Marcel et Robert sont en vacances – ( RC )

S’habiller en marcel,
pour faire circuler l’air
au creux des aisselles…
voila qui devrait plaire
à tous les âges
( les adeptes du bronzage
se retrouvent sur la plage ,
comme les roberts )…
car les seins nus
ne sont plus tenus:
la poitrine prisonnière
reconnaît la température saisonnière…
Il faudra se faire
à cette tenue légère…
Nous serons les pieds dans le sable
qui tient lieu de sol
sous le soleil ardent
( un plus serait le parasol,
mais le plus petit coup de vent
le rend instable )
—–Vue sur les étendues de peau rôtie
que l’on admire ici
avec toutes nuances d’ocre et de rose
dûes aux longues poses,
générant ici , ma prose…
Les deux prénoms font des envieux
niant ceux qui mal y pensent…
question maillot
on ôte le haut
pour profiter au mieux,
car Marcel et Robert
sont en vacances
ou bien au vert
( ce qui revient au même…
c’est pourquoi je leur dédie ce poème
dans ces endroits bénis des dieux).

RC
Jean-Claude Pinson – En été je préfère me tenir loin des plages
En été je préfère me tenir loin des plages
pourtant si proches pour un peu
j’entendrais leur rumeur
un mélange de vent clair
de cris de vagues au ralenti
je reste dans la chambre
où j’ai fait mon bureau
guettant dans le temps suspendu
la venue incertaine de la fameuse inspiration
en réalité fabriquée avec des livres pillés
des papiers raturés
des allées et venues à la fenêtre
à rêver devant la vacuité des jardins ouvriers
au mois d’août délaissés
je note des petits riens
espérant par la suite
les faire monter en neige
pouvoir les baptiser poèmes
à condition que s’y retrouve
comme un jus concentré
de la vie
et pourquoi pas un goût de plage
sans la plage cocktail de glace,
d’ambre solaire de baisers
sous les pins, ou
quelque chose d’avoisinant .
–
extrait de« J’habite ici » de Jean-Claude Pinson
Marina Tsvetaieva – mon autographe dans la figure
texte extrait des « écrits de Vanves »
—
Partis nulle part, ni toi ni moi
Perdues pour nous toutes les plages.
Propriétaires d’un sou, été brûlant,
Pas dans nos prix les océans,
De la misère – goût toujours sec,
Tourne la croûte sèche dans la bouche,
Plat – bord de l’eau, mangé l’été !
Espace de pauvres, poches retournées.
Anthropophages de Paris
Replets, joufflus, panse luisante
Vous tous, mangeurs de poésie,
Ripailles de graisse, un franc l’entrée
Et pour la bouche, lotions-poèmes,
Refrains, sonates et versets,
Voûtes célestes, fronts étoiles.
Eau de toilette – le chant aux lèvres.
Mangé l’été, Paris ! Plages sèches !
Pour vous – soyez maudits
Pour vous la honte ! Recevez
Mon autographe dans la figure :
De mes cinq sens – cinq doigts signant,
Meilleurs souvenirs, bons sentiments.
(Paris- La Favière 1932-1935.)
Miguel Veyrat – Cartes et épaves

ancienne carte maritime région de Hyères
Cartes et épaves
Et si vous dessinez une carte de votre propre
corps, sentez comment elle s’intègre
avec l’univers de votre mot. Et aussi
les îles s’obtiendront
seulement par des fleuves de sang
qui ont inondé les forêts, les prairies
et les cieux. La proue toujours
dans l’inconnu que vous dirigez
sans avoir besoin de sextant
ou autres instruments.
Mais aucun retour, le capitaine.
Les statues ne seront jamais
de sitôt de retour vers la scène
ou les plages, dans la mesure où
progresse, étrangement éclairé,
le mot sur le corps
à la lumière de la raison ,qui n’est pas détruite.
Mais qui sait? Presque personne maintenant
ne sait ensuite
relier les épaves ensemble.
Mapas y pecios
Y si trazas el mapa de tu propio
cuerpo, sentirás cómo coincide
con el universo de tu palabra. Y también
que a las ínsulas se llega
solamente por los ríos de la sangre
que anega las selvas, las praderas
y los cielos. Proa siempre
hacia lo incierto que tú configuras
sin precisar de sextante ni instrumentos.
Pero no hay regreso, capitán. Atrás
quedan las estatuas que nunca
o pronto volverán a la arena
por las playas -en la medida
que progrese, extrañamente encendida,
la palabra sobre el cuerpo
en la luz de la razón que no naufraga.
Mas ¿quién podrá saberlo? Casi nadie ahora
junta pecios para después leerlos
–