Jean-Pierre Balpe – Solo de flûte narh Rajastan

Là regarde elle elle a l’air fragile si fragile la regarde voudrait la toucher savoir si elle est de chair et de sang comme lui ou d’une autre matière voudrait la toucher ne cesse de la regarder toucher son cou son pied son ventre ses seins ses lèvres la toucher rien que la toucher pour voir pour être sûr sûr de ce quelle est être sûr que ça vaut le coup de penser à elle la regarder sans peur de la détruire ou même d’altérer simplement altérer l’équilibre subtil des teintes de sa peau depuis les si légers cernes violines qui soulignent la profondeur de son regard jusqu’à l’incarnat purpurin qui ferme les plis amplifie le relief de ses lèvres la regarde ne peut faire autrement la regarde se dit que le rose transparent peut-être transparent diaphane translucide oui translucide de ses joues comme celui plus ferme qui courbe ses épaules ne peut pas ne peut pas être réel qu’il y a quelque chose qui lui échappe sûrement quelque chose qui lui échappe que ça ne peut pas être vrai tout ça pas longtemps
La matière vidée d’elle-même ( RC )
……… Je vois à travers les murs , des maisons cimentées, Il y a trois fois rien, et les matériaux flottent bizarrement dans une atmosphère de coton, chaque chose a pris une texture autre, et décide de sa position.
Les poutres se croisent et envisagent un dialogue inédit, les vantaux des fenêtres battent sur l’air, où se mélangent les végétaux et la pierre.
Il vient une joyeuse suite de framboisiers, qui surgit d’un ancien papier peint, pour s’enrouler sur les tuyauteries, amoureusement.
L’escabeau aux anciennes coulées de peinture, servant de perchoir à des lézards multicolores, attendant on ne sait quoi, ….peut-être des insectes errant sur les lourds fauteuils du salon pris par des racines, et ne dévalant pas un angle, que l’on peut qualifier de faux plat, défiant l’horizon bleuté des montagnes, là-bas.
Si loin, si proches.
La matière s’est vidée d’elle-même, de sa masse et de sa chair,
Et retournant nostalgique, vers l’abstraction, sur l’hypothèse incertaine, où lutter contre la pesanteur ne serait plus nécessaire,…. comme un jeu dont les règles s’inverseraient, à la fantaisie des heures.
Et la vie de même,qu’une rivière fantasque, prenant un autre cours, changeant son tracé, au gré du relief et des époques.
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RC – 16 juin 2013
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A l’intérieur du marbre ( RC )
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A l’intérieur du marbre
Elle occupe tout l’espace
Ne laisse que peu de distance
Entre deux passages d’oiseaux.
Un blanc liquide
Qui prélève le regard
Et ne le rend pas.
Elle ôte aussi le relief
Et les ombres …
Il n’y a plus d’épaisseur
Palpable
Que celle que parcourent
Les doigts hagards
Livrés à eux-même
– et sans limite
A l’intérieur du marbre.
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RC – 11 novembre 2012
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Naturellement la sculpture de Rodin, permet de belles choses, mais chacun a son « interprétation » de l’artiste… voir par exemple le dossier Rodin de Vincent Gauthier
Je suis l’orage (RC)
Le Ruisseau en murmure
et cette larme silencieuse.
Portée d’eau – la paresseuse-
aux endroits les plus creux, stries, flaques et vallées
Faisant son chemin, poussée de par sa masse,
roulée sur le visage et vers de lointains océans.
Tu scruteras ce flux, sensible,
ainsi le rai de la lumière
aux rebonds des volumes; la larme à la rondeur
du visage
l’encre, aux pentes provoquées du papier.
Ce ruisseau qui murmure, la chute qui cascade, les grands méandres en fleuves,
sont à l’inverse de ma brosse,
qui court sur le fil de la toile, en caresse les reliefs,
dépose sur ses collines
son écorce de couleurs, ses habits de fête.
qui court en pâte brute, en pâte fine, demi-matière chargée d’eau, – aimante, électrostatique
de parcours artistisques. déposée, frottée, retranchée…..
Je suis l’orage
qui précipite, macule, rature et bouscule la géographie étale
de mille pages aux mille visages.
– Notre ronde – le monde,
mille pages de mille visages, sculptés, bousculés,ravinés, basculés,
sédiments d’eau
sédiment-terres
Se taire.
Des colères qui hurlent, aux larmes silencieuses
sur les statues des arbres et géants de pierre_______
Une page de la vie, toujours détruite, et naissante;
et recommencée.
RC 2001