Robert Vigneau – l’asperge

Dans le printemps en prière,
L’asperge prend son élan.
Dieu du Ciel, Dieu fait lumière
Qui brille au dessus des champs
Et dessous, autre prodige :
L’asperge dans son terreau
Sort ses griffes, ses rémiges,
Sort des instances d’oiseau,
Des espérances de plumes
Frisant au bec du turion.
La colombe du légume,
Notre asperge en dévotion !
Dans le sable elle voltige,
Tirée verticalement
Vers le ciel, vers ce vertige :
La lumière du printemps.
Fuis l’asperge en couleur d’ange
Sort des envols souterrains.
La clarté lui tend la main.
Alors qui se fait phalange?
Qui choisit Dieu pour arôme?
Qui se glisse dans la paume
Lumineuse du divin ?
Notre asperge du jardin.
Frisson d’Avril – (Susanne Derève)

Photo – montage RC
J’ai confondu le printemps et l’hiver
Il neige si fort ce matin
une bourre de soie légère
J’y vois frissonner Avril
Sur la promenade pleurent les saules
et leurs cotillons graciles
moussent doucement à nos pieds
nos chevelures en sont poudrées
Neige douce que porte le vent
mollement gorgé de pollens
un duveteux tapis de graines
festonné d’écume blonde
comme une averse féconde
qu’un souffle disperserait
inspiré d’un poème de René Chabrière : http://welovewords.com/documents/une-neige-qui-nen-est-pas
Magnolias – (Susanne Derève)

John Lafarge – Magnolia
Arbres grêlés de l’hiver qui griffez l’horizon
de vos bras nus
Les magnolias fleurissent déjà
étoiles roses étoiles claires
et les mouettes décrivent de grandes arabesques blanches
au-dessus des toits épousant le vent d’une aile légère
Qui voudrait croire que c’est aujourd’hui
le printemps ?
Les rues déroulent leur ruban de silence jusqu’à la mer
et la mer elle-même est silence
Les fenêtres sont closes la ville muette
les parcs les jardins déserts
scilles, jonquilles, violettes
furtivement écloses
et leur parfum vivace
enfoui dans le lit des sous-bois
Tu tentes bien d’en ranimer l’émoi
mais son souvenir te trahit
il s’évanouit et se dérobe
comme un voile trop fin
une image tremblée qui file entre les doigts
Alors, tu restes assis vainement à rêver
de chemins creux
du vert acide des futaies
Tu voudrais éprouver encore le fourmillement
de la marche, l’élan que tu imprimais à ton pas,
le chant des cailloux sous tes pieds
tu te souviens et tu voudrais et tu oublies …
Tu ne peux pas.
Je me souviens du vent dans mes feuilles – ( RC )
Je reprends quelques paroles,
d’une chanson engloutie
par des années d’oubli,
mais moi je me souviens
du vent dans mes feuilles,
car l’arbre que je suis
a davantage de mémoire
que celle des hommes,
car celles arrachées par l’automne .
même si elles se sont ocrées,
recroquevillées, desséchées
puis tombées en poussière
me rappellent les hiers.
Mais il n’y a pas de deuil
puisque malgré l’hiver
le gel sévère
est encore teinté d’éphémère;
les feuilles, je les renouvelle,
de manière providentielle
car tu sais que mon bois
toujours verdoie
aux futurs printemps
et reste vigilant
pour ne pas laisser périr
les souvenirs.
- RC – août 2019
Danielle Legros Georges – Pleasant street , printemps

Jean Messagier – L’amour chez les noisettes
Avec le printemps sur mon dos, autour de mon cou,
avec l’horloge tournée vers l’avant, s’ouvrant
doucement, sur un paysage de ciel voilé,
Dans l’envol du crépuscule, cornouiller, fleur
Tanguant dangereusement, l’éclat de chair
D’ une jambe marchant sur le trottoir,
Dans la fougère, la roche verte, l’herbe, l’arbre, un mot de plus
Et je nage dans un jardin. Et maintenant :
Vert-de-gris. Le voilà. Que dire, que dire
Sinon donne-moi le monde. Merveille aussi. Pousse-moi
A écrire un vers, pousse-moi à m’aligner avec ce qu’il y a
Autour de moi, hors de cette page. Abandonne l’espace
Entre ci et là. Là.
Poèmes choisis
rumeurs Novembre 2018
Ed La rumeur libre
Gartempe – Susanne Derève

Photo RC
Printemps, me disais-tu,
des lits de fleurs jetés sur l’eau
comme les voiles blancs d’une aube
adolescente
Je répondais école buissonnière, iris,
– pas ceux de Van Gogh –
les iris jaunes des rives basses de la Gartempe
jardins épanouis, fleurs de fruitiers,
ramées légères sous le vent frais
Que disais-tu sinon que le printemps était là
ses fleurs dressées aux angles des fenêtres,
égayant le pavé des cours, cernant le vide
à l’aplomb des vieux murs, églantiers,
valérianes, coquelicots d’un jour
Printemps voyais-tu ce que je ne voyais pas
Jetais-tu sous mes pas comme un semis d’étoiles
Etaient-ce simplement les cailloux du chemin
Ou sous les lunes d’eau un reflet cristallin
l’éclat du ciel entre les pierres
pans de ciel mêlés entremêlés de murs brisés
fendus d’étroites meurtrières
Tu me disais printemps
et mon rêve brassait le temps
comme les pales du moulin
C’était le battement régulier de la roue
l’orbe de l’eau le lit d’argent de la rivière
et ses berges un écrin déclinant la palette
des verts me disais-tu
comme on les peint
Pégase – (Susanne Derève)

Albert Pinkham Ryder – Pégasus
Gorgone aux yeux de pierre
je regardais s’enfuir le temps exsangue
Pégase, auréolé des nuits de gel
qui déployais tes ailes blanches
en bordure des chemins grêlés de vent
sur les rameaux légers du jour naissant
enrubannés de sève
Les nuages tendaient au ciel des bannières
d’argent
Les neiges de printemps sous ton sabot délié
fondaient en sources claires
Pégase
qui piétinais l’hiver et terrassais
la gangue bleue de mes chimères
Claude Pélieu – Printemps rouge et noir

Mark Rothko
J’aime le silence de la forêt
et les paysages inachevés
(Il paraît que nous sommes assurés
de notre défaite et de notre désintégration)
nos peurs barbouillées du sang de la nuit
ruptures brisures transmissions
sur le mur d’écrans les fournaises du monde
tout devient visible et les fleurs du silence
incendient nos yeux de rumeurs
merles rouge-gorge mésanges sont revenus
l’herbe du printemps imite le vol des mouettes
flammes bleues à travers les branches des érables
c’est la fin de l’hiver et par temps de pluie
les couleurs pleurent sans mémoire
Indigo Express
Paris – le livre à venir- 1986
James Sacré -Toit dans l’ombre (ou lampe) et le temps

Kandinsky – The blue rider
Un grand cheval emporte un pays , le village
( C’est au printemps , un arbre a grimpé son branchage
Au ciel ) ; espace : ah , oui les merveilleux nuages !
Mais rien , que le vent , rien , le bleu du paysage .
Où bondir ? je ramasse un trèfle , des fourrages ;
Ras de terre écorché , escargots , tussilages ,
Un cheval maigre y traîne un précaire attelage .
Où le printemps , les foins ? Où paraît quel visage ?
Un arbre fait quel signe où rougit le village ?
Je le regarde au loin , printemps fleuri , feuillages ,
Taupinière et chardons le soleil , cheval sage …
Et rien , que le vent rien , l’érosion d’un village .
Toit dans l’ombre (ou lampe) et le temps p 34
(à des poèmes d’Yves Bonnefoy)
ANCRITS – Imprimeur Thierry Bouchard (Losne)
1982
Alda Merini – née le vingt-et-un au printemps
peinture D Rossetti – détail – Proserpine
Je suis née le vingt-et-un au printemps
mais je ne savais pas que naître folle,
ouvrir les mottes
pouvait déchaîner la tempête.
Ainsi Proserpine légère
voit pleuvoir sur les herbes,
sur les gros épis gentils
et pleure toujours le soir.
C’est peut-être sa prière.
(de Vuoto d’amore, Il volume del canto)
Shakespeare – chaque saison
la neige nouvelle Edward Munch 1906
A Noël, je n’ai plus envie de rose
que je ne voudrais de neige
au printemps .
J’aime chaque saison pour ce qu’elle m’apporte .
Toi qui vins de bien loin – ( RC )
Toi qui vins de bien loin,
le vent derrière ton dos,
et les gestes d’écume,
as-tu marché sur l’eau,
les pas aussitôt effacés par les vagues
ou es-tu née d’une conque,
comme la Vénus de Sandro,
célébrant la venue du printemps ?
Enveloppée de ciel,
les nuées en robe vaporeuse
en as-tu repoussé les limites,
replié les courbes de l’espace ,
fait de la mer ton berceau ?
Toi qui vient de si loin
et qu’on n’attendait plus…
–
RC – juill 2018
Fleur recluse – ( RC )
photo perso – Chanac
C’est comme un coeur
qui garde sa couleur
encore quelque temps :
il parle doucement
de ses quelques printemps
vécus bien avant .
– C’est une fleur à l’abri de l’air,
qui, par quelque mystère
jamais ne fane,
mais ses teintes diaphanes
à defaut de mourir,
finissent toujours par pâlir .
Détachée de la terre ,
elle est prisonnière
d’une gangue en plastique,
un procédé bien pratique
pour que la fleur
donne l’illusion de fraîcheur .
– C’est comme un coeur
qui cache sa douleur ,
et sa mémoire,
dans un bocal de laboratoire,
( une sorte de symbole
conservé dans le formol ) .
Une fleur de souvenir ,
l’évocation d’un soupir :
celui de la dépouille
devant laquelle on s’agenouille :
les larmes que l’on a versées,
au milieu des pots renversés .
C’est comme s’il était interdit
à la fleur, d’être flétrie :
elle, immobilisée ,
figée, muséifiée,
( églantine sans épines,
au milieu de la résine ) .
A son tour de vieillir :
elle va lentement dépérir :
le plastique fendille, craque
ou devient opaque :
les vieux pétales
cachés derrière un voile
entament leur retrait :
d’un pâle reflet
où les couleurs se diffusent :
la rose recluse
se ferait virtuelle :
– elle en contredit l’éternel –
–
RC – nov 2017
Maria Gheorghe – Regard d’hiver
il neige
il neige comme dans les contes de fées
tends tes mains et accueille les rêves des étoiles
sirote-les du creux de tes paumes où le miracle
se fond en source de renaissance au printemps .
Béatrice Douvre – Gravitation
croix de chemin en Gévaudan ( Besseyre )
Sous le grand âge du printemps
L’eau sourd en gouttes de regret
Des bouquets sonores exultent
Poudroyant
Mais la demeure saigne
Et sa fissure
Nous avions construit ici notre logis
Sur un escarpement de pierres heureuses
La campagne est mouillée de sevrage
La voix nuptiale empruntée aux pierres
Heure boisée qu’excède l’amour
Tu innocentes ta trouvaille d’enfant
Tu gis sur le chemin trempé
Et de pluie tu défailles
Maintenant brillent d’obscures larmes
Tu acceptes la peur immaculée de vivre
L’aube étincelle dans l’herbe des vigueurs
Souffle mûr mêlé du sang des hommes
Tu marchais réinventant le pas du sol comme une soif
Dans le vent neuf Je te regarde tu courais
Geste habité du vœu de naître
Auprès des croix
Qui font parfois les pierres profondes
Moment cendré de l’étendue
Chancelant
Et notre pauvreté nous vient d’un même exil
Dans le temps
Grandir a dissipé le seul voyage
Entre l’arbre et le seuil
Entre nos mains
Désormais c’est l’herbe qui nous dure
Sa cécité très douce à nos pas retranchés
Le temps est une île, le temple est sur l’île – ( RC )
Le temps est un île
dérivant sur le lac .
Jamais elle ne heurte les bords .
Grenouilles et serpents
fréquentent eaux et roches
sous le regard étonné de l’enfant solitaire,
recueilli par un moine.
Le temple est sur l’île .
La barque est le lien nécessaire
qui le rattache au monde .
On y pénètre par une porte fictive .
Derrière laquelle se jouent passion et cruauté ,
échappée trompeuse sur la liberté,
une pierre attachée aux pieds .
Les choses se répètent
de générations en générations ;
les fantômes glissent
lentement dans un rideau de brume.
Ou bien apparaissent dans un trou d’eau
quand le gel pétrifie la surface
et les branches dégarnies des arbres .
Les saisons se succèdent,
comme il se doit.
Les rides se creusent sur les visages.
Le printemps revient :
c’est un rite immuable
inscrit dans les choses,
et dans la pierre que l’on porte, encore .
–
RC – juin 2017
( en rapport avec le film printemps été automne hiver … et printemps ) de Kim Ki-duk )
Marie-Madeleine Machet – la fête du monde
peinture : P Bruegel le jeune
Tous les printemps aujourd’hui sont éclos
Mille ans d’espoir entr’ouvrent leurs paupières
Mille ans pour le bonheur de sèves éclatées
à la fontaine où s’épuise l’hiver,
Le jour ondoie et lustre
les vivants nouveau-nés.
La fête est commencée.
Le monde-roi danse avec la lumière
s’enivre de soleil.
Les fleurs animent leurs couleurs
les vents soufflent sur la terre
les nourritures du ciel.
Hâte-toi, c’est ton tour
pour le bonheur qui passe.
La fête est commencée pour toujours
mais toi, c’est ton instant,le seul.
Marie-Madeleine MACHET « Les Fêtes du monde »(éd. Seghers)
Gaspar Jaén i Urban – A l’amour actuel
photo perso … tirage argentique 1988
A l’amour actuel
De Del temps present /Du livre Du temps présent (Edicions Bromera, Alzira)
à J.V.P.
Je voudrais tant que tu sois tous ceux
Pour qui j’ai écrit une fois un poème,
Avoir vu avec toi des villes du Nord de l’Italie,
Des hivers, des automnes de l’Europe centrale,
Et lors des nuits rougies au feu, d’aube et de jasmin,
Avoir traversé avec toi d’anciennes routes
De palmes près de la mer,
D’oranges et de cyprès sur les lèvres.
Je voudrais tant que ce présent que tu es,
Plaisant et aimable aujourd’hui,
Vienne de très loin,
De ces années sans toi qui nous laissaient sur la peau
Des nuits d’écume et des étoiles,
Un perpétuel désir qui ne cessait jamais,
Une première jeunesse qui n’était pas consciente
D’être elle-même.
Mais je sais combien est inutile le désir qui m’habite
Dans cette nuit de pluie et de printemps
Qui fuira comme les autres.
D’autres amours étaient là, avant toi,
Et ont occupé la place que nous occupons maintenant,
Ainsi que nos pensées, nos bras,
Et notre bref présent.
Nous le savons sans le dire.
Nous n’avons besoin ni de faits ni de témoins.
–
Com voldria que fosses tots aquells
pels qui alguna vegada he escrit algun poema,
haver mirat amb tu ciutats del nord d’Itàlia,
hiverns, tardors a l’Europa central,
i, en nits de foc roent, d’albada i gessamí,
haver creuat amb tu antigues carreteres
amb palmes vora mar,
taronges i xiprers a frec de llavis.
Com voldria que el present que tu ets,
plaent i amable ara,
vingués de molt lluny,
d’uns altres anys sens tu que a la pell ens deixaven
nits d’escuma i estels,
un perpetu desig que no finia mai,
una joventut primera que no era conscient
de ser ella mateixa.
Mes sé com és d’inútil el desig que m’habita
en una nit de pluja i primavera
que haurà de passar com totes.
Altres amors t’han precedit
i han ocupat el lloc que ocupem ara nosaltres,
els nostres pensaments, els nostres braços,
el nostre breu present.
Ho sabem sense dir-ho.
No cal tenir dades ni testimonis.
Quelques indices de notre cécité – ( RC )
–
C’est être debout sur le sol,
Regarder l’herbe ployer sous le vent,
Ecouter le bruit froissé
Des feuilles du marronnier,
Fatiguées de l’été,
Et dont la rouille
Sous les pas, roule….
Ainsi, le cours des choses,
Lié aux saisons …
Mais s’arrêtent-elles,
Là où se porte le regard ?
Le chant de la sève est silencieux,
Qu’elle se recroqueville dans le froid,
Ou au printemps, éclate de joie…
Sous le sol tout existe autrement.
Les rongeurs creusent leur univers,
Les graines attendent le bon moment
Pour bondir à l’air libre,
Et des racines traîtresses
Etendent leur complot de trame,
Comme si elles avaient le pouvoir
D’étendre leurs yeux ,
Au plus obscur de l’espace,
Perçant la densité de terre,
Jusque sous nos pieds,
– Et nous n’en savons rien – ,
Comme si une vie souterraine,
Se poursuivait à l’abri de l’air,
Une lutte infinitésimale,
Conjugaison de bactéries,
Radicelles, et alchimie de bois :
Quelques indices de notre cécité.
–
RC août 2015
Lucie Delarue-Mardrus – Par ma fenêtre ouverte
–
Par ma fenêtre ouverte où la clarté s’attarde,
Dans la douceur du soir printanier, je regarde…
Chaque arbre, chaque toit qui s’élance dans l’air,
Tel le roc qui finit où commence la mer,
Marque la fin d’un monde au bord d’un autre monde.
Ici la terre et là le vide où, toute ronde,
Cette terre, toupie en marche dans l’éther,
Sans sa pauvre ceinture d’air
Ne serait à son tour qu’une lune inféconde.
Je contemple ce toit et cet arbre, montés
Vers l’insondable énigme et ses immensités.
En bas, la rue est calme et le printemps tranquille.
Rien ne trouble la paix de la petite ville.
On entend au lointain un merle. Il fait très beau.
C’est tout.
— Pourquoi mes yeux regardent-ils si haut ?
L D-M
—
( beaucoup des créations de l’auteure peuvent être lus sur le site qui lui est consacré)
Mireille Fargier-Caruso – Aller vers l’immense
–
Aller vers l’immense
Dès le lever du jour
Un impératif
Une urgence
Ces gestes qui les lient
Au delà de l’absence
Qui fondent l’essentiel
Pas à pas
Et puis l’odeur
Depuis toujours
Plus forte
L’odeur de terre de fruit de fleur
Couvrant celle des villes
L’odeur des paysages
Chaque printemps
Dans sa mémoire
Par-delà la poussière
La légèreté
A découvrir à colporter
L’indiscipline
–
After the gold rush ( RC )

photo jrs de son site
Au survol du printemps
Finalement, l’aile ouverte,
S’appuyant sur l’atmosphère,
Endolorie,
Ira se fondre
Et saigner dans d’été,
Une halte et un autre virage
peut être conduit au repos
Une ville abandonnée
Aux insignes blanchis ,
Le bois torturé
Au soleil ardent,
Les voitures,aux modèles lourds,
Fantômes rouillés,
immobilisés,
Dans les herbes hautes,
Elles vont à la reconquête
des prairies vides.
Peut-être pour l’oiseau migrateur,
L’occasion de se poser,
Quand le vent agite
Et secoue de vieilles tôles,
De vieilles enseignes,
– grincements –
Et ce qu’il reste de rues,
Poussiéreuses,
Menant plus loin à l’Ouest.
Suivre ainsi ,très loin,
Les routes rectilignes,
sous la course des nuages.
L’or du Far-West,
A filé entre les doigts,
De migrants de tout ordre,
Repartis d’ici, comme ils sont venus,
Incongrus
Poursuivant une richesse improbable,
Toujours ailleurs.
________________________
Flyover spring
Finally, the wing open
Relying on the atmosphere,
sore,
Will go blend
And bleed into summer
A stop and another turn
may be conducted for a relaxing break
An abandoned city
To the bleached insignias
The tortured wood
Under burning sun,
Cars, heavy models
Rusty ghosts
immobilized
In the tall grasses,
They go to the reconquest
Of empty grasslands.
Perhaps for migratory birds,
The opportunity to arise,
When the wind moves
And shakes oldmetal sheets ,
Old signs,
– Grinding –
And what remains of streets,
Dusty,
Leading further to the west.
Follow thus them far,
The straight roads
Under the course of the clouds.
The gold of the Far West
Passing between the fingers,
Of all kinds of migrants,
Left from here, as they came,
Incongruous
Continuing with an unlikely wealth
Elsewhere ,Always .
–
RC – 3 septembre 2013
–
Deux femmes en chapeau et leur enfant – (RC )

peinture: Claude Monet, les coquelicots d’Argenteuil – 1873, Musée d’Orsay Paris
–
– Deux femmes en chapeau et leur enfant,
Dans une peinture de Monet
D’une musique légère et virevoltante,
Chasse aux papillons, parmi les hautes herbes,
Une fenêtre ouverte sur le beau temps,
Mais rétrécie par le cadre lourd,
Des dorures inutiles,
–
Il fait chaud dans ce musée,
Les gens se pressent, dans l’exposition,
Les pas résonnent, sur le parquet verni,
Et sous la verrière, on voit des nuages gris,
Qui parlent de la ville,
Des immeubles qui se pressent,
Et des rues revêches, et des passants en imperméables.
–
La fenêtre de l’insouciance,
Ouvre sur la campagne.
Elle est riante, et tourne le dos,
Aux nouvelles des journaux,
A l’ère industrielle, qui s’étend,
Aux fumées des usines,
Envahissant bientôt l’horizon.
–
La campagne est riante,
C’est bien sûr le printemps,
Elle sonne , comme nostalgie,
D’un paradis perdu,
Oubliant les songes noirs,
Les anges qui blasphèment,
Et les grondements des avions.
–
Deux femmes en chapeau et leur enfant,
Dans une pente douce….
Il y a une musique légère, en robes longues
Des pianistes aux jambes fines et doigts d’araignées,
… C’est juste avant la ville,
( Enfin, quand je sors du musée,
Pour reprendre le métro ).
–
RC – 7 septembre 2013
–
Derrière les masques riants d’aujourd’hui ( RC )

peinture: Henri Rousseau ( le douanier): la guerre
Lorsque l’effervescence s’empare des esprits,
Que la lumière bondit d’arbre en arbre,
Si, encore, la vie crie à perdre haleine,
Comment oublier, il y a quelques jours encore,
Les fureurs, et les bruits destructeurs,
Les tronçons d’arbre et les murs,
Marqués par la guerre et les incendies ?
Chacun peut chercher en soi sa voix,
Et aussi essayer de saisir un univers
Qui échappe à sa propre logique,
Mais l’élan qui revient, le retour du printemps,
Canalisé de murs de béton,et de ruisseaux d’acier,
Porte encore en lui, une noirceur d’à-venir
Derrière les masques riants d’aujourd’hui.
–
RC – 12 juin 2013
–
– en relation avec le texte de Claudio Pozzani; » Cherche en toi la voix que tu n’entends pas »
–
Les couleurs endormies sous les laines – ( RC )

Sculpture-jouet: Roland Roure – équilibriste – photo perso retravaillée
–
Le funambuliste pose doucement ses mains sur le ciel.
Il quitte la corde pour accrocher un rayon de soleil
Et réchauffer, hors des habits gris
Les couleurs endormies sous les laines.
Une petite dame à la coiffure d’or,
S’empare des morceaux solaires.
On peut dire qu’elle se les approprie
Pour poser ses mains sur ma poitrine.
Elle a recourbé le ciel autour de moi,
Et fait de l’espoir un printemps,
En ôtant les laides laines d’hiver,
Suspendue aux nuages, nouvelle équilibriste.
–
RC – 17 mars 2013
–
Ara Babaian – des visages apparaissent dans la nuit comme une prière
–
poésie arménienne: Ara Babaian: dont j’ai légèrement modifié la traduction pour mieux l’adapter – selon moi – au sens
Cliquer pour écouter le clip audio de visages apparaissent dans la nuit comme une prière lue par Lola Koundakjian.
La nuit des visages viennent