Carnets de dessins de Provence – ( RC )

A chausser les sandales de l’enfance,
te rappelles-tu des champs de Provence ?
Tu n’avais pas à ouvrir ton herbier,
le vent poussait ses vagues dans le blé,
comme dans la farandole
de la voix du mistral
soufflant par rafales
sur le plateau de Valensole.
Tu l’as parcouru à pied,
en sortant ton carnet à dessins.
De jeunes lavandes
déroulaient leurs points
avec de curieuses perspectives,
où le feuillage argenté
des oliviers, voisine celui, plus léger
de la promesse des amandes.
Contre les montagnes lointaines,
je me souviens de la teinte rousse
tirant sur le brun de Sienne,
opposée aux vertes pousses
des rangées de vignes
étagées sur les pentes ,
offertes à la cuisson du soleil.
Tu en parcours les lignes,
un soleil de miel
sous tes sandales de silence.
Les ceps crient
dans l’impatience
d’une lumière de braise
aux senteurs de la garrigue.
Bousculés dans les croquis
d’encre et de fusain,
sont-ils l’essence
de la morsure du midi
que rien n’apaise ,
calmés seulement
par la douceur de lait des figues…?
La Provence se penche pour un baiser profond (RC )
–
Il est des calanques, comme une personne que vous aimez,
En la conduisant vers la mer, juste pour y tomber dans son lit,
En allant vers le mirage sauvage de l’eau,
La Provence se penche pour un baiser profond,
Sertie de roches blanches, coupantes
– Comme menaçant la terre, en la poussant
Dans les flots sertis de diamants mobiles,
Avec ses pins qui résistent, avec leurs manches vertes,
Leurs racines puisant le ciel d’un soleil,
Et la pente fourbue des rochers
– S’éparpille en îles,
Battues par le vent sauvage de l’azur.
–
RC – 12 avril 2013
–
Jean Pérol – Soleil cigales..

photo: cigale de mer Scyllarus arctus
Soleil cigales..
Soleil cigales
le lézard du souvenir bondit
et c’est furtif entre tes ombres
le passé perdu des provences pauvres
tu écrivais sous le figuier
sur la table usée de rotin bancal
dans la campagne abandonnée
et l’importance de parler
dans le bleu hébété tentait de t’emporter
à brides lâchées à encrier ouvert
où une mouche
finissait toujours par tomber
et noire sur noir vibrionnait
comme confus tes jeunes mots
dans l’ouverture d’un monde plein
mais maintenant que la table
et le jardin sont un peu mieux
mais maintenant que tu peux
en lui en toi ailleurs
presque tout lire à livre ouvert
seule t’affronte amère et sûre
jour après jour en son contraire
et jusqu’au noir plus noir que l’encre
l’autre importance de se taire.
Se taire.
Jean Pérol. ( dans Autre Sud n° 28)
–
Deux soeurs provençales (RC)

architecture: abbaye de Silvacane, : le dortoir
Au coeur de la Provence
Ce sont ces lieux de prière
Caressés par la lumière
Qui pesamment, s’élancent
Du fond des vallées, matins
A l’arc des voûtes romanes
De l’abbaye de Silvacane
Aux senteurs de lavande et de thym
Monte le chant des pierres
Des sanctuaires anciens
Des édifices cisterciens
Comme s’élancerait le lierre
Portés, par le croire en Dieu
La plénitude , ou le manque
La sérénité, à Sénanque
Ajoute à la beauté les lieux.
–
RC 26 avril 2012

architecture: style cistercien Abbaye de Silvacane (13)
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Lecture des Alpilles, en Crau ( RC)
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Je lis les Alpilles assises sur la Crau
Un parcours ouvert, qui se fait sans pirogue
Au pays peint par Van Gogh
Marquant son passage, en solitaire héros
Et à revoir, encore, et encore ses peintures
Au mistral agitant les oliviers: il perdure
Et penche au bord des routes les verticales
des platanes – sans les faire pour autant bancales
Je revois la lumière qui s’étale dans la plaine
Et vibre, jusqu’aux salins, sans perdre haleine
Les tours de Tarascon et Beaucaire
Son choc ,sur les contreforts de calcaire
Par dessus l’enclos de Fos, les géants de fer
De Moralès,, gardent leurs grands airs
Attendant, d’un envol de leur cimetière
De rejoindre la mer à l’étang de Berre
Il faut aussi que je nomme
La sentinelle du grand Rhône
Arles ,ensoleillée, et magnifique
Des compétitions photographiques
Partageant solennelle et intime
Les sculptures de Ste Trophime
Aux Picasso de Réattu, lyriques
Les allées des Alyscamps, ces antiques
–
Ce poème ailé, est un paysage .
Il n’est pas que sur la page
Mais en conscience ,l’oeil , voyageur
Semblable, mon frère ma sœur, et quel qu’en soit le lecteur
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Variation à partir de « j »aperçois le semblable » de J Jacques Dorio
Jean-Jacques Dorio – IFS ET GENÊTS EN UN SEUL CRI
IFS ET GENÊTS EN UN SEUL CRI
(mai 2010)
à Michel Cosem
Il y a des poèmes de neige
et d’autres de soleil
les soirs de demi-brume
à Londres
très peu pour nous :
Occitans des Pyrénées
et du sang que François versèrent
au temps des Albigeois
Il y a des poèmes de coeur
et d’Ifs et cris en un seul mot*
Maintenant que j’habite Provence
ifs sont frères des genêts
sur les Alpilles
où crut renaître Vincent
Ifs et genêts
en un seul cri
Paris-scies… ou d’errances jusqu’en Camargue (RC)
Paris Scies
Je dirai qu’à Florence
On sremplit la panse
Et qu’à Pise la tour
a ses petits fours
Y a pas en Toscane
Du saucisson d’âne
Mais en Italie
Toujours de grands lits
Marquise à Senlis
Et ses fleurs de lys
Les accueille en dépôt
Gravées dans sa peau
De Reims à Clovis
C’est un tour de vis
Poterie cassons
Vase de Soissons
Si tu vas en Arles
Tu sais dont je parle
Du fond d’Trinquetaille
Nous ferons ripaille
Et qu’on se déplace
Mais toujours j’enlace
Le corsage rayonne
De ma belle lionne
De lionne en Lyon
Un ptit coup d’avion
A califourchon
Dans un ptit bouchon
On s’en paie une tranche
Au bord de la Manche
C’était à St Lo
(pas de vin mais beaucoup d’eau)
Tant de pluie qu’en Bretagne
Pas besoin d’un pagne
Pour se faire masser
Dans un bain glacé
D’retour en Provence
C’est un jour de chance
J’ai vu ma Bougon
Parfumée d’savon
C’était pas rideau
La bête à deux dos
On s’est promenés
Bus et câlinés
Si l’Mistral nous nargue
C’était la Camargue
Lente et paresseuse
Mais aux heures, heureuse,
—
( et une petite réponse à Jo)