Rétrécissement – ( RC )
C’est une région qui s’éloigne, se rétrécit.
Le sol a commencé par se déssécher, se fendiller,
puis des failles plus profondes se sont ouvertes,
des arbres ont basculé, créant un moment
des ponts entre les lèvres de plus en plus écartées.
Des morceaux de terre se sont séparés,
comme lorsque la banquise se libère de la tenaille du froid.
Parfois la moitié d’un immeuble se poursuit
sur l’autre rive.
Il y a eu des effondrements,
suivant la calligraphie des fissures.
et le caprice des coutures – petit à ,petit, elles lâchent ,
Les rivières se sont vidées, se perdant entre les écailles
des collines, et leurs pierres usagées.
Des groupes humains en regardent d’autres,
massés sur les berges, qui s’éloignent inexorablement.
Personne n’essaie de les rejoindre,
comme si c’était dans l’ordre des choses.
Il se peut que ce soit un voyage
qui nous emporte de l’autre côté du monde,
non pas derrière l’horizon,
mais vers une destination où tout se recompose.
Déjà la lumière vibre à travers les têtes.
Nos voix ne sont plus les mêmes.
On oublie vite le langage,
et on s’accroche à ce qu’on peut.
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RC – mai 2016
Le Petit Prince, et la musique du monde ( RC )
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C’est, extrait du livre de l’enfance,
Le Petit Prince, qui met le pied
Sur une frêle planète,
On y entend, si on écoute, une brise
Qui chante dans les arbres, la vie
loin de avions qui passent
Et la caresse chaude des jours de l’été.
Le Petit Prince progresse, il ne lui faut pas longtemps
Pour faire le tour de la terre, et passer le gué
Des îles aux continents, sans se mouiller les pieds.
Il s’interroge avec insistance, sur la forme des montagnes,
Le silence blanc des déserts, l’aventure des rivières
La succession des villes, et des maisons jouets
Sagement alignées, le long des routes,
Et les supermarchés,sont une grande attraction.
S’il veut dessiner des moutons, demander son chemin,
Il n’obtient pas de réponse, car on ne le comprend pas,
Déjà les hommes ne se comprennent pas d’une région à une autre
Et se barricadent chez eux, derrière des frontières,
Mais au-delà des murs on entend de la musique
Qui passe sans rien dire
Comme le vol des colombes
Sur la frêle planète
On entend, si on l’écoute,
Tout de l’amour, et des langages, sans paroles.
Elle ne disait rien, et finit par tout nous dire.
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RC- 18 octobre 2012
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