Atteindre les berges sans éprouver de vertige – ( RC )

photo Roberto Ruberti « jeunesse » – Birmanie 2018
une passerelle sur les eaux,
quelques troncs mal équarris,
noirs par-dessus la rivière en furie
petits graphismes sur une portée,
quelques notes sans artifice
sur une partition beige,
appel du précipice
pas de bémol pour les dièses…
qui va pouvoir l’interpréter
sans qu’on le dirige
pour atteindre les berges
ni éprouver de vertige ?
sur une partition photographique de Roberto Ruberti « jeunesse » – Birmanie 2018
Rythme, lignes, thème et variations – ( RC )
peinture H Matisse
Une pulsation persiste,
malgré soi.
C’est un motif répétitif,
comme celle de ces frises
Sur le fronton des temples grecs,
mais qui s’offre quelques détours .
Le battement d’un coeur
Que l’on oublie,
Une basse continue
sur laquelle la trame
de la symphonie concertante
prend tout son appui.
Un rythme régulier,
qui se fond dans l’arrière-plan,
– métronome contrebasse,
soutenant la cantate,
dont on devinera le centre
en tendant mieux l’oreille.
Un ange parcourt les firmaments,
on peut suivre son échappée,
( pas le froissement des ailes ) ,
qui pourtant décrit
l’envolée de ses courbes,
Elles s’appuient sur le ciel .
Ainsi les arabesques
dessinées dans la couleur,
ou les spirales enroulées,
jouent chacune de leur accord,
avec l’évidence d’une danse
dans les tableaux de Matisse.
Le temps est une aire indéfinie,
qui s’étend sur la toile :
points et surfaces
relient les lignes entre elles….
Thème, fugue et variations,
Mélodie et contrepoint.
Vois comme le coeur
est, lui-aussi, une musique !
Son battement
est celui d’un tempo,
transformé en courant,
en cascades:
Le flux d’un ruisseau,
inscrit ,
en lettres invisibles,
sur chaque page,
de la partition , son rythme
se combine aux autres:
Une grande portée,
la mesure de la vie :
Une passacaille où le sang
donne le sens:
Celui qui permet de mieux respirer
la couleur des choses.
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RC- juin 2015
Perspectives basculées ( RC )
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En posant un pied devant l’autre,
Si c’est suivre le fil,
Comme celui de la conversation,
Déplacer une syllabe
Soulever la semelle,
Autre jambe en équilibre…
De la portée de musique,
S’échappent les soupirs
Et s’envolent dièses et bémols
La partition se dilue
Croches et blanches, se perdent
Aspirées par le fond.
Je suis arrivé au bord,
La ligne changeante du stable,
Où le reflet des nuages
Est sous mes pieds
La limite indécise
Où l’espace bascule
Et ouvre des perspectives
Basculées qu’accompagne
La fuite des vents.
Posant un pied dans l’inconnu,
Sur la surface toute proche,
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RC – 5 décembre 2012

photo Marie, de photosNature 2012, avec son aimable autorisation
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« Tout un monde lointain » est le nom d‘une pièce musicale de Henri Dutilleux
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