Jean Vasca – les lointains
En nous sont les lointains nos îles nos ailleurs
Patrouilleurs dans l’opaque à chercher l’entrouvert
Nous sillonnons sans fin les ténèbres intérieures
Pour déchiffrer l’énigme aux portes des mystères
En nous sont les lointains de brume et d’inconnu
Lorsque les horizons entonnent leur complainte
Tenter l’appareillage à voile que veux-tu
Vers une rive d’or encore jamais atteinte
En nous sont les lointains nos traces nos sillages
Les naufrages du cœur les songes en carène
Cathédrales englouties et palais des mirages
Là-bas vers les abysses ou la nuit nous entraîne
En nous sont les lointains dessous les cicatrices
Les plaies qui se referment et qui suintent encore
Des souvenirs perdus dans tous les interstices
Des ombres d’amours mortes à l’envers du décor
En nous sont les lointains c’est là notre impatience
A vouloir l’au-delà de tous nos quotidiens
C’est l’écho d’un accord majeur qui nous fiance
A cette terre humaine ses troubles lendemains
Ces lointains qui rougeoient sous la cendre de l’âge
Braises encore des révoltes en nous comme un regain
Et sous le poids du temps lourd de tous ses outrages
La rage encore de vivre et son feu mal éteint
Jean Vasca
Quelle est la mémoire des pierres ? – ( RC )

pierres du musée lapidaire: photo ville de Narbonne
Quelle est la mémoire des pierres,
Celles qui se cachent sous la mousse,
Aux traces noires incendiaires,
Sous le lierre qui repousse ?
Des siècles traversés
Qui se souvient, des hommes trépassés….?
Peut-être les statues renversées,
Aux bras mutilés et têtes fracassées …
La mémoire des pierres attend,
Derrière de nouveaux murs,
De l’histoire, les mouvements,
Les révoltes et les fêlures…
Les combats et les guerres,
Les armées en déroute,
Nous parlent des hiers,
Jusque dans les voûtes.
Portées en arabesques,
Par des colonnes massives,
Et la peinture écaillée des fresques,
Sous d’autres perspectives,
D’autres époques et manières de vivre,
Recouvrant églises et temples,
Telles les pages d’un livre,
Ouvertes à celui qui les contemple.
La mémoire des pierres s’mprègne du temps,
Et du labeur des hommes, la trace
Même parfois teintées de sang,
Indifférentes aux ans qui s’entassent.
Elles sont comme des sentinelles,
Tout au sein de leur masse,
Une part d’éternel,
Alors que les hommes passent.
Les dressant comme un défi, debout
Contre le soleil et la tempête…
Elles parlent encore de nous,
Offrant au futur,le récit de leur parole muette.
RC – juin 2014