Pierre Béarn – les passantes – Anna
peinture : Paul Delvaux – le train bleu
Anna ne fut qu’odeur de gare
fuyant l’horaire et ses soucis
pour s’oublier hebdomadaire
à Paris…
Anna m’attendait sur un quai
tel un bagage du dimanche.
Je la perdis avec la pluie.
Reflet du toi à moi ( RC )
–
Il y a bien encore, une ombre furtive ,
Puis cet homme, vu à contrejour.
Au quai voisin passait alors la rame de métro :
Il ne l’a pas prise, et reste debout
devant les sièges vides
aux couleurs acides.
–
– A sa tenue, je me suis dit
-
je pourrais être lui –
Et dans le même temps,
Il a hoché la tête,
Et s’est sans doute dit
-
qu’il pourrait être moi .
–
Nous aurions pu échanger quelques mots,
Chacun sur son quai,
Les rails au milieu,
et même intervertir
ce qui se voit :
Habits , chaussures, lunettes,
Mais aussi ce que nous portons en nous,
–
La part la plus secrète
notre identité,
ne se limitant pas aux papiers.
Il aurait pu être moi,
Peut-être l’a-t-il été,
quelques instants.
mais sur chacun des quais,
La rame s’est arrêtée,
en un lent chuintement,
nous sommes rentrés dans les wagons,
Dans un même mouvement,
sans nous quitter des yeux.
–
Avant que les rames ne s’ébranlent,
chacune,
dans une direction opposée,
Et cet autre moi-même,
– Peut-être était-ce,
seulement mon reflet ?
> Il y a des chances,
…qu’il se pose la même question.
–
RC- 23 août 2013
–
Quai – douleur- Je ( RC )
–
Je, ( lui ), n’attends rien
Sur le quai d’une gare
Une valise triste
Un voyage de peut-être.
Je , un ciel obscurci
posé sur les épaules
Le manteau offert aux assauts du vent
L’intime et l’étranger
Je, en pensées
Futur en douleurs
Se projette demain
Le train qui portera, loin
Je, le petit jour
L’estomac noué
Vers un inconnu,
aux routes d’exil.
–
RC – 20 septemre 2012
–
Vesna Parun -La pluie
La pluie
Je n’entends plus la pluie.
La fenêtre nénuphar vert
dans la pénombre respire.
Les voix des garçons partent ver le quai
où blancs et noirs accostent les bateaux.
Dans les miroirs bas repose la couleur du ciel
paisible et sombre.
Les promeneurs solitaires cherchent encore l’été dans les vignobles.
Le chasseur attend dans le crépuscule.
L’imagination est dorée comme la plaine au loin.
J’ouvre la porte aux pins et à la lune.
Adossée à la fenêtre, je pressens la réponse lointaine.
Vesna Parun, La pluie maudite et autres poèmes,
Frank Venaille – Les vagues de la lagune
Les vagues de la lagune
J’avance vers davantage de lumière
Les barques désormais
Sont vides
Elles ont accosté pleines de rires et chansons
Qui ne sont pas pour moi
Qui ne sont pas pour nous
Qui avons notre propre répertoire à crêpe noir ou satin rouge
Mais c’est la vie ordinaire qui exige, comment dire ? autre chose, de moins !
de plus !
J’avance
Ce que j’entends c’est le fracas de rames
Mêlé aux cloches catholiquement triomphantes
Ô comme nous sommes civilisés !
Nous qui avons pourtant tout à apprendre des vagues et de la régularité avec la quelle
elles viennent se
heurter au quai
Il me faut maintenant passer le pont
Atteindre la ruelle où sèche le linge
Ce lieu où le linge sèche
Frank Venaille