Denis Samson – Pistes effacées

Pistes effacées
des incarnations de l’errance
la nuit un gant de satin
refermé sur nous
qui dérivions à l’éphémère
grammaire d’odeurs
miroir reflétant
l’indolence des eaux
enchaînées à des roses
mains échevelées oreiller qui baille.
texte de l’auteur D Samson ( Québec )… tiré du riche blog CLS Poésie
Creuser un peu du passé – ( RC )
photo :restes archéologiques engloutis ( Phare d’ Alexandrie )
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Difficile d’expliquer,ce qui se passe,
Et continue, de guerre lasse…
Comment traverser, les forêts, les déserts,
Les étangs, puis les îles et les pierres.
Il n’y a pas de guide,
Pour écarter l’insipide.
L’eau n’a plus le goût du sel,
Et les feuilles s’amoncellent..
Comme un vent de délire…
Personne n’a plus le temps de les lire,
Avec toute cette horde,
C’est un trop plein qui déborde,
Ou bien le tonneau des écrits,
Qui toujours se remplit :
Celui des Danaïdes,
Ignore pourtant le vide,
Va se remplir en même temps se vider,
Au crépuscule des idées…
Les mots accumulés sur la table,
Se confondent comme les grains de sable,
On ne voit plus les limites
( il doit y avoir des fuites)
La ronde des chapitres,
Se convie en hectolitres,
Et sitôt publiés,
Bientôt oubliés,
Supplantés par les nouveautés,
Juste une valse d’été,
Ceux qu’on appelle best sellers,
Bientôt happés par l’hiver,
Il n’y a de l’actualité,
Qu’un souvenir délité,
A peine esquissé,
Le présent est déjà du passé…
Et pourtant, à tout accumuler,
Des temps les plus reculés,
La mémoire collective,
Se retrouve en archives,
De l’iceberg, la partie qui dépasse,
Est une bien petite masse
A cheminer sur de longues pistes….
Encore faut-il que subsiste,
Bien dissimulés, sous l’ ombre,
De tout ce qui encombre,
La volonté de découverte,
D’anciennes terres vertes,
Que rien ne cadenasse…
Mais l’épaisseur de la glace,
Conserve bien au frais,
Des écrits restés secrets,
Et peut-être les ramener à la surface,
Extirpés de toute cette paperasse,
Un trop d’abondance créant l’oubli,
– les décombres du phare d’Alexandrie –
Creuser un peu de passé, donnerait à lire,
En lui, ses morceaux d’avenir.
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RC- février 2014
Esther Tellermann – Choucas
photo perso fresque de l’église de JANAILHAC
Ils sont tiens
les choucas
les Dieux peints
les tissus refroidis
la sueur
et la grille
Ils sont tiens
les lits durs
les goûts de paille
l’usure
des soulèvements
***
Car
rien ne donne la réponse
ni dômes surgis
ni masques de terre
Pistes s’égrènent en copeaux
en nuits balayées par les torches
Etions accoutrés d’os
faisant commerce de braise
***
Projections – ( RC )

dessin: Carl Mehrbach / drawing_No1-1977.jpg
On peut toujours faire appel aux interprètes,
Pour savourer la couleur des mots,
Rendre la douceur des peaux,
Et dire la pesanteur des jours,
En plaçant une feuille de papier,
Entre ce qu’on perçoit du monde,
Et son espace , rouillé des couleurs
Qui se mélangent hors de notre atteinte.
Mais se traduisent néanmoins,
Par ce que j’y projette …
Une empreinte dont l’obscurité,
Accompagne notre marche.
Des pas lourds, et ,à tout âge
On peut me suivre à la trace,
Les pistes s’emmêlent, se contredisent…
Je me perds souvent dans la forêt des songes.
C’est sans doute justement,
Parce qu’il y a cette feuille,
Sur laquelle la joie cotôie la tristesse,
Et les écritures s’y recouvrent.
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RC- Janvier 2014
Repères , sans repères ( RC )
Hop, c’est un signe. Il faut avoir l’oeil attentif pour le voir.
Sur un poteau banal, une petite pancarte jaune, autocollante.
On n’y fait pas attention.
Et quelques jours après, c’est la même chose le même signe, à un autre endroit.
Puis un autre, et, cela semble se multiplier, au hasard des parcours.
Sans explication.
Un jeu de pistes , un clin d’oeil jaune, oui, mais vers quel but ?
Peut-être observe-t-on mes parcours, et quelqu’un marquerait mes étapes, indiquerait sur le plan mes allées venues, mes haltes obligées : au carrefour, au passage piéton, à la papeterie, au magasin de fruits et légumes, à la station service, que sais-je ?
Ce serait un réseau indiqué sur la carte, on relierait les points et ça dessinerait quelque chose. Une géométrie, une figure dont je dessinerais le contour, en remarquant ces étapes. Ou bien des signes de reconnaissance, entre initiés, s’affirmant, toujours plus nombreux, jouant sur l’effet de foule, ….un complot qui se trame.
Une toile d’araignée qui s’étend,…
Et ces signes… dissimulés derrière leur banalité…
Sans itinéraire défini, un peu comme des yeux,
Qui scrutent, posent des questions de leurs yeux jaunes , mais sans les poser.
Peut-être suis-je le seul à les voir ?
Mon esprit abandonné à la pénombre, sans repères.
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RC – 11 octobre 2013
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Coeur améthyste ( RC )

Coeur graffiti pour sac à main mandelia
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Le coeur de la terre
Va tourner en rond
Brillant comme l’enfer
On n’en connaît pas le fond.
Et le coeur des choses,
Celui du milieu,
C’est à petites doses,
Ce qu’il y a de mieux.
Le coeur à l’ouvrage,
C’est bien, travailleur,
Celui qu’on partage,
Et met en valeurs
Le coeur voyageur,
Qui joue au touriste
Traverse sans douleur
Des épaisseurs de schiste.
A coeur et à cri,
Empruntant le train,
C’est un nouveau pari,
Ouvert sur demain.
Le coeur d’artichaud
S’ouvre de lui-même
Dès qu’il fait un peu chaud
Au chant des « Je t’aime ».
Les coeurs dilatés
Gravés au pied de l’arbre,
Gagnent en vitalité
Par rapport à ceux du marbre
Le coeur des amants
Se prend dans la main
Ils ont tout le temps
D’assouvir leur faim…
Le coeur améthyste
Taillé en facettes,
Celui qui résiste
Se porte en amulettes.
Quand le coeur est triste
Ou bien mal en point,
C’est un jeu de pistes
J’en suis le seul témoin.
A résoudre les problèmes,
Je te donne ces vers,
vers le coeur du poème,
Pour repousser – je crois – les murs de l’hiver.
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RC – février 2013
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Le ciel est tout autour ( RC )

photo: daveb ombres d’une caravane Sahara
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Le ciel est tout autour d’eux
C’est l’effort d’ une longue marche
A travers les dunes ;
Il y a les ombres qui devancent
La caravane et le sable
Qui ondule , égal à lui-même
Et juste marqué, de grains de rochers
Echappés de montagnes.
Le ciel est tout autour d’un creux
Il se rassemble et roule
Comme s’égarent les pistes
Désignées par les anges
En chemins des possibles
Que le soleil ardent
Apprécié des serpents
Efface en poussières…
Le ciel est tout autour d’un bleu
Si évanescent , mais dense
Qu’accrochent , peut-être
Le mirage d’une étendue d’eau
Là bas, si loin…
Dans nos pas de fourmi,
Une oasis, une illusion
Qui vient , puis s’efface
Le ciel est tout autour d’un feu
– Il s’est coulé dans le noir
Quelques flammes et du bois sec
Les nomades lui font cercle
Le désert est affable
Tout est silence, et les outres circulent,
Les chameaux, à genoux,
Soupirent, au chemin de demain.
RC – 19 septembre 2012
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