Il n’y a plus dans l’onde …. – ( RC )
Tu es partie , mon amour
Portée par le courant
Dérivant lentement ,
Jusqu’à l’extinction du jour.
Je ne voyais plus dans l’onde
L’empreinte de ton corps,
Mais juste les nuages, brodés d’or ,
En reflets, glissant sur l’eau profonde.
Serais-tu une nouvelle Ophélie … ?
De la vase monteraient des bulles,
Jusque vers le crépuscule ,
Aux rivages lointains de l’oubli…
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RC – oct 2015
You’re gone, my love
Carried by the current
Slowly drifting,
Until the extinction of the day.
I could not see in the wave
Any mark of your body,
But just the clouds, embroidered with gold,
In reflections, gliding on the deep water.
Would you be a new Ophelia?
From the mud would rise bubbles,
Amount towards dusk,
The distant shores of oblivion …
Malika Farah – Papillon

papillon azuritis
Deux extraits de l’ensemble de textes intitulé « papillon », de Malika Farah, visible dans le recueil « dans tous les sens » ed La Passe Du Vent Parution : 17/05/2001
Hissez là-haut ! Encore plus de recul !
Portées au-delà de l’ennui, sérénité et lucidité s’élèvent.
Dans ce lieu rêvé, l’âme est en sursis.
Rêve, papillon, de lumière d’étoiles.
Papillonne au-delà de la simple jungle terrienne et menaçante !
Rien autour du débordement de la vie,
Que le va et vient du vent
Portant un air de désir inassouvi,
Vole, papillon, les ailes déchirées.
Survole l’horreur,
Survit ! le mal s’enlise seul.
Sous la lumière divine, l’envol est possible.
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Arbre de l’humanité, l’esprit en chacune de tes feuilles.
Quand le corps se décompose en une poussière d’ange.
Plane au-dessus des branches d’oxygène,
Pour nous pauvres mortels.
L’automne arrive au gré du vent, on vole et se régénère
En des âmes profondes !
Malika FARAH
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Jean Genet – Giacometti
«Il n’est pas à la beauté d’autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible,
que tout homme garde en soi, qu’il préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde
pour une solitude temporaire mais profonde. »
(Jean Genet, L’atelier d’Alberto Giacometti)
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voir aussi mon récent post à propos du grand sculpteur…
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poème bantou – feu – ( trad Leopold Sédar Senghor )

peinture perso: maternelle age 5 ans ( j’ai probablement été fortement aidé… toujours est-il que j’ai toujours cette peinture, d’un format 50×65 cm)
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Feu
« Feu que les hommes regardent dans la nuit, dans la nuit profonde,
Feu qui brûles et ne chauffes pas, qui brilles et ne brûles pas.
Feu qui voles sans corps, sans coeur, qui ne connais case ni foyer,
Feu transparent des palmes, un homme sans peur t’invoque.
Feu des sorciers, ton père est où ? Ta mère est où ? Qui t’a nourri ?
Tu es ton père, tu es ta mère, tu passes et ne laisses traces.
Le bois sec ne t’engendre, tu n’as pas les cendres pour filles, tu meurs et ne meurs pas.
L’ âme errante se transforme en toi, et nul ne le sait.
Feu des sorciers, Esprit des eaux inférieures, Esprit des airs supérieurs,
Fulgore qui brilles, luciole qui illumines le marais,
Oiseau sans ailes, matière sans corps,
Esprit de la Force du Feu,
Ecoute ma voix : un homme sans peur t’invoque »
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Poème Bantou
(traduit par Léopold Sedar Senghor)
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Prélude à la nuit ( RC )
Des verticales rares, fichées au sol,
suivent les partitions lentes,
celles des portées électriques,
Celles des portées électives,
Je me souviens, comme elles dansaient
Lorsque le regard restait sur l’horizontale
Et que défilait le paysage du point de vue ferroviaire
Au « Cloc-loc », régulier, des interstices des rails.
Je vois maintenant le plateau
Caressé par la lumière du soir
Qui déborde des stries des plantations
Et prend vie des ondulations douces,
Presque un soupir, au sens musical
Quand la terre reprend son souffle
Après une journée torride, juste apaisée
Par un léger mouvement des airs.
Il y a l’ombre portée des arbres
Sur le sol, qui s’allonge démesurément.
Il y a encore, plus loin l’étendue qui varie
Et qui d’une autre lumière aussi, se marie
Et qui fait suite, avec ,on s’en doute,
Des transitions brusques, celles, qu’on ne voit pas
Qu’on ne vit pas avec nos yeux,
Car buvant une ombre déja profonde.
Puis, les messagers ailés, tirent des traits
En s’appuyant sur l’air, ne craignent pas la chute
Et encore viennent, virevoltent et volutent
Franchissant d’élans plus faciles
Espaces et distances que de plus audacieux ouvrages
Appuyés sur le sol, l’épaule des rochers,
Quelque part, au souvenir des courbes et des contours,
En progression obstinée, dans la paume d’ocre,
Le pays, sans doute s’arrondit plus loin
Au vécu tragique, d’un ciel antique
Lorsque le disque solaire
Masqué de temps en temps par les collines
Qui dansent aussi, à notre trajectoire
Finit par quitter la scène
Et que les oiseaux fuient
Au prélude à la nuit .
RC – 8 aout 2012