Quine Chevalier – Au bord du feu
I
Au bord du feu, au ban des ronces
entre les plaines délétères,
corps de naissance
en rien vêtu
les hardes ouvertes de lumière,
tu jettes un corps sur tes épaules.
Lequel des deux infanticide ?
Le vent rafle les chevaux sans territoire.
Nuit sacrificielle
sur les cerceaux hantés
du grand portique :
danse.
II
Par la vraie nuit
à ses textures de silence
au bord du feu
au ban des ronces
porter un corps
et son vertige
un corps jeté
hors la nuit
sur les épaules
Quine Chevalier – ensorcelées sous le soleil
Ensorcelées sous le soleil
les ombres sont féroces
l’aube sans voix décline ses miroirs
et le vent dans tout ça
qui palabre
violente.
Ensemble nous marchons
dans nos creux
soulevant
l’herbe des secrets
que nous buvons le soir
dans la lampe qui brûle.
Quel hameau a quitté
l’enfant de nos désirs
sur quel arbre d’oubli
a-t-il planté ses rêves ?
La main n’est plus qu’un nid
l’ombre se repose
les yeux ardent la plaine
où passe le gerfaut.
Quine Chevalier – Neige conçue 3
peinture: Andrew Wyeth
Neige conçue
impudique au matin
rouge le sang des chiens livrés
sans chaîne
ni raison
Quelle bête épuisée
a pris part au festin
Tu rinces tes rêves
de nuit
dans le vif
éclat mordant de l’âpre
rigueur de chair
mais la neige de toi
en toi
Quine Chevalier – Neige conçue 4
Neige conçue
dans la trace dévoilée
l’arbre l’air l’ardent
trois prières
un feu vers lequel
tendre les mains
et l’oiseau me tire
d’un rêve
je blottis ma joue
sous le ventre des nuits
Au hasard du chemin
la prairie démêle
oublié sous la glace
le tison chantant
d’un fruit venu
Quine Chevalier – ensorcelées sous le soleil
–
Pour Annie Estèves
Ensorcelées sous le soleil
les ombres sont féroces
l’aube sans voix décline ses miroirs
et le vent dans tout ça
qui palabre
violente.
Ensemble nous marchons
dans nos creux
soulevant
l’herbe des secrets
que nous buvons le soir
dans la lampe qui brûle.
Quel hameau a quitté
l’enfant de nos désirs
sur quel arbre d’oubli
a-t-il planté ses rêves ?
La main n’est plus qu’un nid
l’ombre se repose
les yeux ardent la plaine
où passe le gerfaut.
Quine Chevalier – ensorcelées sous le soleil – II
–
Chimères dans la bouche
inscrites au livre noir
faux dragon quand le feu
n’est plus qu’une bougie.
Les visages anciens chuchotent
autour des flammes
ont perdu leur pouvoir
et maléfices vains.
L’enfant revient
ailé d’un autre feu
des rubis sur la lèvre
qu’attisent les étoiles
il jongle sur l’étang
dans les arbres si purs
se pare d’écorces
de plumage
et le vent dans tout ça
qui l’attire et l’enchante.
– II –
Quine Chevalier – Par lui
Par lui
Par lui, à travers lui
la musique se déploie
et les chœurs d’ange
frêle voix,
des flûtes
se répondent
c’est une forêt où se mêlent
appels célestes harpes et cristal
On croit ainsi toucher l’air
la moindre goutte de vent
sur les paupières à frémir
chant mortel tendu.
Agneaux et cerfs
se répondent par bruissement
et la fauvette débusquée
ouvre l’aile sur un cri.
Aux lèvres itinérantes
la source tremble.
–
voir aussi http://www.recoursaupoeme.fr/chroniques/quine-chevalier
Quine Chevalier – neige conçue 2
Neige conçue
de toute part
près du buisson
ardent que trouble
l’appel du merle
L’homme s’en revient
piétiner la neige
briser branches lourdes
Il hèle l’enfant qui patine
légère glace de l’effroi
au bord de l’étang
bâtir un regard
clair au-dessus
–