le livre est trop pesant – ( RC )
–
Si le livre est trop pesant,
et la lumière faible,
alors, je ferme les yeux
sur le défilé des pages.
Ce qui se passe dedans ?
j’ignore encore
ce que réservent
les détours de l’histoire.
Elle se déroule sans moi.
Ce sont des récits secrets
auxquels d’autres
pourront accéder.
En attendant me voila reparti
derrière le rempart du sommeil,
avec l’âme qui s’invente
tout un parcours.
C’est comme un insecte
prisonnier dans une boîte
dont les elytres
heurtent les bords.
Il en cherche la sortie,
et le rêve, de même
voudrait repousser les remparts,
en écarter les limites
pour vivre sa vie aventureuse,
détachée du corps,
et des cieux intérieurs
pour s’élancer au-dehors
hors de la conscience,
avec beaucoup de choses
encore inconnues ici :
de la musique, des odeurs
et une couleur de l’arc-en-ciel
qu’il faudrait inventer,
car on ne peut pas la saisir :
elle s’échappe comme le temps
elle est toujours en fuite,
traversant le noir
avec ses propres images
que l’on retrouve en désordre
quand par quelque hasard
on en trouve des traces,
éparpillées au petit bonheur
lorsque le réveil sonne.
Le livre est fermé,
tout à côté,
et on pourrait penser
que des idées ont filtré
dans l’espace nocturne,
comme un joute silencieuse,
une sarabande où les astres
se combattent
et rusent avec l’esprit :
la logique est abolie,
tout est alors possible,
et juste quelques bribes
se retrouvent au matin.
Il faut faire attention
car ces traces fragiles
disparaissent rapidement
– ainsi des bulles éphémères,
lorsque la lumière
commence à filtrer
à travers les volets .
–
RC – oct 2016
Patricia Cottron Daubigné – Song of skin- III
Photo – Alison Scarpulla
Peut-être la peau n’est pas là
écorchée
pelée
a vif
crue
il n’y a pas de rempart que caressez-vous dit-elle ?
parfois les mots sont dans les larmes.
–
d’autres textes de P C Daubigné, dans pierre & sel ( croquis, démolition )
Cribas – Brûlure indigeste
Brûlure indigeste ou Impitoyable farniente
– Cribas 2010 – Lien permanent
Il y a le temps qui s’arrête
La télévision
Les Monk et autres merveilles
Les histoires secrètes
Un peu de musique
Parfois un livre
Pas trop près des yeux.
Deux mois sans vivre à l’extérieur
Et mon fort intérieur
Agrandit ses remparts :
Ces petits riens nulle part
Avides de bonheur.
Il y a la mélancolie
Cette sournoise silencieuse
Se prêtant au jeu, rieuse,
De l’âme tout contre sa folie.
Il y a enfin la vie
L’invisible
Celle qui est toujours en fuite
Celle qui gicle.
Il y a le temps à terre
En noir
Et blanc vers les cieux
Entre les deux
Ça fait plutôt pissotières.
La fatigue use
Et la terre tourne
Encore et toujours autour des fusées
Séjourne le soleil sans ruse.
Il faut se battre
Comme la lumière au travers des volets,
En frappant fort
Sur son corps déjà violet.
Un peu de vin
De la musique
Beaucoup de musique
Autant de vin
Je bats l’enfer lorsqu’il est froid
Je prévoirai demain.
–
Cribas Par Cribas le samedi 17 juillet 2010.2010
Cribas – (J.I 72)

installation- objet: Rebecca Horn
Cribas, encore, avec un de ses publications anciennes.. et toujours une utilisation des mots, très particulière et attachante…
voir son site
Tout ce qu’on a dit de bruyant
Même le silence retrouvé
Ne nous le pardonnera pas tant
Que nos combats seront ébruités
Se battre contre qui
Se débattre pourquoi ?
Quelle farce cette vie
Qui trace des petites croix
Dépressions au dessous
De l’art ceinturé
Les petites fleurs d’été
N’ont pas vu le jour
Il entend un cri qui vient de tout en bas. Il saute le pont. Il fait le mauvais pas. L’air vole une dernière fois, sans faire le bruit du mur.
La vie ne sait pas le bruit. Le silence est une poche d’existence.
Tout ce qu’on a rit en fuyant
Pour abrutir le clown
Lui sur sa balustrade d’argent
Trois fois rien dans les fouilles
Se combattre pour qui
S’abattre pourquoi ?
Quelle force cet ennui
Qui passe pour qui sait quoi
Des torsions de fou
Vomies des remparts
L’embolie des dessous
Les réveils sans hasard
Il prétend être déjà mort dix fois. De maux de tête et de mauvaise foi. Les poètes en colère et leurs pas de travers, bruyants.
Le mauvais poète sourit, et d’un coup de baguette magique fait retentir sa pauvre cloche.
Ça lui fait mal au nœud dans sa tête.
C’est l’heure du baptême
Avec du feu dans l’air
Un souffle sur ses batailles
Chuinté par ceux qui l’aiment
Dépressions au dessus
Des ceintures noires d’aubépines
L’homme s’élève à l’insu
Des coups bas de la rime
Il descend les étages
De sa tour quatre à quatre
Souriant sa victoire
Aux lucarnes des nuages

Installation-volume: Rebecca Horn "Simone de Beauvoir"
Il s’entend revivre pour une fois, le poète, juste avant de mourir comme une dernière phase. Le temps poisse et la caravane de tête se prélasse. On ne les reconnaît pas, même s’ils sont las ils se lassent en cachette, les poètes au rez de chaussée avec les clowns !
Cribas 08.10.2007
Robert Piccamiglio – Midlands 05 Plus tard
PLUS TARD
Plus tard dans le tumulte glacé
de cette nuit je me suis souvenu de l’exaltation
infinie qui grondait en moi.
Elle venait se perdre
comme autant de germes hautes et fragiles
autour d’une cité faite d’incroyables
et féroces remparts.
Le pouvoir.
Comme une rivière bondissante charriant le sang.
Plus tard dans la nuit
j’ai revu le fleuve charriant les morts
d’où venait le sang.
Avec le ciel au-dessus l’amant rompu. Avec la terre en bas maîtresse incandescente. douloureuse, attentive.
Le monde n’étant lui-même que soumis à la dérision grandissante du pouvoir.
A la rivière d’abord puis au fleuve tout entier.
L’homme ne devenant qu’un infime sillon tracé par d’autres avant lui. Stupéfait.
Le pouvoir triomphant toujours. Perçant chaque fois un peu plus la faiblesse de l’argile entourant le cœur engouffré dans le cœur de l’homme.
Le troupeau suivant le troupeau le berger, étrange inconnu.
Nous marchons ainsi jusqu’à l’épuisement
Parcourant autant de vies que de morsures.
Avec pour nous accompagner nous le troupeau puis la machine cet animal creusant son trou protégeant son territoire.
—
en accompagnement, cette belle photo de Marc Riboud, qui est sans doute l’un des photo-journalisme que je vénère le plus.