant de la lame en mon sein
Et de tes femmes les boucles blondes,
Et le sourire de tes enfants.
Et des vieillards le menton blanc.
Je te conterai le plus grand des fracas
Le tumulte sonore de mon siècle, le fer
Du galop des chevaux contre les pierres.
-extrait des « écrits de Vanves » 1917
le temps dépassé des châteaux – ( RC )

C’est le temps dépassé,
des habitats et châteaux
qui dominent les sommets
pour clore une partie du paysage.
Plantés sur des pitons inaccessibles,
qui fréquente aujourd’hui
ces demeures médiévales,
sinon les amateurs de cartes postales ?
Il faut longtemps pour que la nature
reprenne ses droits,
que la forêt vierge édicte sa loi
qui n’a que faire des siècles
de fiefs et quelques bouts de terre…-
J’enlèverais toutes ces pierres
qu’ignorent les rivières
et les oiseaux,
ou je laisserai ces ruines
pour les touristes
en mal de sensations
qui se font photographier
à côté d’un mannequin
paré d’une armure…
- c’est que la nostalgie des conflits
a la vie dure…-
Pierre Lieutaghi – lumière close ( extrait 1 )
Lucia, c’est la meilleure façon de m’adresser à vous d’aussi loin. Prenez-le comme une lettre parlante. Il y aura beaucoup de blancs parce que je devrai souvent revenir en arrière. À la fin, je ne me réécouterai pas, sinon je n’en aurai jamais fini. Quand j’écrivais, rappelez-vous comme c’était plein de ratures. Si vous pouviez entrer dans cette pièce, ce serait sûrement plus simple, je vous dirais de toucher le morceau de géode sur le piano.

Vous verrez, quand on passe l’ongle sur les cristaux, il suffit d’un rien, c’est un piano très sensible. Et puis ces pierres creuses ont une certaine parenté avec le cœur. J’en finirai jamais avec l’imagerie facile.
On a dû vous dire, c’est encore une histoire avec ses cristaux, il ne l’a pas volé, qu’est-ce qu’il avait à faire dans ce pays, dans ces recherches de quoi, est-ce qu’il n’avait pas mieux à vivre ici, c’est un suicidaire, et restera, mais nul ne sait vraiment ce qui s’est passé. Et moi, j’en suis à me demander aussi ce que je sais, est-ce que je pourrai le rassembler, et le raconter, ça m’oblige à commencer loin, parce que la fin, je sais au moins qu’elle vient clore une attente très ancienne.

Dégradé
Étude de la lumière, des couleurs et des formes. Création en studio à l’aide de lentilles endommagées acquises au fil des ans. Chaque estampe est disponible au format 18 x 24 po sur papier longue conservation.
photo Baloulumix
Partout des pierres – Susanne Derève –

.
Partout des pierres,
hors et dedans l’eau,
dans le fil des ruisseaux et le lit des rivières,
aux berges lentes des chenaux,
abimées dans de sombres reflets d’émeraude
où serpentent doucement les nuages
comme de blancs bateaux qu’y jetterait le ciel
.
Des pierres écrasées de soleil
comblant les grandes drailles désertes de l’été
éraillant le ventre des Causses
parmi les lavandes, les blés,
les roues de lumière des carlines
.
Tapies dans la profondeur des sous-bois,
– les sombres sapinières , l’aile légère
des grands hêtres –
.
Schistes parcheminés, marnes grises,
et le vertigineux calcaire érodé par les fleuves
où l’œil abasourdi chancelle
.
Un dimanche à la fête des morts – ( RC )

Les pierres sont immobiles.
laminées par le temps,
leur couleur est passée,
comme celles des photos
qui y sont accrochées,
ternies,
dans de petits médaillons.
On imagine un peu
ceux qui ont vécu,
le regard perdu
à travers le rideau des années
qui nous séparent d’eux
davantage que les chaînes argentées.
Les tombes voisines sont luisantes de pluie,
c’est toujours en novembre
que semble mourir l’automne,
et que s’échouent les fleurs,
qui perdront inéluctablement
leurs couleurs.
Tu te souviens de la Toussaint,
des demeures massives
en granite poli,
et du gravier blanc
que tu trouvais si joli.
Tu en prélevais un peu
pour dessiner un coeur,
pour répondre aux formules
écrites en noir
sur le fond émaillé.
« A ma soeur chérie » ,
« à mon oncle bien aimé.. ». etc
Puis il fallait s’en retourner,
laisser tranquilles ceux
qui ont le sommeil éternel,
auprès des cyprès centenaires.
La mort est un jour sans fin,
qui ne se contente pas
de fleurs sacrifiées…
la vie ne compte
que ceux qui meurent,
en effeuillant les pages du calendrier ;
le chagrin et l’absence demeurent
pour ceux qui se souviennent.
Je ne parlerai pas des chrysanthèmes
fanant dans leur vase,
des allées désertes,
et des croix qui penchent.
C’était un dimanche,
la fête des morts
( on imagine mal qu’ils dansent
quand tout le monde est parti ).
Le vent a arraché les dernières feuilles
des platanes de l’avenue.
Eux aussi sont en deuil.
Ils secouent leurs branches
comme des membres décharnés :
ils sont les gardiens des ténèbres,
mais attendent le retour du printemps
près de l’enclos funèbre.
Toussaint – Susanne Derève –

.
Ne parle pas de chrysanthèmes
c’est Toussaint
Ne me parle pas des pierres
c’est cimetière
La mort est un jour sans fin
et la faim me tenaille de vivre
encore
A Toussaint autrefois
c’était toujours Dimanche
parmi les fleurs
Maman se serrait contre moi
j’étais la chaleur des corps ensevelis
contre le sien un bouclier ardent
Je faisais face au poids charnel
du chagrin aux servitudes de l’oubli
Nos pas crissaient dans les allées
et les fleurs immobiles taisaient
lentement leurs couleurs
Moi, pendue à son bras
spectateur du tendre passé
je ne voulais pas que s’étiole l’amour
Je priais qu’il dure toujours
.
.
Vêtement de glaise – ( RC )

–
S’il faut s’extraire de bourbiers,
en soulevant des plaques de ciment,
tu préfères leur densité
cernant les plaques de fonte,
en tenant ta joie
du bout des doigts.
Le ciel est si pesant,
et les pierres obtuses,
qu’un orage probable te colle au regard,
pendant que tu glisses
sur ton reflet.
Changeant, il se disperse aux premières gouttes,
plus loin la terre soupire,
de joie aussi, et c’est cette saveur amère
qui promet de nouvelles floraisons.
C’est là ton berceau,
cet habit spongieux
qui te ramène à tes origines,
lorsque tes yeux n’étaient pas ouverts.
Ton corps sans froidure
portait ce vêtement de glaise,
et tu engloutissais les nuits,
Maintenant que tu marches,
tu connais le poids exagéré du temps.
Tu récoltes sur le chemin
de petits cailloux,
avant que le vent recouvre de sable ton ombre,
et que du bourbier,
scintillent des éclats de strass et de mica,
Nous avons vu s’enfuir l’eau – ( RC )
Aquarelle – E Delacroix
Adossés à un mur brûlant,
nous avons vus s’enfuir,
lentement,
l’eau.
Le sol s’est bousculé,
faisant rouler des roches instables,
comme si une poitrine
se soulevait,
montrant des plaies noires
et des crevasses.
Quelques heures encore
avant que , d’une faille profonde
jaillisse le soufre et le sel,
restes jaunis laissés
par la mer infidèle.
Quel chirurgien entreprendra
de recoudre la peau assoiffée
de la terre ?
Les champs, autrefois verts,
portent des tiges malingres,
et il n’est pas rare de découvrir
parmi elles, des oiseaux desséchés .
Tout le village est secoué.
Quelques maisons isolées
sur une pente qu’elles ignoraient,
ont perdu de leurs pierres,
prêtes à s’effondrer
en suivant des cascades de poussière.
Les ors cruels d’un crépuscule
soulignent des silhouettes d’arbres
enchevêtrés.
L’eau ne reviendra pas,
attirée plus loin,
ou bue par des gouffres sans fond.
Qui pourrait la retenir
entre ses doigts ?
Ceux qui croient aux miracles
attendront longtemps.
Le jour, même, a détourné les yeux .
Il nous laisse exsangues, au bord du précipice.
carcasse et abandon – ( RC )

Ce matin très lumineux,
cette route qui ne va plus nulle part,
un mur et cette carcasse d’un bâtiment blanc
et le vent qui secoue les buissons maigres,
souligne l’abandon sous un azur très pur
après un long détour.
Le soleil a tordu l’ancien climatiseur,
le temps a cuit les pierres,
la route défoncée s’éloigne dans la poussière .
( texte créé à partir de la photo jointe )
dec 2020
Jean-Luc Sarré – Le jour le silence

Aveugle elle vacille
bergerie en plein ciel
les pierres
dans son dos
le silence qu’elles longent
les dévore
(demeuré dans son dos
je vois ce dos que rien n’efface
trembler dans la lumière
comme si la nuit
jamais
ne devait survenir)
extérieur blanc
poésie flammarion
Ne me dis pas que la terre est infertile – ( RC )
Ne me dis pas que la terre est infertile.
On n’en connaît que la surface,
pas la profondeur.
Il y a des graines qui attendent,
à côté des pierres.
Il y a des galeries souterraines
où l’eau s’engouffre.
Des ossements et des secrets bien enfouis.
Des racines les prolongent
et s’en nourrissent .
Ne me dis pas que la terre est infertile,
les fleurs en sont nées
comme les forêts.
Même blessée elle porte le monde.
N’oublie pas que tu marches dessus.
La journée du peintre – ( RC )
peinture: P Cézanne — parc du château noir 1904
Je ne sais
quand les journées s’allongent :
je suis pieds et poings liés
à la chanson du pinceau,
et j’en oublie les heures,
jusqu’à ce que je plonge
dans l’oubli des choses,
ainsi mon ombre me devance
sur la toile ébauchée.
Et chante aussi la rivière
sous le pont de pierres…
J’ai confondu ce que j’ai peint
avec une journée d’été.
Je dépose la lumière par petites touches ,
qui se rassemblent contre l’obscurité.
Je marche dans une clairière
que j’ai inventée ,
je m’y égare un peu .
La futaie change soudain d’aspect
sous l’éclairage électrique .
Elle n’a plus cet attrait magique
des rideaux de feuilles .
Je continuerai demain
marchant dans sentes et chemins :
il y a des couleurs qui s’attardent
à la façon de feuilles d’automne
Elles sont aussi sur mes mains tachées ;
je vais aller me nettoyer
puisqu’une journée à peindre
vient de s’éteindre
sans bruit ,
remplacée progressivement par la nuit .
–
RC – juin 2019
Suivant le chemin des pierres – ( RC )
peinture: Isabel Bishop
Je pense encore à hier,
suivant le chemin des pierres,
sous le soleil disert,
mon ombre me précède dans la poussière…
Marcher, et s’éloigner des routes,
est comme mettre en soi la distance,
éloigner de l’esprit le doute ,
apprivoiser le silence .
Mon pays s’éloigne lentement,
puis disparaît tout à fait ;
sans voix, je dialogue avec le vent ,
– Comment je vivrai demain je ne le sais – .
J’ai quitté les horizons hostiles,
ma famille et mes frères,
en prenant le long chemin de l’exil :
c’est une traversée du désert
et je ne sais ce qui m’attend
dans d’autres contrées :
c’est peut-être la guerre et le sang,
que je vais retrouver
un peuple misérable ,
qui, comme moi, erre,
sous un soleil impitoyable
à la recherche d’une autre terre ,
à la recherche de son destin ,
suivant leur ombre dans la poussière,
marcher et marcher encore, sans fin ,
suivant le chemin des pierres…
–
RC – mai 2019
Zbigniew Herbert – Que serait le monde ?
que serait le monde
s’il n’était plein
de l’incessant va-et-vient du poète
parmi les pierres et les oiseaux ?
Pas d’épaisseur, de celle des pierres – ( RC )
image – montage perso
Je te verrai,
Image présente,
A travers les murs,
Tournant mon regard
Vers où je te sais.
Il n’y a pas d’épaisseur,
De celles des pierres,
A jouer la distance
Avaler les espaces,
Les collines et les villes,
Redessinant tes gestes,
Comme si la barque des songes,
Ouvrait aux portes du jour,
Ta silhouette indécise
Se découpant dans la brume.
–
RC – juin 2014
Joseph Brodsky – Dédicace à Gleb Gorbovski
Quitter l’amour, dans le soleil de midi, sans retour,
et le chuchotement de l’herbe sur les pelouses qui s’enfuient.
Dans le nuage brûlant du jour, dans le crépuscule assoupi
l’aboiement des chiens de la nuit traverse les allées obliques.
Il faut résister à notre époque sombre et courir au-delà de ces années,
il faut oublier à chaque souffrance nouvelle l’infortune d’hier,
accepter à chaque instant la blessure et la douleur,
pour entrer paisible dans la brume des aurores vierges.
L’automne et impétueux en cette année de voyages,
les processions silencieuses du rouge et du noir longent le ciel,
près des arbres nus les feuilles s’envolent et trébuchent
contre les fenêtres et les pierres
Joseph Brodsky
Pierres de basalte, comme un mensonge – ( RC )
photo perso :cascade de Déroc – Aubrac
C’est un peu une frontière incertaine,
où se dispute un sable noir,
proche de la vase ;
des plantes spongieuses,
et l’illusion de solide,
que des pierres symbolisent.
Aussi, si je risque quelques pas,
sur les pierres découvertes,
ce serait comme un gué,
permettant de passer
de l’autre côté.
Mais ce sont des rêves mouillés,
qui peuvent à chaque instant glisser,
sous la plante des pieds .
On imagine ces roches comme un mensonge,
venu se plaindre aux eaux .
Peut-être n’ont-elles aucune consistance,
et elles peuvent disparaître,
comme elles sont venues,
trichant , en quelque sorte,
prêtes à se dissoudre,
si besoin est .
Le petit ruisseau qui sourd,
ne les écoute pas,
juste le cri des grenouilles,
qui ne croient pas en leurs histoires.
Car des pierres, il y en a plus bas.
Elles ont chuté,
basculé du plateau,
hexagones de basalte
à la géométrie trompeuse,
entraînant une partie du ciel,
chute vertigineuse .
Là s’interrompt l’horizontale :,
tout est en suspens,
quelques instants,
avant que l’eau ne chute à son tour,
et s’évade en cascade blanche .
RC- oct 2017
Henri Bauchau – La règle
sculpture sumérienne – Mésopotamie ( Irak )
Avec mes pierres carrées
Je t’enfermerai dans une œuvre
Car tu es coureur de chagrins
Et la règle est d’apprendre à rire
Homme
Avant de mourir.
Armand Robin – Varsovie
Les places ont des bras de cobras,
Les maisons des gorges de paons.
Donnez-moi quelque antique pierre,
Que je me retrouve en Varsovie!
Je me tiens en stylite absurde
Sur la place, sous le candélabre ;
Je louange, admire et maudis
Le cobra, l’abracadabra.
Tel un paladin je m’enfonce
Sous les pathétiques colonnes.
Que me font le « Hall de Luxe » et ses mannequins
Peinturlurés pour le sarcophage ?
Ici les jeunes courent acheter des glaces !
Ha! tous ici sont très jeunes,
Leurs souvenirs confinent à des ruines,
La gamine va bientôt enfanter.
Ce qui a poussé en pierre restera!
Le pathos avec la camelote!
Ici tu apprendras ton alphabet,
Futur poète de Varsovie!
Aime cela en coutumière ornière.
Moi, j’ai chéri d’autres pierres,
Grises, véritablement grandes,
En leur cœur le bruissement des souvenirs.
Les places ont des bras de cobras,
Les maisons des gorges de paons.
Donnez-moi quelque antique pierre,
Que je me retrouve en Varsovie!
Herberto Helder – Do Mundo 01
Do Mundo (extraits)
Si tu te penches par les jours intelligents
regarde comment se forme la soie en eux, comme
le vêtement se forme sur le corps.
La soie et la chair fondues dans l’outre de sang.
Le nom : pulsation de la mémoire.
Et tu danses à quelques encablures des flammes
la zone ouverte, mais fermée,
spasmodique ; l’air retourné
autour des pierres en feu.
Le regard est pensée
Tout se fond en tout, et je suis l’image de ce tout
La roue du jour de dos montre ses blessures
la lumière trébuche
la beauté est menace –
– Je ne peux plus écrire plus haut
les formes se transmettent, intérieures.
—
Nuit somnambule – ( RC )
Je vois la nuit somnambule…
Elle progresse sans rien voir,
l’obscurité l’accompagne,
frôlant les arbres, puis déversant son encre.
La nuit noie tout, et se confond en portes secrètes,
ouvertes à travers un décor qui transforme
celui de l’espace diurne .
Les hommes , pour ne pas la voir,
utilisent d’artifices,
en disposant le long des routes
de petites lumières,
ou bien des enseignes publicitaires
qui clignotent, histoire de détourner
l’attention de la nuit.
Celle-ci enveloppe les immeubles,
comme les pierres du chemin ;
Les précipices de la montagne,
ont devancé l’appel du sombre.
Peut-être se heurte-t-elle à eux,
et ne retrouve pas elle-même son chemin.
Elle pourrait rester sur place,
ou tourner en rond,
toujours somnambule
si un jour le soleil ne venait pas :
on ne sait pas si elle l’attend avec impatience,
ou s’enfuit , effrayée, à l’autre bout de la terre .
–
RC – nov 2017
Thomas Duranteau – puits
Le puits ne connaît pas
le sens du vent
ni le temps que met le soir
pour nourrir par bouchées
les pierres gisantes
sur son lit
*
Puits
bouche à nourrir
oreille où chuchoter
œil où refléter
nos entrailles ouvertes .
Muhamed Kërveshi
peinture: M Vlaminck
couvée
avec nos yeux
beaucoup de chagrin
beaucoup de feuilles
notre jour ratatiné
enterrer le vent
l’aigle d’amour
à l’avant-garde du Kosovo
le carré du paradis
Drin et l’automne
sous les mêmes ponts
passer embrasser
l’ombre du continent
et la planète stellaire
dans les yeux de nos oiseaux.