Marie-Andrée Balbastre – l’oeil ovale ( haïku )
photo perso – puits « romain » vers Champerboux ( Lozère ) septembre 2016
infiniment profond
le ciel
dans l’oeil ovale du lac
Sylvie Durbec – Notes pour mon père
Une pluie parfumée à mes pieds:
le vent est dans l’acacia.
Un vol de voix au-dessus de moi:
je cherche des yeux les anges.
Un vent riche, profond
palpite dans l’arbre long,
puis aventure des formes
en jouant avec le ciel.
C’est l’odeur d’un boulevard
de papier buvard
où marche joyeux le nom
de mon père mort.
J’ai un seul mort
dans la mémoire.
Il me donne de la joie
et envie de marcher, vite.
Ce mort, jamais
ne m’a enterrée
sous le poids
de la terre.
Mon père, c’est vrai
sur l’eau courait
en me tenant par la main
pris dans sa distraction.
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( retranscrit du site « la petite librairie des champs » )
Antonio Gamoneda – Il existait tes mains
Il existait tes mains.
Un jour le monde devint silencieux ;
les arbres, là-haut, étaient profonds et majestueux,
et nous sentions sous notre peau
le mouvement de la terre.
Tes mains furent douces dans les miennes
et j’ai senti en même temps la gravité et la lumière,
et que tu vivais dans mon cœur.
Tout était vérité sous les arbres,
tout était vérité. Je comprenais
toutes choses comme on comprend
un fruit avec la bouche, une lumière avec les yeux
Exentos, I, in Edad
Poésie espagnole 1945-1990, Actes sud, page 181
Antonio Gamoneda
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