Eugenio de Andrade – avec le soleil
Je suis à toi, de connivence avec le soleil
dans cet incendie du corps jusqu’à la fin :
les mains si avides à leur envol,
la bouche qui sur ta poitrine oublie
de vieillir et sait encore refuser.
Aqui me tens, conivente com o sol
neste incêndio do corpo até ao fim:
as mãos tão ávidas no seu voo,
a boca que se esquece no teu peito
de envelhecer e sabe ainda recusar.
Eugénio de Andrade,
Matière Solaire, XIII
Pierre Silvain – les chiens du vent
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Sous la poussière il retrouve
L’ardoise d’enfance fêlée
Avec les griffures intactes
Proclamant sa détresse d’être
Celui qui toujours demeure
Au seuil du monde déchiffrable
Dans l’attente d’une aveuglante
Révélation ou d’un anéantissement
Rien n’a changé
Tout continue de se refuser
Là derrière
Lueur tremblante et louche
Au fond de la nuit d’encre
C’est la fenêtre du logis
De l’ogre perdu dans les bois
Vers quoi conduisant la fratrie
Résolu même sans
Les cailloux en poche
Poucet avance
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Pierre Silvain est un auteur que j’apprécie beaucoup notamment dans ses livres – contes philosophiques – publiés chez Mercure de France:
Zacharie Blue,
Le Grand Théâtre,
La promenade en barque
– Les Eoliennes,
– La Dame d’Elché… ( célèbre sculpture, qui a fait l’objet d’une reprise – dans l’imaginaire ibérique, par l’artiste Manolo Valdès, cité dans cet article )
il a été ensuite été publié par de nombreux éditeurs, et notamment les éditions Verdier
j’avais été en contact personnel avec lui, et il appréciait beaucoup ma façon de peindre…, c’est l’occasion ici de lui rendre un autre hommage.
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ce poème, que je viens de découvrir offre d’étranges similitudes à celui que j’ai écrit et publié il y a fort peu de temps: « le monde des possibles »
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