Un lumineux avril – (Susanne Derève)-

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Ce dont je m’émerveille, en ce lumineux Avril ,
c’est de m’émerveiller encore,
des papillons juvéniles du feuillage
et de la profusion des tulipes, une traîne vivace
dans l’herbe du jardin, brodée de rouges et d’ors
par une main ancienne.
Main inconnue, qui agenças habilement les formes
et les couleurs de ce jardin champêtre,
nous voici liées, à travers les années,
par l’éphémère miracle du printemps.
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Poème champêtre – Susanne Derève –

Porte qui grince,
les gonds rouillés et le bois mort,
le bois vert du printemps,
cet onguent de la solitude.
La nature n’aime rien moins
que les âmes esseulées.
Au fil des ans dans la prairie,
les fleurs rendues à la nature essaiment
en légers troupeaux de corolles,
en cavalcade agreste dans l’herbe
du jardin – primevères, violettes
et les clairons d’or des jonquilles –
Telle opulence, est-ce fausse innocence ?
Bonheur, l’instant où nous pénètre à ce point la beauté
qu’elle nous possède tout entier ?
Sous-bois de l’éphémère, veille jalouse, en robe pâle
les jacinthes, que trahit leur parfum, dressent
sur leur hampe fragile une pure fleur étoilée.
Ce monde nous oblige, dans son intime perfection,
à lui rendre des comptes, de ce que nous avons trahi
de lui et de nous-mêmes.
Anniversaire – (Susanne Derève)

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à ma fille ,
*
Grand galop de printemps,
la course des jonquilles s’épuise
dans la prairie.
Les jaunes passent,
et les rouges entrent en scène,
fragile passacaille qu’entament les tulipes
au vent d’Avril,
le pur ovale de leur globe m’évoque
ton visage,
Fleur de 25 années ce matin.
*
Ilarie Voronca – rien n’obscurcira la beauté du monde

Rien n’obscurcira la beauté de ce monde
Les pleurs peuvent inonder toute la vision. La souffrance
Peut enfoncer ses griffes dans ma gorge. Le regret,
L’amertume, peuvent élever leurs murailles de cendre,
La lâcheté, la haine, peuvent étendre leur nuit,
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Nulle défaite ne m’a été épargnée. J’ai connu
Le goût amer de la séparation. Et l’oubli de l’ami
Et les veilles auprès du mourant. Et le retour
Vide du cimetière. Et le terrible regard de l’épouse
Abandonnée. Et l’âme enténébrée de l’étranger,
Mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Ah ! On voulait me mettre à l’épreuve, détourner
Mes yeux d’ici-bas. On se demandait : « Résistera-t-il ? »
Ce qui m’était cher m’était arraché. Et des voiles
Sombres, recouvraient les jardins à mon approche
La femme aimée tournait de loin sa face aveugle
Mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Je savais qu’en dessous il y avait des contours tendres,
La charrue dans le champ comme un soleil levant,
Félicité, rivière glacée, qui au printemps
S’éveille et les voix chantent dans le marbre
En haut des promontoires flotte le pavillon du vent
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Allons ! Il faut tenir bon. Car on veut nous tromper,
Si l’on se donne au désarroi on est perdu.
Chaque tristesse est là pour couvrir un miracle.
Un rideau que l’on baisse sur le jour éclatant,
Rappelle-toi les douces rencontres, les serments,
Car rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Il faudra jeter bas le masque de la douleur,
Et annoncer le temps de l’homme, la bonté,
Et les contrées du rire et de la quiétude.
Joyeux, nous .marcherons vers la dernière épreuve
Le front dans la clarté, libation de l’espoir.
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
photo Renaud Camus
Ne cherche pas à m’appeler, je suis déjà ailleurs… – ( RC )

photo R Koudelka
Dans les courbes de la nuit se cachent les pensées
les plus secrètes, là où je ne peux avoir accès,
car les lendemains ne connaissent pas de parole :
celles ci ne sont pas nées et le discours reste bouche bée,
n’émettant que des sons muets.
Si j’écris le chant, chacun y lit sa propre histoire,
les raisons de croire, et les chemins où ils s’égarent,
alors que déjà les lumières s’éteignent sur les jours passés,
brûlées par le sel, ensevelies sous les marches d’un temps,
où l’on n’espère plus de printemps .
Ne cherche pas à m’appeler, je suis déjà ailleurs.
RC – dec 2022
le vieux manteau, au square du jardin de ville – ( RC )

Je suis resté immobile
avec mon vieux manteau
couvert de feuilles mortes
au square du jardin de ville :
je suis venu chaque jour d’hiver,
j’attendais ta chanson:
le froid fut sévère,
mais n’eut pas raison de ma passion….
Ce ne fut qu’au printemps
que le gel libérant les sèves,
fit que toi, ma fontaine,
retrouvas tes eaux…
Ta sculpture au regard fier,
tes jupes de pierre
retrouvant leur souplesse
alors j’ai quitté mon banc
et laissé mon manteau,
qui, de détresse,
partait en lambeaux…
La chance de l’avoir rencontré – ( RC )

On ne dérange pas
l’éclosion des fleurs.
Elles éclatent en silence
et se jouent des vieux bois
gémissant sous le vent.
On ne dérange pas
les lèvres du jour
Tu sais que la couleur
joue avec l’éphémère,
lutte contre le vent.
Tu ne couperas les les fleurs
dans leur élan
Elles ont moins de temps à vivre,
mais se répandent par milliers
à travers les champs.
On ne dérange pas
le printemps qui triomphe de l’hiver
Sa vulnérabilité n’est qu’apparence ;
tu as déjà beaucoup de chance
de l’avoir rencontré !
Cathy Garcia – printemps païen – végétal

Graines de désir,
Germées à l’ombre,
Au cœur du cœur.
Noyaux de vie,
Toute concentrée
Appelée à croître.
Pousses victorieuses
Et jaillissantes
Dans un premier
Éblouissement!
Feuilles enfants
Déployées,
La tendresse
Du fin duvet.
Rencontre avec l’eau,
Plaisir de la croissance,
Élévation.
Tige vivante,
Souple et caressante,
Tendue, dressée,
Portant ses fruits,
Sa fleur
En bouton secret.
Sortilège de la lumière
Conjuguée au vent
Et à l’amour!
Mystère éclos…
La fraîche merveille
D’un rouge délicat.
Robes de soie et de velours
Aux teintes les plus pures,
Parfums étranges et lourds.
Une corolle épanouie,
Un sexe frémissant,
Totalement offert!
Plénitude éphémère,
Le printemps
Pour lune de miel !
Wang Wei – vague de saules
en rangées distinctes
se succèdent les arbres
magnifiques
leurs ombres inversées
traversent
les ondes cristallines
pas comme dans les canaux du Palais impérial
où le vent du printemps
attriste toutes les séparations

Wang Wei est un poète chinois du 8è siècle
Charles Reznikoff – Te deum

Ce ne sont des victoires
que je chante,
je n’en ai pas,
mais le soleil qui brille pour tous,
la brise,
les largesses du printemps.
Non la victoire,
mais le travail quotidien accompli
du mieux que je pouvais :
non un siège sur l’estrade,
mais à la table commune.
Mario Benedetti – seul comme ce porte-manteau

Moi aussi seul comme ce porte-manteau,
comme sont les tables, comme est la planche à repasser.
Murs et rambardes, le fauteuil, la cheminée.
Brûle le feu incendiant le jardin tout entier,
tout le pré, les bois, tous les printemps.
Tersa morte, (extraits)
Milan, Mondadori, 2010
Elégie – (Susanne Derève)

Arbre dressé vers le ciel élégie de bourgeons tremblants dans la lumière du soir Chez nous tout arrive tard la promesse de vie est si longue à venir qu'on la croirait perdue à la dérive dans les glacis de l'hiver comme ces longs nuages à la remorque des oiseaux de passage Soubresauts L'hiver chez nous est si long à mourir grêle pluie vent pâles brouillards de givre et de lune froissée Mais un arbre dressé vers le ciel élégie de bourgeons tremblants d'un vert si tendre un arbre annonce le printemps
Plume – (Susanne Derève) –

Gratte, gratte le papier plume bavarde tandis que je griffe la terre froide pour y enfouir la promesse de vie. Sève, qui cheminera vers le soleil tandis que tes mots candélabres s’abimeront dans l’encre noire du poème.
Appelle-moi encore – (Susanne Derève) –

Contre un tas de bois mort, brise indolente, abri silencieux, voix. Voix qui m’appelle a fait fuir le lézard et la mésange. N’épelle pas mon nom usé. La terre porte un mirage d’eaux neuves, de printemps. Des chevaux captifs renversent le fil acéré des enclos. Les drailles à l’horizon cheminent vers le ciel, et franchi le ciel vers l’échine argentée du vent, le pelage ras des Causses hérissé de lavandes, l’étrangeté des pierres dressées. Déjà, le soir s’enferre au creux des combes, l’ombre violette des futaies se déploie et s’allonge, tout ce que le jour portait de douceur et de fièvre bascule puis se fige dans le premier battement d’aile de la nuit. Appelle-moi encore, et je te rejoindrai.
Pier Paolo Pasolini – Sans manteau , dans l’odeur de jasmin –

Sans manteau, dans l’odeur de jasmin je me perds dans ma promenade vespérale, respirant — avide et prostré, jusqu’à ne plus exister, à être fièvre dans l’air, la pluie qui germe et le ciel bleu qui plombe aride sur les chaussées, signaux, chantiers, troupeaux de gratte-ciel, amas de déblais et d’usines, pénétrés d’obscurité et de misère... Je marche sur une sordide boue durcie, et je rase des taudis récents et délabrés, à la lisière de chauds terrains herbeux... Souvent l’expérience répand autour d’elle plus de gaieté, plus de vie, que l’innocence; mais ce vent muet remonte de la région ensoleillée de l’innocence…L’odeur précoce et fragile de printemps qu’il répand, dissout toute défense dans ce coeur que j’ai racheté par la seule clarté : je reconnais d’anciens désirs, délires, tendresses éperdues, dans ce monde agité de feuilles. *
Poésie
1943-1970
nrf Gallimard
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Robert DESNOS – Printemps –

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Tu, Rrose Sélavy, hors de ces bornes erres
Dans un printemps en proie aux sueurs de l’amour,
Aux parfums de la rose éclose aux murs des tours,
à la fermentation des eaux et de la terre.
Sanglant, la rose au flanc, le danseur, corps de pierre
Paraît sur le théâtre au milieu des labours.
Un peuple de muets d’aveugles et de sourds applaudira
sa danse et sa mort printanière.
C’est dit. Mais la parole inscrite dans la suie
S’efface au gré des vents sous les doigts de la pluie
Pourtant nous l’entendons et lui obéissons.
Au lavoir où l’eau coule un nuage simule
À la fois le savon, la tempête et recule l’instant
où le soleil fleurira les buissons.
6.4.44 19,
rue Mazarine
Paris VI
Desnos Oeuvres
Quarto Gallimard
Julien Bosc – écrire avant de se taire
écrire
avant se taire
rallumer son feu dès l’aube peler l’orange
raccommoder sa langue et sa peau
compter les gouttes de pluies glissées sous le rameau nu du pommier
laisser venir
offrir un toit au vent et
si du dedans le papillon frappe au carreau de la fenêtre ou de la porte
lui parler peu sans surtout forcer la voix
le prendre dans le creux d’une main
entrebâiller la fenêtre ou la porte et ouvrir après la main
ainsi
des ocelles rouge et jaune à ras des crêtes et
dans de la nuit bleue
l’éventualité d’un poème
à vingt jours du printemps
offrir un nouvel air à la terre du jardin en
ratissant les feuilles mortes puis
allumer un feu de petits bois et vieux genêts
les y jeter et voir partir en fumée
(penser qu’on pourrait se pendre
allez savoir pourquoi à ce moment-là)
compter les premières jonquilles tel un enfant les pièces au fond de sa poche
et avec huit être riche comme Crésus
rentrer tandis que les pâquerettes hâtives se replient pour la nuit
allumer sa lampe comme d’autres mettent à la voile
faire le vide et
tenter d’en tirer quelques bribes — gagnées sur la mélancolie
——————
Robert Vigneau – l’asperge

Dans le printemps en prière,
L’asperge prend son élan.
Dieu du Ciel, Dieu fait lumière
Qui brille au dessus des champs
Et dessous, autre prodige :
L’asperge dans son terreau
Sort ses griffes, ses rémiges,
Sort des instances d’oiseau,
Des espérances de plumes
Frisant au bec du turion.
La colombe du légume,
Notre asperge en dévotion !
Dans le sable elle voltige,
Tirée verticalement
Vers le ciel, vers ce vertige :
La lumière du printemps.
Fuis l’asperge en couleur d’ange
Sort des envols souterrains.
La clarté lui tend la main.
Alors qui se fait phalange?
Qui choisit Dieu pour arôme?
Qui se glisse dans la paume
Lumineuse du divin ?
Notre asperge du jardin.
Frisson d’Avril – (Susanne Derève)

Photo – montage RC
J’ai confondu le printemps et l’hiver
Il neige si fort ce matin
une bourre de soie légère
J’y vois frissonner Avril
Sur la promenade pleurent les saules
et leurs cotillons graciles
moussent doucement à nos pieds
nos chevelures en sont poudrées
Neige douce que porte le vent
mollement gorgé de pollens
un duveteux tapis de graines
festonné d’écume blonde
comme une averse féconde
qu’un souffle disperserait
inspiré d’un poème de René Chabrière : http://welovewords.com/documents/une-neige-qui-nen-est-pas
Magnolias – (Susanne Derève)

John Lafarge – Magnolia
Arbres grêlés de l’hiver qui griffez l’horizon
de vos bras nus
Les magnolias fleurissent déjà
étoiles roses étoiles claires
et les mouettes décrivent de grandes arabesques blanches
au-dessus des toits épousant le vent d’une aile légère
Qui voudrait croire que c’est aujourd’hui
le printemps ?
Les rues déroulent leur ruban de silence jusqu’à la mer
et la mer elle-même est silence
Les fenêtres sont closes la ville muette
les parcs les jardins déserts
scilles, jonquilles, violettes
furtivement écloses
et leur parfum vivace
enfoui dans le lit des sous-bois
Tu tentes bien d’en ranimer l’émoi
mais son souvenir te trahit
il s’évanouit et se dérobe
comme un voile trop fin
une image tremblée qui file entre les doigts
Alors, tu restes assis vainement à rêver
de chemins creux
du vert acide des futaies
Tu voudrais éprouver encore le fourmillement
de la marche, l’élan que tu imprimais à ton pas,
le chant des cailloux sous tes pieds
tu te souviens et tu voudrais et tu oublies :
tu ne peux pas.
Je me souviens du vent dans mes feuilles – ( RC )
Je reprends quelques paroles,
d’une chanson engloutie
par des années d’oubli,
mais moi je me souviens
du vent dans mes feuilles,
car l’arbre que je suis
a davantage de mémoire
que celle des hommes:
celles arrachées par l’automne .
même si elles sont ocrées,
recroquevillées, desséchées
puis tombées en poussière
me rappellent les hiers.
Mais il n’y a pas de deuil
puisque malgré l’hiver
le gel sévère
est encore teinté d’éphémère;
les feuilles, je les renouvelle,
de manière providentielle
car tu sais que mon bois
toujours verdoie
aux futurs printemps
et reste vigilant
pour ne pas laisser périr
les souvenirs.
- RC – août 2019
Danielle Legros Georges – Pleasant street , printemps

Jean Messagier – L’amour chez les noisettes
Avec le printemps sur mon dos, autour de mon cou,
avec l’horloge tournée vers l’avant, s’ouvrant
doucement, sur un paysage de ciel voilé,
Dans l’envol du crépuscule, cornouiller, fleur
Tanguant dangereusement, l’éclat de chair
D’ une jambe marchant sur le trottoir,
Dans la fougère, la roche verte, l’herbe, l’arbre, un mot de plus
Et je nage dans un jardin. Et maintenant :
Vert-de-gris. Le voilà. Que dire, que dire
Sinon donne-moi le monde. Merveille aussi. Pousse-moi
A écrire un vers, pousse-moi à m’aligner avec ce qu’il y a
Autour de moi, hors de cette page. Abandonne l’espace
Entre ci et là. Là.
Poèmes choisis
rumeurs Novembre 2018
Ed La rumeur libre
Gartempe – Susanne Derève

Photo RC
Printemps, me disais-tu,
des lits de fleurs jetés sur l’eau
comme les voiles blancs d’une aube
adolescente
Je répondais école buissonnière, iris,
– pas ceux de Van Gogh –
les iris jaunes des rives basses de la Gartempe
jardins épanouis, fleurs de fruitiers,
ramées légères sous le vent frais
Que disais-tu sinon que le printemps était là
ses fleurs dressées aux angles des fenêtres,
égayant le pavé des cours, cernant le vide
à l’aplomb des vieux murs, églantiers,
valérianes, coquelicots d’un jour
Printemps voyais-tu ce que je ne voyais pas
Jetais-tu sous mes pas comme un semis d’étoiles
Etaient-ce simplement les cailloux du chemin
Ou sous les lunes d’eau un reflet cristallin
l’éclat du ciel entre les pierres
pans de ciel mêlés entremêlés de murs brisés
fendus d’étroites meurtrières
Tu me disais printemps
et mon rêve brassait le temps
comme les pales du moulin
C’était le battement régulier de la roue
l’orbe de l’eau le lit d’argent de la rivière
et ses berges un écrin déclinant la palette
des verts me disais-tu
comme on les peint
Pégase – (Susanne Derève)

Gorgone aux yeux de pierre je regardais s’enfuir le temps exsangue Pégase, auréolé des nuits de gel qui déployais tes ailes blanches en bordure des chemins grêlés de vent sur les rameaux légers du jour naissant enrubannés de sève Les nuages tendaient au ciel des bannières d’argent Les neiges de printemps sous ton sabot délié fondaient en sources claires Pégase qui piétinais l’hiver et terrassais la gangue bleue de mes chimères
Claude Pélieu – Printemps rouge et noir

Mark Rothko
J’aime le silence de la forêt
et les paysages inachevés
(Il paraît que nous sommes assurés
de notre défaite et de notre désintégration)
nos peurs barbouillées du sang de la nuit
ruptures brisures transmissions
sur le mur d’écrans les fournaises du monde
tout devient visible et les fleurs du silence
incendient nos yeux de rumeurs
merles rouge-gorge mésanges sont revenus
l’herbe du printemps imite le vol des mouettes
flammes bleues à travers les branches des érables
c’est la fin de l’hiver et par temps de pluie
les couleurs pleurent sans mémoire
Indigo Express
Paris – le livre à venir- 1986
James Sacré -Toit dans l’ombre (ou lampe) et le temps

Kandinsky – The blue rider
Un grand cheval emporte un pays , le village
( C’est au printemps , un arbre a grimpé son branchage
Au ciel ) ; espace : ah , oui les merveilleux nuages !
Mais rien , que le vent , rien , le bleu du paysage .
Où bondir ? je ramasse un trèfle , des fourrages ;
Ras de terre écorché , escargots , tussilages ,
Un cheval maigre y traîne un précaire attelage .
Où le printemps , les foins ? Où paraît quel visage ?
Un arbre fait quel signe où rougit le village ?
Je le regarde au loin , printemps fleuri , feuillages ,
Taupinière et chardons le soleil , cheval sage …
Et rien , que le vent rien , l’érosion d’un village .