Christophe Condello – âme

Fille je suis fille
d’un homme d’une autre saison
feu je suis feu
de l’éclair et de l’univers
belle je suis belle
dans le don et le pardon
femme je suis femme
de pensées et d’évasion
flamme je suis flamme
de plaisirs et de passions
âme je suis âme
du présent et de l’horizon
âme je suis âme
âme je suis âme
mère je suis mère
de nos bases, nos fondations
fière je suis fière
de l’homme que tu peux devenir
cœur je suis cœur
du passé et de l’avenir
promesse je suis promise
sans ombre et sans trahison
forte je suis forte
de caresses et de tendresse
âme je suis âme
du présent et de l’horizon
âme je suis âme
âme je suis âme
sœur je suis sœur
de la terre et de la mer
racine je suis racine
de l’harmonie, de la vie
lumière je suis lumière
de nos clartés, nos voluptés
pleurs je suis pleurs
sur nos plaies, perles de rosée
amour je suis amour
le flux et reflux des marées
âme je suis âme
du présent et de l’horizon
âme je suis âme
âme je suis âme
femme je suis femme
debout, sans compromission
âme je suis âme
du présent et de l’horizon
âme je suis âme
du présent et de l’horizon
voir l’abondant site poétique de Christophe Condello où il met en lumière beaucoup de poètes connus ou moins connus ( en particulier celui de son pays, le Québec )
André Blatter – Je couds ma bouche

Je couds ma bouche
au plus près du silence
pour mieux t’entendre
je brise le miroir
du mourir quotidien
au fil du rien la réponse
j’habite au plus près de l’hiver
comme une racine de l’être
Nelly Sachs – le regard courbé qui cherche une racine

À l’ère transie des Andes
la princesse dans son cercueil de glace
étreinte d’amour cosmique
Clarté de résurrection
avec le destin des morts déjà décrit
regard courbé qui cherche une racine
vision nocturne –
épargnée des éléments
dans leur rage de désintégration
jusqu’à l’obscure force du père –
Henri Pourrat – Le clos au levant
Lorsque le soleil se lève,
Il se lève sur un clos :
La fraise y vient sous la fève,
Le cassis sous le bouleau.
Loin des fumées du village
Et des jardins en casiers,
Un clos qui sent le sauvage,
Plein d’ombre et de framboisiers.
J’entends le vent des collines
Qui m’apporte son odeur
De cerfeuil et de racine,
Son goût d’herbe de senteur.
Juste un toit pour notre couette
— Les nuits sont fraîches, l’été —,
Et puis, comme l’alouette,
Y vivre de liberté.
Henri POURRAT « Libertés » in « Anthologie des Poètes de la N.R.F. »
Ali Chumacero – De l’amoureuse racine
–
Avant que le vent fût mer chavirée
que la nuit eût attaché son vêtement de deuil
que les étoiles et la lune eussent établi dans le ciel
l’incandescence de leur corps.
Avant que la lumière,
ombre, montagne
eussent vu se lever les âmes de leurs cimes,
avant que quelque chose eût flotté sur l’air;
temps avant le commencement.
Quand l’espérance n’était pas encore née
et que les anges n’erraient pas dans leur fixe blancheur;
quand l’eau n’était pas même dans le savoir de dieu;
avant, avant, bien avant.
Quand il n’y avait pas encore de fleurs
sur les sentiers parce qu’il n’y avait ni sentiers ni fleurs ;
quand le ciel n’était bleu,
ni rouge la fourmi :
toi et moi nous étions déjà là.
–
Ali Chumacero dans dans Poésie du Mexique, traduite et présentée par Jean-Clarence Lambert
–
Cécile Odartchenko – Le dit renaît
Cécile Odartchenko, À l’ami Moreu
« le dit renaît »
Tu marches peu,
mais tu marches quand même dans le labyrinthe de ton jardin.
À terre, les pierres plates,
les creux et les bosses
qu’avec le temps
ont façonnés les poids des corps
se mesurant à la résistance des chemins.
Tu sais la terre,
tu sais la pierre, tu sais la craie et le gravier
et chaque racine qui prend le sable dans son bouquet
et le tient en place.
Tu connais le buis et le rosier,
les bordures, les touffes,
les feuilles douces, les feuilles lisses,
les piquants, les épines, les orties.
Tu es l’ami
de celui dont le visage plein de rides
est une campagne à lui tout seul
ou dont la main est plus rugueuse que la patte de l’éléphant
pour avoir tenu les outils de jardin depuis des millénaires,
vieux visages, vielles mains,
corps usés, rétamés,
de corne et de peau, plissés.
–
du site des éditions des vanneaux
–
–
Tahar Ben Jelloun – Quel oiseau ivre naîtra de ton absence ? — l’interrogation du soleil ( RC )
Quel oiseau ivre naîtra de ton absence
toi la main du couchant mêlée à mon rire
et la larme devenue diamant
monte sur la paupière du jour
c’est ton front que je dessine
dans le vol de la lumière
et ton regard
s’en va
sur la vague retournée
sur un soir de sable
mon corps n’est plus ce miroir qui danse
alors je me souviens
tu te rappelles
toi l’enfant née d’une gazelle
le rêve balbutiait en nous
son chant éphémère
le vent et l’automne dans une petite solitude
je te disais
laisse tes pieds nus sur la terre mouillée
une rue blanche
et un arbre
seront ma mémoire
donne tes yeux à l’horizon qui chante
ma main
suspend la chevelure de la mer
et frôle ta nuque
mais tu trembles dans le miroir de mon corps
nuage
ma voix
te porte vers le jardin d’arbres argentés
c’était un printemps ouvert sur le ciel
il m’a donné une enfant
une enfant qui pleure
une étoile scindée
et mon désir se sépare du jour
je le ramasse dans une feuille de papier
et m’en vais cacher la folie
dans un roc de solitude
–
.
Tahar BEN JELLOUN
–
Auquel j’ajoute mon « interrogation du soleil » – qui a été composée sans que je connaisse le texte ci-dessus,
En lissant, du dos de la main,
Un sable blond, – l’interrogation du soleil
Qui s’étale, en grains
Par millions, ni semblables, ni pareils
Et si ceux ci, recouvrent
L’haleine de mon corps
Qui fait racine, puis s’ouvre
En profondeur, de toutes ses pores
C’est un flux de la mémoire
En fouillant dans son ombre
A chercher dans le noir
Qu’aucune lumière n’encombre
Quand tu te penches, elle ressurgit soudain
Aux rayons de tes cheveux dénoués
Et qu’ au dessus de moi, planent tes mains
Porteuses du soleil, d’un désir avoué.
C’est ton regard, que le ciel achemine
Qui réchauffe le mien
Je n’en sais pas l’origine
Mais j’en connais les liens.
Vivre est une aventure,
On s’écarte des chemins tracés
Vers des sentiers peu sûrs
Mais où tu me fais me lancer
Et c’est encore un peu ivre
Encore en titubant
Que je vais te suivre
Emporté vers l’avant
Mes lèvres ont le goût des tiennes
J »ai laissé derrière, l’hiver des pensées
Un nouveau jour m’entraîne
………….. Et je n’ai plus de passé.
–
RC -21 octobre 2012
–
–
Marie-Claire Bancquart – comme si le matin servait toujours
–
Au début mars
les racines fendent la peau des graines
la fenêtre
libère
une mouche engourdie.
Nous recommençons
comme si nous n’avions pas été moulus jusqu’aux os
comme si le matin servait toujours
avec son fragment de ciel entre les maisons.
Nous ignorons une fois de plus l’autrefois
pour croire ces heures
à l’aventure.
de « COMME SI LE MATIN SERVAIT TOUJOURS«
NéO – Gardien et solitaire
Drenagoram, dans son écho du Krapo, » rend hommage » au monde végétal,
et en particulier aux arbres, perçus sous de multiples facettes, voir son blog, et ses réponses poétiques en commentaires
Gardiens des Hôtes en Bord de Mère ,
Ce Solitaire est Plein de Vie ,
La Paix des Âmes Reposent en Terre ,
Son Charme Opère au Cours des Nuits.
~
Après l’If tous en Chêne ,
Temps sous l’Arbre va de Liens ,
Et sa Course nous Entraine ,
Aux Racines d’un Même Monde ,
~
Deux Anciens portent Hauts Règnes ,
Le Couvert à la Ronde ,
Sous les Feuilles l’Une est Sienne ,
Ses Racines Bien Profondes.
~
Son Ecorce Vénérable ,
Accueille l’Autre tout à Fleur ,
Conte Histoires et Sages Fables ,
Son Regard Perce à Coeur.
~
NéO~
—
et comme je viens de découvrir les photos de Bibi Broderick, artiste canadien,, j’insère une de ses créations, là les arbres ne sont pas solitaires ( mais isolés par le béton), mais là lumière répercutée par les immeubles, produit des effets surprenants, qu’accentuent le graphisme des ombres au sol. Bibi Broderick fait l’objet d’un post, sur ses photos
–
Robert Piccamiglio – Midlands – 03
En poursuivant le partage d’extraits du livre du poète Robert Piccamiglio, et le souffle de son récit épopée… ( noter que, comme moi, R Piccamiglio – le savoyard -, apprécie l’esprit particulier des récits de Richard Brautigan,, dont j’ai publié il y a une semaine un extrait…
RP, dont j’ai déja publié des textes ici... et LA
Puissant, fier, Indestructible.
Tranchant à même l’absurde de la vie
et de la terre qui s’étonne de nous
Puis s’étale d’elle-même
dans les saisons
garnissant l’impitoyable silence.
Mais que reste-t-il à raconter
Et surtout à qui ?
Même ces murs je les sens si faibles
accrochés désespérément à la triste couleur du papier.
D’une terre sans racine,
D’une branche innombrable, Multiple, sans écorce.
D’une écorce sans nourriture
pour se fixer au tronc moelleux de l’arbre
A notre image
Puisque nous nous ressemblons L’arbre,l’écorce, l’homme
Partageant toutes ces paroles oubliées.
Avec cet argile si faible
entourant le coeur.
Comme la tristesse du papier
entoure les murs assoupis de la chambre
_ Ouvre-moi tes bras !
Dis-moi je t’en prie quelle histoire
de vie ou de mort , s ‘il me reste à raconter.
Et que tous les échecs passés ne soient plus que triomphe au seuil de l’impitoyable course.
Une nuit. ! Une seule nuit d’espérance
—
NB: R Piccamiglio est l’auteurs de nombreux récits, poèmes, romans, pièces de théâtre…
Midlands, dont sont extraits les textes présentés, est publié par les éditions Jacques Bremond ( à Remoulins, Gard)
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cet hiver à venir qui se cache (RC)
En écho à Nath ( bleupourpre)…. et ma réponse sur L’aveu de l’hiver sera assez tôt…
Et cet hiver à venir qui se cache
Soies et cachemires sont à broder
Aux feuilles et racines par l’été érodées
La lumière jaillissante enlacée
Tables paillardes agacées
Accordéons et fêtes en cours
Aux gibiers ruisselants, chasse à courre
L’après-midi digeste de la cuisine des dieux
Porte les plateaux ocres jusque vers les cieux
En attendant des temps moins cléments
Des outrages d’orage, et vents déments
D’un engourdissement allant vers l’oubli
Sous le froid latent des montagnes et des plis.
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Et la patience des pins restés debout
Encapuchonnés de blanc sur le vert, marabouts
Et l’obstination à ne pas faire deuil
Du chêne blanc, à ses feuilles
Se déroulent sur le causse les saisons
Dont on attend l’improbable horizon
Sous la marche forcée des nuages
Cachant de l’hiver, le vrai visage