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Hamid Skif – Mon escale, ma solitude –


Abdallah Benanteur – Montjoie –
Mon escale, ma solitude 
Tes yeux miroir de la mer
Je suis seul sur la rive
Vingt mille ans pour parcourir
L’âge de ta joie
Et les cheveux déjà blancs
Pour n’avoir pu oublier
Les premières gorgées de ton corps.

Lueurs sur la jetée humide
Le port renifle les étrangers
Mal vêtus
Chaque seconde tremble
Dans mon cœur
Ici les feuilles clapotent contre les quais
Ta voix navigue dans les veines solaires

Mon escale, ma solitude
Mon refus de voir le monde
Dans l’opacité des hublots

J’habite les sentiers du cosmos
Quelque part
Dans un port pour terriens refusés

Je pourrais déménager tous les jours
Et revenir tout le temps aux premiers
Souffles qui t’habitent

Nulle part qu’ici je t’attends
Depuis l’âge de la roche 

Nulle part qu’ici je t’attends
Depuis l’âge de la roche 
En comptant les jours premiers
De ta joie
Mon escale, ma solitude.

Quand la nuit se brise
Anthologie
Poésie Algérienne
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Hamid Skif – Me voici –


Mohammed Khadda – Brise sur l’estuaire

.

.

Me voici étrange et revenu

aux sources du cuivre et des versets

je m’habille de ronces, d’éclairs, d’une froide lumière

jaillie de l’épée

.

Les mots ceints m’assurent la fragile mesure de mes propos

la chamelle blanche s’abreuve à l’ombre oblique

du palmier

me guide sur l’énigme voluptueuse de sa marche

.

Je cherche

la colline d’ocre et d’or

l’œil du faucon

un reste de tison

le lit du vent

les voix de l’homme déserté

.

Aux portes du ciel je frappe

et le bâton se rompt pour ne pas entendre

le bruit qu’il fait

.

À Tipaza c’est l’heure des oliviers

leurs feuilles chantent les psaumes et

drapent les sépultures ouvertes

je marche vêtu de souffles volés aux tombes

de fragments d’étoiles

perdues

de pétales trouvés sur les murailles du temps

je chante des cantilènes suaves de liberté

je suis les traces des chevaliers de sable

le hennissement de leurs montures

l’odeur de leur sang figé

Toute halte est ma demeure

.

Je cherche l’encrier des siècles

la rose noire du sel

un cri de feu

une larme de pierre

laver ta présence de ses plaies.

.

.

Poèmes d’El Asnam et d’autres lieux. ENAL, Alger. 1986.

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