Bernard Vidal – Zeus
Zeus

Zeus a dans ses mains tous les dés et toutes les cartes
S’il n’était le dieu suprême
Cela ne s’appellerait-il pas tricher
Zeus a créé le monde et l’humanité en six jours
Il a ouvert toutes les portes Il peut toutes les fermer
Pourquoi s’ennuyait-il au point qu’il ait besoin de régner
Tout puissant sur des êtres infimes
Quel est ce dieu suprême qui a besoin de créer
Quel est ce dieu suprême qui a besoin de repos
Et de tricher
Gabriela Mistral – L’attente inutile
sculpture en bronze représentant une fille tenant un cadran solaire, au jardin botanique de Brooklyn
—
J’avais oublié qu’était devenu
rendre ton pied léger,
et comme aux jours heureux
Je suis sortie à ta rencontre sur le sentier.
J’ai passé vallée, plaine, fleuve,
et mon chant se fit triste.
Le soir renversa son vase
de lumière, et tu n’es pas venu !
Le soleil s’effilocha,
coquelicot mort consumé;
des franges de brume tremblèrent
sur la campagne. J’étais seule!
Au vent automnal craqua
d’un arbre le bras blanchi.
J’eus peur et je t’appelai ;
Bien aimé, presse le pas!”
J’ai peur et j’ai amour,
presse le pas, bien-aimé!
Mais la nuit s’épaississait
et croissait ma folie.
La espéra inûtil.
—
J’avais oublié qu’on t’avait
rendu sourd à mes cris;
j’avais oublié ton silence,
ta blancheur violacée;
ta main inerte, malhabile
désormais pour chercher ma main,
tes yeux dilatés
sur la question suprême!
La nuit agrandit sa flaque
de bitume; augure maléfique,
le hibou, de l’horrible soie de son aile,
griffa le sentier.
Je ne t’appellerai plus
car tu ne parcours plus ton étape;
mon pied nu poursuit sa route,
le tien est au repos.
C’est en vain que j ’accours au rendez-vous
par les chemins déserts.
Ton fantôme ne prendra plus corps
entre mes bras ouverts!
Nuit de coton ( RC )
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Nuit de coton, Lit, mon ami
Ecrits du noir, mes yeux clos
Papier d’âme au repos
pastel perso: « basse continue » acrylique sur papier 1989
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Armen Tarpinian – La vérité du cygne
Une source où la soif rêve de s’étancher mais qu’elle éloigne.
Cygne, sur la mer libre entraîne la pensée !
Qu’elle apprenne l’amour comme un seuil tracé dans le repos du temps.
Et l’horizon bu, dépassé, les yeux fermés.
Miroir à notre cœur, ta liberté nous engage.
Le repos des sirènes ( RC )

Art roman: chapiteau aux sirènes – Eglise Ste Eutrope Saintes ( Charentes Maritimes)
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C’est le repos des sirènes sur les rochers
Leur longue quête les mène sur les îles
Et point de traces, au jour, juste des fossiles
Repérés par les bateliers s’en revenant pêcher
Ces femmes-poissons, – c’est une blague
Dit-on, …. ce qu’il faut d’imaginaire
Au fantasme des hommes de la mer
Ayant fait un détour par Copenhague
Ou bien, entourant un bateau en détresse
Se portant au secours des naufragés
Elles se sont, sous eux, allongées
Tout en délicatesse
Et leur ont fait jurer secret,
Sous serment, de ne rien dire,
Une langue étrange qu’on ne peut traduire…
Sur ces sujets il faut rester discret
Ce sont, peut-être des anges de l’eau
– Au profil aérodynamique
Accompagnant par le fond, le Titanic
Et bien d’autres paquebots…
Et même si tu vas à confesse,
Avec l’envie de tout dire, c’est pas la peine
D’essayer de convaincre une sirène
Ou sur la terre, alerter la presse…
Tu as scellé ta promesse,
Mieux qu’une lettre aux sept cachets
L’eau profonde, garde ses secrets cachés
Comme celui du monstre du Loch Ness.
Les sirènes auraient plusieurs vies
Et surtout, les plus beaux chants
Pour nous, bien sûr, aguichants
Une fois entendus, toujours poursuivis.
Dans l’eau salée, les sons se propagent,
Ceux des dauphins,les chants des baleines
Et tu voyages, à en perdre haleine
Au berceau de la mer, en héros ou bien otage…
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RC – 21 janvier 2013
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photo: JM Boutaud – petite Sirène de Copenhague – qu’on peut retrouver sur le site « jolie lumière » de JM B
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Le temps a du sursis – ( RC )
Le temps a du sursis
C’est lui qui m’a surpris.
Je suis venu te lire
Avant que les pages ne se déchirent.
A me glisser sous l’écharpe
De tes lignes, j’attrape,
Un morceau de coeur en mots
Dont je me fais proche écho.
En redoublant d’efforts
… Autres horizons, autres décors
Pour Bd’ s et phylactères
Partager semblables repères
Aux parfums de fête
Qui t’ont tourné la tête
Que dire de l’intime ?
D’une vie qui s’anime…
J’entrecroise mes lignes
Aux tiennes, nouvelles rimes.
Réconciliées aux lendemains
J’entrecroise les doigts des mains.
Et partage le reflet
mouvant des fées
Dans un lac au repos
Ondulant, sans crapauds
Au silence limpide
D’étendue liquide
Parfums, phrases d’amour
De tous tes mots autour.
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RC – janvier 2012, modifié 15 janvier 2013
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La route tracée de pluie ( RC )
La route tracée de pluie
Ta route est tracée de pluie et de soleil
Les ombres s’y allongent et s’y diluent
Dans une perspective incertaine
Les allers et retours, et croisées de chemin
Offrent en raccourcis leurs ornières et leurs dos d’âne
Les reflets des orages dans les flaques
Et celui de ta vie, qui mène comme elle l’entend
Son petit bonhomme de chemin
Et croise souvent le mien.
C’est à croire que la carte est écrite,
Qu’il est des rencontres fortuites,
Ou presque, qui nous retrouveront à l’abri
Aux petits bars de la côte, les odeurs de soupe
de chou-fleur et les fish ‘n chips,
Alors que la mer s’est suspendue,
Un instant de repos en paysage
Et la lumière au fond de toi
Qui me guide souvent, d’entre les nuages…
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18 juin 2012
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auquel de nouveau Lutin fait écho avec
C’est douloureux et tendre à la fois
la route tracée de pluie
le silence des corps interdits
pliant leur ombre en désespoir
Comme il est doux de traverser les lieux solitaires
dans le dos des marches
descendre le long fil de l’oubli
refusant de dormir
le soir tendu comme l’orage
Il manque la longévité des heures
cogne le cœur
un jour le ciel s’arrêtera de pleurer
creusant la mer de sel
aux couleurs d’un champ de neige
Entre-temps les cheveux poussent
fleurs aquatiques dans les flaques d’eau
la mort n’éteint pas les lumières
glissent nos yeux dedans
les mains retenues
lutine – 19-06-2012
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La chaise du dormeur (RC)
Hommage à Henry Moore ( le célèbre sculpteur anglais)
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La chaise du dormeur
est au sommet de la colline
Si elle promet le repos
C’est après de longs efforts d’ascension
Que l’on voit ses pieds de bronze
Scellés sur la roche
Le roi et la reine, échappés
peut-être d’un échiquier
Déjà arrivés, ont occupé la place
En laissant la partie se dérouler
Dans la vallée que déjà le soir remplit
De frissons et d’airs gris.
Des souverains, la couronne
A déjà servi d’abri
Pour construire un nid
A un couple d’étourneaux
Venu apporter comme cadeau
Le premier baiser de la lune.
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