Chassés de l’humanité – ( RC )
sculpture : ancienne statue sumérienne
Il n’y a plus aucune place
laissée à ce que l’on connaît,
mais seulement une nature plane .
Si c’est de l’eau, aucune île ne sert de repère,
Nous avons été chassés de l’humanité,
et l’océan est encore sanglant
de toutes les peines :
une patrie sans porte ni horizon ,
esclaves des frontières effacées ,
avec quelques glaces flottantes:
celles d’une géométrie funéraire,
ne marquant même pas l’emplacement des tombes…
les tempêtes peuvent se déchaîner :
rien n’est prévisible dans le feu blanc :
la terre a sombré corps et âmes
sous les bombes et ouragans ,
et il n’y aura personne pour décrire encore
les paysages spectraux,
immobiles comme les yeux fixes,
des dieux aux regards gelés.
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RC – dec 2018
Une géométrie modifiée – ( RC )
photo: Rodney Smith
Tu peux tirer le rideau sur le théâtre du jour,
> cela coïncide avec la géométrie des lieux :
chaque chose est à sa place,
dans un repère orthogonal.
La plage est silencieuse,
la mer grise, d’un calme sournois.
Effectivement le plancher de la maison
reste parallèle à l’horizon ,
comme si c’était fait exprès:
C’est compter sans le ciel endormi,
qui joue avec le vent,
une partition,
où souvent, les choses basculent
dans leur sommeil.
Bois et charpentes gémissant,
supportent les éléments,
qui parfois
pèsent plus lourd qu’on ne pense :
le drap des nuées secoué en tous sens,
ne modifie pas la perspective,
mais introduit des obliques ,
toutes dans le même direction,
mais sans qu’on puisse désormais
les corriger .
( sur une photo de Rodney Smith )
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RC – dec 2017
Traces du futur en plans lointains (RC)
Si la forêt semble s’épaissir, le sentier s’étrécir
Au détour du trajet, les lieux semblent s’évanouir
La certitude tremble, et fait place aux suppositions
Les repères ,effacés par les ans, autant de questions
Qui émergent, et traquent, ce pas et le suivant
Au point de nous laisser , refrain obsédant
Une saveur trépassée, d’un mouvement sur place
Que des rubans de brume, enlacent
A la mesure du temps, aux promesses du futur
La suite des collines, semble nous offrir un mur
De perspectives basculées en escalades indécises
Qu’il faudrait qu’un grand-œuvre précise
Et nous guide, comme Ariane, sur l’étroit chemin
Ou le petit Poucet, des cailloux de sa main
Pour accomplir le destin, encore à concevoir
Qu’en partant, on n’a fait qu’entre-voir.
En parvenant malgré tout au premier sommet
Le paysage s’étale en tapis d’autres forêts
Espaces, lacs, dunes, et précipices
Se faisant suite, sans artifices
Le sommet, une colline bien basse
Au regard des horizons qu’on embrasse
Portant sur des distances insoupçonnées
Montagnes et plateaux moutonnés
Seront les futures étapes à franchir
Et peut-être laisser, pour l’avenir
Au delà d’autres monts, l’espace
Garder, provisoirement une légère trace.
RC 14- 01-2012
( variation sur « un homme sachant omettre » ) voir le blog de « les idées heureuses »
texte de R. L. Stevenson à Will H.Low…
R. L. Stevenson étant l’auteur, justement dans le contexte du voyage, de Voyage avec un âne dans les Cévennes
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A titre d’information » Ce pas et le suivant » est le titre d’un roman superbe, ne serait-ce que par sa science des mots et des phrases, de Pierre Bergounioux, cité deux fois dans mes publications précédentes. Livre au souffle fort, édité chez Gallimard.
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