voir l'art autrement – en relation avec les textes

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Pour compléter la playlist – ( RC )


Tout commence en ouvrant les dossiers.
Je cherche de la musique,
pour compléter la playlist.
Je trouve des trucs pour la soirée.
Faut c’qui faut…

Cocktails en tout genre,
boules de lumière
fauteuils profonds, rideaux de velours
ambiance soft, affiches de cinéma,
cadres à l’ancienne sans photos d’ancêtres…

ça commence bien,
ça déménage et monte en puissance…
batterie, solos de guitare,
le chat rayé qui détale,
une bouteille renversée,

un verre cassé,
la tache sur le tapis
qui s’élargit.
C’est juste avant le slow,
vite, des papiers journaux !

Je tombe sur ta voix,
je ne l’avais pas reconnue.
La voilà qui se dresse
appelle le silence,
et tout est avalé, le moindre son,

le cramoisi du velours,
les cocktails évaporés,
le chat collé au plafond,
l’électricité coupée,
les cadres rétrécis…

mais seulement la voix
verticale au milieu du salon
qui provient d’on se sait où.
Tout le monde est saisi
n’esquisse plus un geste,

tout devient gris
rentre dans le passé,
immobilisé dans le papier glacé
à même la photographie,
juste avant l’oubli…


Nathalie Bachand – la table de cuisine


montage RC

On est assise à la table de la cuisine, la nuit.
On observe des roches blanches. Il y a le thé et le napperon vert-de-gris.

Le thé dans la théière métallique et dans la tasse blanche.
Le napperon sur la table rectangulaire bois de pin et le cahier sur le napperon.
Le stylo à encre noire. On ne va pas écrire.
On a bu le thé et enlevé le napperon. Puis ses vêtements.
C’est le corps chaud qu’on s’est étendue sur le dos, nue, en étoile.
Le cœur en mouvance dans le corps immobile.
On a imaginé les étoiles par-delà le plafond, le stuc en donnait presque l’illusion.
Ce n’était pas spécialement singulier.
Simplement une façon comme une autre de se détacher de soi.
Coucher le corps plutôt que l’écriture, suspendue hors de soi pour un temps.
On a tenu deux roches: une dans chaque main, bras ballants dans le vide, les mains tournées vers la nuit.
Le corps étendu en étoile sur la table, un million de minuscules stucs de plâtre dans les yeux, deux roches froides et blanches dans les mains.
Une parfaite impossibilité d’écrire dans cette immobilité minérale et son cœur, d’un rouge éclatant dans la blancheur de cette cuisine devenue l’antichambre de soi-même.
Les roches sont devenues tièdes au creux des mains.
On aurait dit deux cœurs ossifiés: tout le corps comme un os.
On est longuement restée ainsi.
Et puis, les bras engourdis, on a légèrement retourné les mains vers le bas.
On a lâché les roches sous la table.
C’est dans le vide quelles sont tombées.

origine du texte revue québécoise « Jet d’encre n°9 »

Nathalie Bachand est diplômée en pratique des arts à l’université de Québec Montréal et s’intéresse à la relation entre l’art et l’écrit.


L’oeil éteint du gardien invisible – ( RC )


photo Alecio de Andrade

Je suis entré dans le palais désert,
les portes se sont ouvertes
sans que je les pousse,
un gardien invisible portait un masque :

un visiophone ouvert
sur l’indifférence…

J’étais seul dans un univers sans issue,
entouré de somptueux tableaux,
protégés par d’épais panneaux de verre.

Un sol de marbre lisse
renvoyait leur reflet.

Des sculptures aux gestes figés
tentaient de prendre leur envol,
mais le poids exagéré de la pierre
les maintenait au sol :
aucune n’avait de couleur.

Elles avaient dû la perdre
dans leur effort
pour s’échapper ainsi de l’espace clos,
où seule une lumière grisâtre
parvenait du plafond.

Mes pas , tournant sur eux-mêmes,
ont résonné
dans le dédale des salles,

Je me suis aperçu
qu’elles s’ouvraient sur celles
que j’avais déjà parcourues.

Je n’ai croisé aucun visiteur,
à qui j’aurais pu demander
la sortie.

J’ai fini par confondre
tous les tableaux,
toutes les couleurs,

sous l’oeil éteint
du gardien invisible :
pressentant que jamais,
je ne sortirais du palais…


Roger Wallet – ça ressemble à une vie


Résultat de recherche d'images pour "sagan eyes"

photo: Willy Rizzo

 

Ca ressemble à une vie

bonjour tristesse
le titre qui lui a plu il ne connaît
pas l’auteur mis à part du passé
il ne connaît
pas d’auteur Saint-Ex bien sûr comme tout le  monde
et puis l’aîné l’a offert à son frère…

il l’a dans un coin de l’atelier adieu tristesse  /   bonjour tristesse /
tu es inscrite dans les lignes du plafond /   tu es inscrite dans les yeux que j’aime…

ému les yeux que j’aime cette voix…
c’est comme si c’était elle qui lui parlait
et il le relit le sait vite par cœur le poème de P.Eluard        au début

je vous le rapporte je il se sent gauche.      je l’ai lu.
un silence. c’est très…
il se tait
elle est debout elle le regarde
aurait pas dû venir c’est trop… compliqué ?

prenez-en un autre elle sourit. lui : le cœur qui
bat comme un fou là-dedans
la main tremble  elle doit le voir [il pense]. s’approche de la  bibliothèque
la dévisage les yeux le nez la bouche
– le mot rien que le mot le fait frissonner

vous…
rien d’autre.
tourne le dos s’excuse
il sent sa main sur sa nuque       ses yeux sa bouche….

 

(  extrait du site  des  éditions  des Vanneaux )


Danser hors de la surface des choses – ( RC )


Aldara  Ortega           sous l'eau  05.jpg

photo : Aldara  Ortega

 
Changer de monde,
et danser hors de la surface des
choses.
Trouver son souffle en soi-même,
plonger en apnée illimitée…
Le silence épais plaqué aux oreilles,
tu t’opposes à l’inertie de la matière ,
présente et que tu ne peux saisir.
Tous les gestes en sont ralentis.
La robe de mariée se défera lentement,
sur un champ où les fleurs ne
poussent pas, où il n’y a pas de vent,
et où la lumière hésite à franchir le
plafond…


RC – mai 2017


Je n’ai jamais su la couleur des étoiles – ( RC )


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peinture: Pisanello

 

On peut lire, – paraît-il –  , son destin,
inscrit dans la conjonction des astres.
Des figures s’y croisent, s’interpénètrent ,
se déforment, puis se détachent
lentement les unes des autres.

On prétend que chacun a son étoile,
mais où la situer dans toute cette galaxie?
Elle nous mènerait, le temps qu’elle nous suive,
par une sorte de fil invisible .
Seulement voila…
il est connu que les astres palpitent à distance,
rayonnent, s’attirent, se repoussent,
et adoptent quelquefois de folles trajectoires.

Leur trace peut se voir,
sur les fresques des églises,
Des représentants
de leur commerce apparaissent…
sous la figure des anges  :
Ils sont un peu plus proches,
( quoique leur figure poupine reste énigmatique ).

Ils ont entre leurs mains les fils du destin.
Ceux-ci,         bien qu’échappant au regard,
arrivent à s’emmêler avec ceux des autres,
et tressent quelquefois une étoffe commune,
en quelques mois         ou quelques semaines,
dont hélas , on ne peut se vêtir,
ni dissimuler ses blessures .

D’autre part, personne ne sait
de quoi sont faites les robes des anges.
Il y a ceux qui embrassent la lumière ,
qui la créent , d’une certaine façon.
Et d’autres qui la consomment,
jusqu’à ce qu’elle se vide de sa substance.

Il arrive que l’étoile clignote, puis s’éteigne,
comme une vulgaire ampoule .
C’est juste que le courant ne passe plus,
ou que le fil est brisé.
Comment savoir ?

On joue alors une musique funèbre,
et sur les murs, la figure de l’ange disparaît,
progressivement de moins en moins nette,
jusqu’à ce que les traits s’effacent définitivement.
L’étoile qui nous était destinée au plafond du ciel,
quitte aussi la scène , mais ,
on n’est plus là pour s’en aperçevoir.

RC – fev 2016


Un tremblement de terre très doux – ( RC )


Dying Embers1024.jpg

On dirait un tremblement de terre très doux
qui s’accomplit au trentième dessous,
donc tu vois bien que rien ne bouge,
( même le bocal aux poissons rouges) .

Il n’y a que les mots qui se secouent
Ils s’éloignent et se rapprochent tout-à-coup
Tranquilles en apparence
Quand tu fermes les yeux, ils dansent

La nuit est arrivée – sans doute trop brève
Mettant fin au jour qui s’achève
( Tu ne t’en rappelles plus qu’une frange
Mais déjà tout se mélange ! ).

Il n’y a pas besoin de marteau piqueur,
pour que se multiplient les erreurs :
les mots rient sous cape,
les paragraphes dérapent,

Les rimes en font à leur guise,
la mosaïque se défrise ,
Tout cela ne veut plus rien dire :
( En tout cas tu n’as pas voulu l’écrire )

C’est parait-il l’inconscient qui s’exprime
Libéré de l’esprit qui l’opprime
Les mots se libèrent et s’enfuient
A la faveur de la nuit

Peut-être, après une journée torride,
Vas-tu trouver la page vide :
Tous les caractères
Auront pris la file de l’air

Voila ce que c’est de rêver…
Evanouis ….   évaporés
Ou tournant en rond,
collés au plafond :

On les voit encore qui trépignent,
juste extraits de leurs lignes,
partis avant la récolte,
petites graines en révolte,

Il va falloir les aimer,
pour de nouveau les amener,
à correspondre à ce que tu penses,
et respecter leur indépendance…

RC   – juin  2016

 

 

( l’expression   » un tremblement  de terre  très doux« ,  vient  d’une  musique  électro-acoustique du compositeur  François  Bayle )


Politique d’un confinement – ( RC )


illustration: Olga Kazakova

illustration: Olga Kazakova

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Ces murs me retiennent  dans mes  élans  et se colorent
des années  passées à leur  côté .
Ils sont une  clôture,            à bonne  distance ,
et me protègent  des agissements  changeants de la lumière.
….  celle qui a fini par  défraîchir les parois,
A  souligner  l’emplacement des tableaux, en clair, ou celui des calendriers,
que l’on a fini par changer .

Les meubles taiseux  se sont contentés de recoins ;  
ceux  qui sont de petite taille, recouverts  de choses  déposées  ça  et là,
la plupart attendent  leur  tour.
Il faut la grande patience.
Des  lézardes  ont  fini par se montrer .
Elles  se jouent  de mon agitation, et ne craignent plus
les changements radicaux.

Ces murs m’ont tant regardé, soupesé ,
qu’ils  sont comme  des bras
Un jour,     il se peut  qu’ils se resserrent  sur moi,    se rétrécissent,
à la manière  d’habits profitant des lavages.
Le plafond se rapprochera  doucement  du sol,
et il ne restera aucun espace, aucune preuve de mon existence .

Un confinement hermétique .

 

Seul ce texte  s’en échappe.

 

RC –  janv 2015


L’irrésistible avancée des couleurs – ( RC )


F Kupka   -  cercles  orphiques

F Kupka – cercles orphiques

Quand un bleu-gris

Affronte l’outre-mer ,

Bascule sur la rive sauvage

Un plafond fragmenté.

Il fleurit de baies pourpres,

Menace de s’effondrer

En hexagones irréguliers,

Disposés selon une dynamique

Echappant à celle des saisons.

 

On dirait presque la chaussée de géants

Dont les colonnes donneraient leurs sceptres

A l’irrésistible avancée des couleurs ;

D’abord imperceptibles,

Puis se nourrissant  d’elles-mêmes ,

Occupant toute la surface…

 

Juste quelques interstices

Laissent supposer comment

Respire le fond  : un ciel

Avant que les nuances de rouge

N’explosent et retombent

Comme feux  d’artifices,

Sur la toile.

 

RC


Papiers-pleins , pensées plates – ( RC )


 

 

 

 

Il y avait sur le mur,
Plein d’ailes portées par le papier.
Oiseaux  et papillons se multipliant
Identiques …  – papiers pleins
–  Conséquence d’anciennes générations,
Jungle de           gestations d’encre.

Ils ont même voulu,
De l’épaisseur plate de leurs pensées
Sauter le pas,       jusqu’au plafond
–        ( ce ciel leur tendait l’espace )
Et camoufler innocemment,
Tout ce qui faisait obstacle .

Mais il est difficile  d’aller
Jusque dans les  recoins.
L’ombre ne souhaitant pas trahir ses meubles .
L’idéal aurait été que tout fut       plat,
Et même notre corps ,
Notre cerveau, se mettant à penser plat :

( optimisation d’espace ) .
L’illusion serait parfaite
Nous allons peupler un décor,
Et l’être   aussi .
Voilà donc ,              cette pensée plate :

Livrée , prête à encoller…
….  Lés alignés  ,   de  décors des corps  .

 

RC – nov 2014

 


Spirales adhésives – ( RC )


photo: Francesca Woodman

photo: Francesca Woodman

J’imagine, qu’il y a encore du chemin à parcourir.
des obstacles  à dépasser, des creux  à contourner,
des rocs dont les failles  sont autant de pièges,
sans compter la faune  qui guette, toujours à l’affut.

La chevelure se confond avec celle des lianes,
et il y a toujours une nuée  d’insectes volants,
Ils  semblent te suivre… une proie bien tentante,
Ils se sont extraits  du plâtre?

Une génération spontanée – comme on disait,
qui s’inscrit en biais  des jointures de faïence.
le chemin est d’autant plus long,
que c’est un dédale  de pièces, refermées sur elles-mêmes.

Un moment  d’inattention, et ce sont des rubans,
qui t’enveloppent à ton insu, tout droit descendus du plafond,
déjà, ils ont fini par occulter complètement les fenêtres,
et se dévident en spirales adhésives,  dès que tu t’arrêtes.


RC- oct 2014


Fondu dans l’immobilité – ( RC )


 

 

Fondu dans l’immobilité,

C’est situé sous une écorce, où se balancent des pulsations du silence.
Une écorce de chair
Elle se maintient ,     mais le corps fond.
Comme bu                 par sa surface intérieure.

>         Avoir donc la place de remuer dessous,
Les os s’épiant, et ayant leur propre raisonnement…
Mais toute une apnée de tensions les maintient à distance.

Ce sont des ligaments, des fibrilles, des tendons, qui se croisent,
faute de muscle.

Emmitouflé d’une apparence.
Il suffirait d’appuyer       pour en déceler le creux.

Ainsi cabossé comme pourrait l’être         un fruit sec,   libéré du poids liquide,
momie à la surface riante, mais peinte .

Un masque pour paraître.
Mais dont la fixité inquiète.

Celui qui ne sait plus quel corps il habite,
justement privé d’ enchaînements et mouvements utiles.

Soudé aux montants du lit, les roues caoutchoutées.
Au carcan des poulies,        la potence aux perfusions,

qu’on pourrait, gag suprême, orner de la photo du patient…              – la potence –
Juste dans le champ de vision …. le regard toujours fixé au plafond.

Le corps corseté n’autorisant que l’angle restreint permis aux yeux
Bénéficiant de la seule exception à l’immobilité…

RC – avril 2014


François Corvol – Nuit du Château


gravure: Odilon Redon - On the Backdrop of Our Nights

gravure:            Odilon Redon       the Backdrop of Our Nights

Un jour
que je rentrais d’une dure journée de travail
cerné par la fatigue
je posais mon nom
au pied des marches de ma demeure
surpris d’abord de se trouver là
détaché de sa rotonde
libéré de son intrinsèque cellule
surpris et tétanisé par la liberté
comme un rapace nocturne
par la lumière effarante d’une lampe-torche
il restait là hébété
quelques secondes
puis je le vis grimper
à la manière d’un lézard
prendre le mur
ce raccourci pour la faune légère
il cherchait le trou dans lequel s’engouffrer
la cavité qui le rendrait invisible
je le vis longer la ligne du plafond
arrivé au coin
une sensation d’impasse sembla
le prendre à la gorge
l’angoisse soudaine
du mur sans cavités
de la limite et de la fin
il s’agita dès lors
et traçait des cercles
comme le font tous les êtres
qui cherchent et fuient quelque chose
sans plus vraiment savoir quoi
désespéré de le voir ainsi j’ouvris la fenêtre
et m’en éloigna
pour qu’il passe sans me voir
comme aimanté par l’air de la nuit
par la possibilité de prolonger sa vie un peu plus loin
il s’en alla
il s’en alla et je refermai la fenêtre alors
derrière lui
puis je montais les marches
ôta ce qu’il me restait
de vêtements et de bruits
je me couchais
seul enfin
cherchant le sommeil
les yeux à-demi ouverts
dirigés vers quelques aspérités du plafond
j’y aperçus une araignée
elle tissait sa toile à mon zénith
je souris
et m’endormis

L’avenir en suspension ( RC )


 

C’est un embrouillaminis,

Un écheveau de tubes,

Qui se croisent et s’enchevêtrent,

Et la vie circule encore,   … mais, dehors;

En dehors  du corps.

 

Ce qui reste  du regard,

Fixé sur les jointures du plafond,

Les carreaux striés en quinconce,

La potence chromée…

 

Et        —  gouttent   et gouttent,

Les perfusions       ….et boucles

Dans des conduits plastique,

Et le temps                                     s’étale,

A longueur d’heures et puis de nuits

Qui se succèdent,

Tandis que le corps immobile

Décompte les jours,      et  puis l’espoir

 

N° 27,    dans la chambre d’hôpital.

 

RC – 12 décembre 2012


Jean Daive – ce que voient les yeux tout autour de l’ampoule


 

photo:              portrait de Francis Bacon

 

 

 

 

 

L’ampoule
………..au-dessous du plafond

si je suis l’enfant qui la regarde

plutôt qu’au-dessus de la table

comment
………….ne pas obliger la mémoire

à la remplacer par un horizon
plus inaugural ?

.

L’ampoule allumée
éclaire aussi faiblement qu’un pain
posé dans la pièce.

Le réel des yeux est là
dans une pénombre qui se dissout

pleine de gaz et pleine de perles
éblouies d’éclats très chauds.

les choses apparaissent
négligemment
comme de la respiration assistée.

Une chaise près de la table, une femme
avec un homme
et un homme très seul, une enfant
dans le lit
.

Parce que les lèvres bleuies, glacées sont une contagion

ce que voient les yeux
tout autour de l’ampoule

presque
contre le ciel éclairé
l’air inégalement occupe des volumes de peur
entre les meubles
les ombres et les étoiles

comment soudain
la même ampoule les remplit-elle de camphre

remplit-elle

………….une seringue

de son horizon
plus inaugural ?
.

Une survie est comptée
pulse
le dernier monde terrestre
dans les veines

jusqu’au cœur
.

Jean Daive, « Les Pavés inégaux », Onde Générale, Flammarion, 2011


Bluma Finkelstein – Sous les voûtes d’une cathédrale


peinture:               Pieter Saenredam –            intérieur d’église d’ Utrecht XVIIè siècle

 

 

 

Sous les voûtes d’une cathédrale, une étoile filante se laisse prendre aux fils d’une araignée :

de très bas on imagine l’histoire du ciel comme un conte de fées. Un défaut de perspective.
Les vitraux dessinent sur le plafond un paradis de lumières : ici, même en l’absence de Dieu,

on se mettrait à croire. On voudrait tellement…
Demain, le front couvert de cendres, tu iras tremper tes doigts dans le bénitier.
Comme si tout était vrai
Bluma Finkelstein – Mare Nostrum – édition en forêt – 2008


Spécialiste ( RC )


 

 

Presque à l’horizontale, je ne plane pourtant pas, en lévitation,
Mais ce sont, contre toute attente, brutales sensations

Car je ne vois pas de ciel, à travers mes paupières
Envahies d’un reflet, de violente lumière.

Ce qui me maintient, n’est pas un tapis volant
Et je ne m’appuie pas sur l’air, indolent…

Ma vue envahie, d’un rayon fixe, ne fait pas le tri
Embarrassée qu’elle est, rodant sur un plafond gris.

Ou le lieu fermé d’une cabine en verre, que je fixe,
Aux reflets violets, de futurs rayons X,

Et pour que l’esprit divague, je me vois dans cette boîte
Fixé, et sanglé ( et puis les mains moites)

Des caches des néons, je compte des ailettes, .
C’est ainsi que je m’entête, à faire des devinettes

A épier les bruits et petits heurts, juste derrière ma tête
Ce qu’on lime, ce qu’on use, à petits coups de roulette.

Alors que je maintiens ma bouche offerte,
A l’éclairage blanc  – grande ouverte,

Toujours plus allongé  qu’assis
Je suis , aux prédateurs, à leur merci…

Victime désignée pour rituels barbares
Mes pensées  s’égarent  en cauchemars

Alors que se  profile soudain , la silhouette, du spécialiste
Et ses outils, et la blouse verte,– de chirurgien  dentiste.

 

Dessin: Claude Serre de « Humour noir, hommes en blanc » ( Odontologie )

 

 

RC   11 juin 2012