voir l'art autrement – en relation avec les textes

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Journal d’un voyage, quand je tourne les pages – ( RC )


photo Virginie Gautier

Journal d’un voyage,
des deux pieds dans le sable – ,
( mais le soleil n’est pas le même

quand je tourne la page ):
je ne suis plus capable
d’en faire un poème,

parce que je ne suis plus là
pour te raconter le vent tiède
précédant l’orage :

deux mois ont passé déjà …
….Non, ce n’est pas de Suède
que je rapporte les images…

imagine plutôt la jungle proche:
elle s’accroche sur la moindre roche
et la photo n’en montre rien ;

pas un coquillage,
pas de varan pour témoin
dont je guetterais l’approche:

C’est par hasard, que j’ai trouvé égaré
un morceau de corail, et un tout petit bénitier,
au fond de ma poche !

voir « suite malaise » de Susanne


Gilles Vigneault – j’ai mis dans ma poche une vieille maison


Quand j’ai chaussé les bottes
Qui devaient m’amener à la ville j’ai mis dans ma poche
Une vieille maison
Où j’avais fait entrer
Une jeune fille
Il y avait déjà ma mère dans la cuisine
En train de servir le saumon
Quatre pieds carrés de soleil
Sur le plancher lavé
Mon père était à travailler
Ma sœur à cueillir des framboises
Et le voisin d’en face et celui d’en arrière
Qui parlaient de beau temps
Sur la clôture à quatre lisses
Et de l’air propre autour de tout cela
Aussitôt arrivé en ville j’ai sorti ma maison de ma poche
Et c’était un harmonica .


Abbas Kiarostami – j’ai la poésie


2d-1013_o.jpg

dessin: Barbara Hepworth

quand je n’ai rien dans la poche
j’ai la poésie
quand je n’ai rien dans le frigo
j’ai la poésie
quand je n’ai rien dans le cœur
je n’ai rien

 

 

Extrait du recueil 7 heures moins 7


Estelle Fenzy – Eldorado Lampedusa


 

 

 

 

 

Dans une

Poche cousue

Une photo des lettres

Délavées

Voix visages
Abrasés

De ce qui fut amour


Quelle est la faute

Si grande que

Les bras les cœurs
Les frontières

Se ferment


Des fleurs volées , et des heures envolées – ( RC )


 

plongée  eaux  roses   nénufars  - collage  herbier

 

 

 

 

image   » collage perso  »

Des fleurs volées,
Et des heures envolées,
Au parcours des chemins,
Tiennent au creux de la main,

Comme ces mots notés,
Sur un coin de papier,
Car nullement ils n’encombrent
Dans la poche … restés à l’ombre.

Ils sont soudain sortis
Du creux de l’oubli,
Pour re-surgir ainsi,
Au soleil de midi.

Ce sont des fleurs séchées,
Une esquisse à peine ébauchée,
Des mots malhabiles,
Et des vers fragiles,

Tout ce qu’il faut pour cadencer,
La lumière de la pensée
Pour autant qu’ils essaiment …
… Je vais les assembler en poème .

RC- mars 2014

 

 

 

écrit inspiré  d’une  création d’Ulysse   »  Le fond de ma poche »


Hélène Lanscotte – portraits sauvages ( extrait )


 

création Fr Robert

 

 

 

 

Mes doigts jouent avec une petite pierre. Je lui dis que, quand j’en trouverai une qui lui ressemble, je la glisserai dans ma poche. Son rire fait plusieurs fois le tour d’elle-même avant qu’elle ne parvienne à dire qu’elle n’est pas une pierre, qu’elle ne veut pas que je la prenne dans mes mains, ni être dans mes poches. Et moi qui en ai toujours, des rêches et des coupantes qui entaillent la peau en laissant des cicatrices, je lui dis que je saurai laquelle elle sera ; peut-être même que je les réunirai toutes dans une poche tandis qu’elle sera seule dans l’autre. Mais si jamais elle me fait du mal, je la lancerai droit vers le ciel.
Elle me répond que je vais devenir tout tordu et qu’un jour ma poche percera.
Cela m’est bien égal d’être tordu à cause d’elle ; si c’est ça penser très fort à quelqu’un, être plus lourd d’une épaule et plus léger du cœur
.

Extrait de « Portraits sauvages »

 


Cribas – (J.I 72)


installation- objet: Rebecca Horn

Cribas, encore, avec un de ses publications anciennes..  et toujours une  utilisation des mots, très particulière et attachante…

 

voir  son site

Tout ce qu’on a dit de bruyant

Même le silence retrouvé

Ne nous le pardonnera pas tant

Que nos combats seront ébruités

Se battre contre qui

Se débattre pourquoi ?

Quelle farce cette vie

Qui trace des petites croix

Dépressions au dessous

De l’art ceinturé

Les petites fleurs d’été

N’ont pas vu le jour

Il entend un cri qui vient de tout en bas. Il saute le pont. Il fait le mauvais pas. L’air vole une dernière fois, sans faire le bruit du mur.

La vie ne sait pas le bruit. Le silence est une poche d’existence.

Tout ce qu’on a rit en fuyant

Pour abrutir le clown

Lui sur sa balustrade d’argent

Trois fois rien dans les fouilles

Se combattre pour qui

S’abattre pourquoi ?

Quelle force cet ennui

Qui passe pour qui sait quoi

Des torsions de fou

Vomies des remparts

L’embolie des dessous

Les réveils sans hasard

 

Il prétend être déjà mort dix fois. De maux de tête et de mauvaise foi. Les poètes en colère et leurs pas de travers, bruyants.

Le mauvais poète sourit, et d’un coup de baguette magique fait retentir sa pauvre cloche.

Ça lui fait mal au nœud dans sa tête.

C’est l’heure du baptême

Avec du feu dans l’air

Un souffle sur ses batailles

Chuinté par ceux qui l’aiment

Dépressions au dessus

Des ceintures noires d’aubépines

L’homme s’élève à l’insu

Des coups bas de la rime

Il descend les étages

De sa tour quatre à quatre

Souriant sa victoire

Aux lucarnes des nuages

Installation-volume: Rebecca Horn "Simone de Beauvoir"

Il s’entend revivre pour une fois, le poète, juste avant de mourir comme une dernière phase. Le temps poisse et la caravane de tête se prélasse. On ne les reconnaît pas, même s’ils sont las ils se lassent en cachette, les poètes au rez de chaussée avec les clowns !

Cribas 08.10.2007