Ils ont croqué le jour – (Susanne Derève)
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Raoul Dufy – coquillages
Ils ont croqué le jour
de leurs quenottes blanches
et ri jusqu’au-dedans des nuits
Mais le matin leur va si bien
– les tartines beurrées et les fruits du matin –
et les frasques du jour roulant leur robe
de turquoise
l’air , la mer, le ciel , la conque grise
des nuages
Ont-ils jamais prêté l’oreille ?
De la paume des coquillages
nait le vent
l’espace infini du vent
bercé du blanc roulis des vagues
traçant ses roses de sable
jusqu’aux portes de l’océan
Eaux vives, routes de sel
Pressés, ils ont mordu le cœur orange
de midi
de leurs dents blanches
ils ont fini de dévorer la nuit
Prêteront-ils jamais l’oreille au murmure
des jours enfuis ?