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Le pont d’Avignon – ( Susanne Derève)


Man RAY – Le pont brisé

Cette eau qui baigne le contour 
des rives 
Eau vive des chansons

Sous le pont d'Avignon 
dans la chaleur écrasante de midi
les reflets ocres de la pierre versaient 
leur or tremblant

Le courant y jetait des écailles 
d'argent   et moi mes derniers rêves
à l'aune d'une chanson

Sur les arches de pierre abandonnées 
au  Rhône 
mes fantômes menaient en rond 
une étrange farandole
dont j'ai effacé le nom 


Jacques Prévert – le sang


Painting of Vincent Van Gogh - Red fields

peinture V V Gogh –  les champs  rouges


Complainte de Vincent !                   A Paul Éluard

 

Arles où roule le Rhône
Dans l’atroce lumière de midi
Un homme de phosphore et de sang
Pousse une obsédante plainte
Comme une femme qui fait son enfant
Et le linge devient rouge
Et l’homme s’enfuit en hurlant
Pourchassé par le soleil
Un soleil d’un jaune strident
Au bordel tout près du Rhône
L’homme arrive comme un roi mage .
Avec son absurde présent
Il a le regard bleu et doux
Le vrai regard lucide et fou
De ceux qui donnent tout à la vie
De ceux qui ne sont pas jaloux
Et montre à la pauvre enfant
Son oreille couchée dans le linge
Et elle pleure sans rien comprendre
Songeant à de tristes présages
Et regarde sans oser le prendre
L’affreux et tendre coquillage
Où les plaintes de l’amour mort
Et les voix inhumaines de l’art
Se mêlent aux murmures de la mer
Et vont mourir sur le carrelage
Dans la chambre où l’édredon rouge
D’un rouge soudain éclatant
Mélange ce rouge si rouge
Au sang bien plus rouge encore
De Vincent à demi mort
Et sage comme l’image même
e la misère et de l’amour
L’enfant nue toute seule sans âge
Regarde le pauvre Vincent
Foudroyé par son propre orage
Qui s’écroule sur le carreau
Couché dans son plus beau tableau
Et l’orage s’en va calmé indifférent
En roulant devant lui ses grands tonneaux de sang
L’éblouissant orage du génie de Vincent
Et Vincent reste là dormant rêvant râlant
Et le soleil au-dessus du bordel
Comme une orange folle dans un désert sans nom
Le soleil sur Arles
En hurlant tourne en rond.

Jacques PRÉVERT « Paroles »


Cycle des gouttes recommencées ( RC )


A chaque goutte d’eau, le cycle recommencé

ce qui s’enfuit en vapeur, retombe un peu plus tard,

en condensé, et les grandes rivières s’en vont leur chemin

saluées par les arbres qui s’inclinent sur leur destin,

Enracinés d’un apparent immobile,

pendant que plus d’un printemps, des saisons alternées

promettent d’autres senteurs, de nouvelles nappes.

On remet de couvert,         pour des années dansées,

à l’égard de temps,     pour nous,        recommencés.

mais en se posant un peu,         la tête sur les épaules,

sous les mêmes ponts, coulent des eaux semblables…

la Saône a conservé sa couleur olive,

et le Rhône le bleu-vert ,                  au long cours,

lorsqu’ils se rencontrent en noces             liquides.

rien ne semble changé,   les enfants jouent toujours au parc

nous avons perdu la clé, ce ne sont pas les mêmes,

qui se succèdent, sous l’œil bienveillant

des mères ,tenant par ailleurs très bien leur rôle

à l’ombre des saules…

On aurait pourtant pensé,       filmée en accéléré,

que l’éternité se déroulait,          recommencée,

comme deux gouttes d’eau,                       dit-on

poursuivant leur cycle

au delà des saisons.

RC    – 5 mars  2013


Sentinelle de la plaine – ( RC )


cloitre ste Trophime  - chapiteau       - 005

photo perso:    sculpture de chapiteau du cloître Ste Trophime Arles 2012

IMGP7266

Photo perso:   Inscription au dessus  du cloître de Ste Trophime      Arles  2012

Grégoire  Alexandre       - 003

photo Grégoire Alexandre, exposée lors des rencontres photographiques d’ Arles 2012

Arles       jeu d'arbre   pano  01

montage de photos perso Arles novembre 2011

IMGP4084

photo perso:    Arles bords de Rhône

Les Alpilles, sont une  série de dents
Une série de barrières
D’ascensions calcaires
Sous le soleil ardent

Qui en prend à ses aises
Suivant      la route des oliviers
Au mistral,           rien à envier
Attendant qu’il s’apaise

Au milieu des jaunes
Comme s’apaisent les pentes
Le fleuve         portant l’eau lente
De       ses bras  de Rhône…

Il faut que je vous parle
De la ville  sereine,
Sentinelle de la plaine
— l’antique cité d’Arles

Au parcours de l’histoire
A capter le soleil
A nulle  autre pareille
Dressée dans le soir,

Prise            dans les filets,
Attrapée   comme une mouche
Lorsque le soleil se couche
….D’eaux,  l’arrose de reflets

Quand elle reprend haleine,
Ses maisons s’animent,
Les ruelles intimes
Aux pourtours des arènes

Aux lanternes, l’éclairage
Comme l’étape souterraine,
La vieille dame, de l’histoire romaine
….ne dit pas son age…

Arles  bas rel   remploi romain   face   ecole nat photo

Puis son monologue
S’habille de parures
Que fait la peinture
De Vincent Van Gogh

Il dit,         le taciturne
Au rayons de son art,
Les platanes des boulevards
Et le ciel nocturne.

La nuit étoilée
Aux parlers chantants
Les cyprès délirants,
Des Alyscamps, les allées,

Comme la Camargue est peinte
En touches serrées
Végétaux  acérés
Dont on garde l’empreinte.

Arles se détend,
et lance des défis
A la photographie

Et …prend le ciel nocturne pour amant.

RC  – 10 décembre 2012

voir  également le  texte  de Xavier Lainé:
et ma « lecture des Alpilles en Crau »    ( écrit de janvier 2012 )

peinture: V Van Gogh: paysage  avec maison

peinture: V Van Gogh: paysage avec maison

peinture: Van Gogh,  Cleveland museum of Art  USA

peinture: Van Gogh, Cleveland museum of Art USA


Philosophie délirante – ( RC )


A la philosophie vivante,
j’associe la délirante
A l’amour magicien
Chacun y met du sien
Dans son beau palais
Cléopatre fait des siennes
Elle a fermé les persiennes
César en faux con maltais
On lui a grillé les neurones
Il monte la garde au fond du Rhône
Caché longtemps dans l’abri liquide
D’une eau pas très limpide

Nerva ( presque César) Getty Villa

Il eût été inspiré de rester à Rome
Sans courir après les fantômes
Ni convertir les celtiques
Par la langue de bois politique
On aurait préféré l’amour magicien
A l’habileté du politicien
Et qu’il laisse ses bataillons
Manger cornichons et graillons.
A force de courser Cléopâtre
Et son profil d’albâtre
Il a loupé l’été,     la plage
Le soleil,     et le bronzage
Et les pieds en éventail
Plutôt qu’un champ de bataille…

cet article  est une réponse complément à celui de JoBougon    :  voir  http://jobougon.wordpress.com/2011/10/12/philosophie-vivante/#comment-2438