Tapiès – rideau fer – ( RC )
Assemblage: Antoni Tapiès Porte métallique et violon- Fondation Tapiès
On attendra longtemps
l’ouverture du jour.
Il y aura du sang
répandu autour .
La vie est dans la verdure ;
Derrière le rideau de fer
on pratique la torture
et on désespère.
On imagine, un délire :
faut-il une révolution,
pour que le rideau se déchire
et que le chant du violon
se détache de la croix noire
taggée sur le mur :
c’est un signe d’espoir
un premier murmure
car la clôture grise
n’emprisonne pas le chant :
Ce n’est pas une marchandise
vouée à l’enterrement.
–
RC juill 2016
On ne peut se saisir de l’horizon ( RC )
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Bien sûr, on ne peut se saisir de l ‘horizon,
Et si quelqu’un le peut,
ce n’est pas notre affaire.
Plutôt que convoquer Dieu,
Ce sont des mille feux de l’astre,ses rayons,
prodiguant leur lumière,
Ils se posent, si légers,
Que , même l’atmosphère les tolère
Et s’en émeut,
Jusqu’à les prolonger,
Comme en une serre
Et en devient bleue.
La planète poursuit sa route,
Se montre sous ses meilleurs atours :
Les îles et les continents,
Une terrestre croûte,
Parsemée, tout autour
De mers et d’ océans….
Il est vrai que la distance
enjolive les choses,
et que , sur place, demeurent,
beaucoup de différences…
Il y a des vallées moroses,
où des lacs se meurent.
Des forêts profondes,
perdues dans l’humidité
Des déserts de pierres
A l’autre bout du monde,
Dont l’aridité
Ignore le moelleux de la terre.
Eparpillés à la surface,
Les pays ne reçoivent pas le soleil
De la même façon,
Si les nuages s’amassent,
Dans leur zone de ciel,
Et leur procurent frissons.
C’est une sorte d’injustice,
diraient les grincheux
mais il s’en faut faire raison,
( Tout n’étant pas lisse,
On peut émigrer sous d’autres cieux,
Pour autre acclimatation….)
Pour ceux que ça agace,
Si le chaud s’éternise,
Et toujours, choque
On peut retrouver la glace,
Ou patiner sur la banquise,
Là où vivent les phoques.
Le soleil n’en a cure
Il distribue beaucoup,
Même par dessus les nuages
A travers l’azur,
( et même par-dessous),
il y a de l’éclairage .
Et en cas de pluie,
Ça va pas changer la face du monde…
Ni la chute brutale de cet orage,
On n’va pas s’enfoncer d’un coup dans la nuit,
Vu qu’avec la surface ronde,
On garde toujours un peu d’courage..
Il suffit que la planète,
Se tourne du bon côté,
Et présente son côté face,
Pour un demi-jour de fête,
C’est quand même générosité,
Avant qu’on ne passe
Au lendemain.
Une nouvelle révolution,
Qui encore s’invite,
Suivant le destin,
Du jour, l’éclosion,
En suivant son orbite .
Excusez du peu
De ce que capte la terre.
Le reste s’évanouit dans l’espace.
Notre étoile fait ce qu’elle peut,
De son explosion nucléaire,
Jamais elle ne se lasse.
Supposons, qu’un jour tenu en laisse,
Se perturbent les réactions
Le procédé s’inverse,
Et voilà le retour d’une couche épaisse,
Que l’on appelle glaciation
Les rayons rétrécissent et se dispersent
Comme l’ont vécu les dinosaures,
Trop habitués à se dorer la pilule,
A piller et à tuer .
Ce changement leur a causé du tort,
Car privés de canicule,
Ils n’ont pu s’habituer…
Nous voilà dans l’utopique,
Mais si cette période
pas si lointaine,
oubliait le réchauffement climatique,
Il faudrait, à cette nouvelle mode,
Se couvrir d’habits de laine.
De peaux de bêtes,
De la plus grande élégance,
de bonnets de fourrure :
– Les voyages en jets,
On s’en balance,
Car les temps sont durs…
Et puis ce serait partout pareil,
Une planète blanche et morne
Qui sommeille et patiente….
Rien de nouveau sous le soleil,
Dit-on— le sol uniforme
Décomptant des années lentes….
Ah ça — c’est l’égalité…
Plus de « quand-même », et se « si ».
pour tout le monde un bol d’air pur
( et de la même qualité) :
Ça c’est la démocratie…
Plus de privilégiés sur la côte d’Azur
Si ça peut vous rassurer,
On a l’temps de voir venir,
Nous n’en sommes pas encore là…
Vous avez encore quelques étés,
Et un peu d’avenir,
Pour repenser à tout ça…
–
RC – oct 2015
Destins insomniaques ( rime avec zodiaque) – ( RC )
Chimères, dragons, ciels de l’imaginaire,
S’entrecroisent et suivent
L’étang bleu de la nuit profonde,
Au milieu du destin des étoiles,
Qui semblent immobiles,
Comme le temps, qui navigue d’espaces
Si loins, dans la poussière sidérale,
Que les signes restent attachés ,
Comme soudés, à notre hémisphère,
Carte céleste de l’horoscope
Clin d’oeil de l’infini
Où combattent lion, scorpion, capricorne,
Messagers d’un Big Bang
Qu’on entendra ( pas encore )
Figures statiques, et dessinées,
Emportées par le glissement parallèle
Des galaxies plurielles,
Et qui contemplent nos songes,
En attendant,
L’irruption du jour,
Sur la terre,
Elle, encore soumise,
Au souffle régulier,
De sa révolution quotidienne,
Et d’un bain de lumière,
Dans lequel chavirent,
L’espace de quelques heures,
La nombreuse portée
Des créations du zodiaque,
Cartographiée à travers l’insomnie.
–
RC – 8 juin 2013
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Francis Combes – Révolutions arabes
Révolutions arabes
Pendant que nous dormons, des peuples se réveillent.
Des jeunes et des moins jeunes se soulèvent
et se soulevant, ils soulèvent le grand édredon nocturne
du silence et de la peur
sous lequel ils étouffent, même en plein jour.
Des peuples se réveillent,
ils ouvrent une porte sur l’inconnu
et la Terre se met à tourner sur ses gonds.
Cela craque de tous les côtés…
Ce qui hier paraissait impossible
aujourd’hui est possible.
Ce qui hier était éternel
déjà n’est plus.
Les peuples en ont assez de se priver
pour que quelques-uns se gavent.
Et ils ont un appétit d’ogre
qui vient juste de se lever.
Le peuple se plante à tous les carrefours,
armé de couteaux et de bâtons.
(Entre les mains du peuple, le bâton
est aujourd’hui le meilleur ami du jasmin).
Que va-t-il se passer ?
Mektoub…
Les petits voleurs vont se mettre à courir dans les rues.
Et les plus grands
vont courir les chancelleries
pour voler au peuple
sa révolution.
Mektoub… Rien n’est écrit.
Ceux qui savent où ils vont
montreront le chemin.
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