La matière vidée d’elle-même ( RC )
……… Je vois à travers les murs , des maisons cimentées, Il y a trois fois rien, et les matériaux flottent bizarrement dans une atmosphère de coton, chaque chose a pris une texture autre, et décide de sa position.
Les poutres se croisent et envisagent un dialogue inédit, les vantaux des fenêtres battent sur l’air, où se mélangent les végétaux et la pierre.
Il vient une joyeuse suite de framboisiers, qui surgit d’un ancien papier peint, pour s’enrouler sur les tuyauteries, amoureusement.
L’escabeau aux anciennes coulées de peinture, servant de perchoir à des lézards multicolores, attendant on ne sait quoi, ….peut-être des insectes errant sur les lourds fauteuils du salon pris par des racines, et ne dévalant pas un angle, que l’on peut qualifier de faux plat, défiant l’horizon bleuté des montagnes, là-bas.
Si loin, si proches.
La matière s’est vidée d’elle-même, de sa masse et de sa chair,
Et retournant nostalgique, vers l’abstraction, sur l’hypothèse incertaine, où lutter contre la pesanteur ne serait plus nécessaire,…. comme un jeu dont les règles s’inverseraient, à la fantaisie des heures.
Et la vie de même,qu’une rivière fantasque, prenant un autre cours, changeant son tracé, au gré du relief et des époques.
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RC – 16 juin 2013
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Permis de démolir ( RC )
Permis de démolir
En tranches d’intérieurs
L’intimité s’offre au dehors
Au soleil, à la pluie, comme décor
C’étaient des logements, des demeures
Des chambres à coucher offertes
Superposées d’étages,
Aux souvenirs de sommeil, et d’images
De la façade ouverte
Pendent des papiers peints
Que la lumière, va, déteints
Et s’en détachent bientôt, des lambeaux
Aux murs encore accrochés, les lavabos
Et au dessus l’inévitable miroir –tablette
Fantômes de vie, toilettes
S’incruste en zigzag, le fossile de l’escalier
La rampe encore fixée, entre chaque palier
Et puis au sol, parmi les gravats
Les plafonds défoncés, les poutres affaissées
S’affichent les traces d’une vie délaissée
Un chien trottine, au milieu des papiers gras
Des ballons, et jouets d’enfants abandonnés
Et de vieux objets rouillés
Offerts au vent , et à l’herbe mouillée
… En attendant, le nouveau parking goudronné !
RC 15 avril 2012
Ernest Bloch -Le regard de nos masques
samedi 26 novembre 2011, Monique éditait ce bel article que je reprends à mon compte, et associé au « Perfect day » de Lou Reed ( désolé, Monique, tes images de bois ne « passent pas », avec Overblog… je vais donc tricher un peu… )
peinture; aquarelle perso, sur un masque féminin, ethnie Dan ( Côte d’Ivoire)
Le regard de nos masques
» Les Noirs ont gardé jusqu’à aujourd’hui des dieux de vie sculptés en respectant le bois, ils firent ainsi passer la sève dans des manches d’outils, des armes, les poutres des maisons, les trônes, les idoles. Leur volonté de magie, leur désir de se métamorphoser, de pénétrer dans les sphères supérieures de la création produisent avant tout le masque qui élève surnaturellement au rang d’animal ancêtre de la tribu, de totem et de tabou organiquement abstraits ; notre visage futur s’y annonce, mais le Christ n’éclaire pas encore ; il n’y a que le rougeoyant démon de la vie, mais celui-ci règne de manière inconditionnelle dans ses naissances oniriques, dans ces sombres systèmes plastiques de la fécondité et de la puissance » . Ernst Bloch
Il m’est essentiel que le regard de l’autre tente de pénétrer jusqu’à mon âme.
et que je lui rende ce regard!
Tout existe le temps d’un regard. Regard sur une fleur éphèmère,regard sur le fond d’un tiroir, oublié – retrouvé.
Regard pour une pierre d’un cimetière oublié, regard sur un silex soulevé d’une terre anté préhistorique.
Regard sur un enfant , force de vie. Regard toujours plus loin. Le regard abolit la distance.
Il plonge dans l’essence des choses ..antédiluvien.
- peinture; aquarelle perso, sur un masque féminin, ethnie Dan ( Côte d’Ivoire)