François Corvol – Nuit du Château
que je rentrais d’une dure journée de travail
cerné par la fatigue
je posais mon nom
au pied des marches de ma demeure
surpris d’abord de se trouver là
détaché de sa rotonde
libéré de son intrinsèque cellule
surpris et tétanisé par la liberté
comme un rapace nocturne
par la lumière effarante d’une lampe-torche
il restait là hébété
quelques secondes
puis je le vis grimper
à la manière d’un lézard
prendre le mur
ce raccourci pour la faune légère
il cherchait le trou dans lequel s’engouffrer
la cavité qui le rendrait invisible
je le vis longer la ligne du plafond
arrivé au coin
une sensation d’impasse sembla
le prendre à la gorge
l’angoisse soudaine
du mur sans cavités
de la limite et de la fin
il s’agita dès lors
et traçait des cercles
comme le font tous les êtres
qui cherchent et fuient quelque chose
sans plus vraiment savoir quoi
désespéré de le voir ainsi j’ouvris la fenêtre
et m’en éloigna
pour qu’il passe sans me voir
comme aimanté par l’air de la nuit
par la possibilité de prolonger sa vie un peu plus loin
il s’en alla
il s’en alla et je refermai la fenêtre alors
derrière lui
puis je montais les marches
ôta ce qu’il me restait
de vêtements et de bruits
je me couchais
seul enfin
cherchant le sommeil
les yeux à-demi ouverts
dirigés vers quelques aspérités du plafond
j’y aperçus une araignée
elle tissait sa toile à mon zénith
je souris
et m’endormis
la verte menace du supérieur aux oiseaux (RC )
art A Wölfli
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Notes assemblées, collées,
passages soulignés, paragraphes décalés,
—- Secrets d’alcôve de palais vénitiens
Ce calme précaire suspendu dans les airs,
- intérieur à la flamande,
La toilette de la mariée se détourne ,en carrelage froid.
Le somptueux , voisine l’éventail rosi
– chevelure fantasque,
Comme le plumage onctueux d’orange, se profile
L’œil fixe, me cloue, – rapace – de face.
Peu à peu le récit se cristallise de métaphores lisses,
Décrites d’ombres nettes, vers le double encadré.
Epinglé, et qui n’est pas miroir.
Lance brisée, sous la verte menace du supérieur aux oiseaux,
Et l’arlequin déguisé, rentré là, comme par effraction.
Rien n’est dit , du robinet qui goutte,
( On l’entend plus qu’on ne le montre, )
Contre le temps qui s’écoule, cascade
La coiffure , d’un gnome aux quatre seins,
Avorton oublié là, sans qu’on paraisse y prêter attention,
Au seuil de l’inquiétude.
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RC – 28 avril 2013
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