Derniers jours d’été sur la Rance – ( RC )

Tu as peint sur tes mots,
comme sur des roses blanches.
Certaines se fanent
et leur tête penche…
Sur les pentes des coteaux,
les pêchers chargés de fruits
portent leur fatigue
las, des derniers jours d’été.
Un nuage lourd d’humidité
a avalé les derniers rayons du soir
Les voiliers s’effacent.
On ne distingue plus les rives.
C’est bientôt la nuit,
les sons s’assoupissent ,
le fleuve ne sait plus
vers quel côté aller.
Il attend de la mer
la brise fraîche
et la marée
Le monde respire dans le silence .
Nous en emporterons un peu
en quittant le pays de Rance…
Gerard Pons – que nous reste-t-il ?
Que nous restera-t-il
sur l’autre rive
qui attendrisse notre exil ?
Sur les rives de nos fleuves
ne tomberont à l’automne
que feuilles de repentir
et sur nos monuments
encadrés par les ronces
d’autres feuilles d’oubli.
Bernat Manciet – Sonet – Le matin croît en toute chose
aquarelle W M Turner
Le matin croît en toute chose
toute chose déclenche un matin
Toi : un matin aux cris de neige
des mouettes pures sur Ambès
je te reconnus à ton rire
piaffé de ciel et de sel
je te reconnais car c’est notre rire
depuis les talons jusqu’au front net
lorsque blanchirent les rives
jusque dans mes paumes ouvertes
je sus que c’était ton jour
jour de mille paupières
blanches tu m’as trouvé à tâtons
tous lendemains ne sont que ce matin
Jusqu’au silence blanc – ( RC )

photo: studio16mmjackinthebooks
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Les pages jaunies des hiers,
Ont gardé la mémoire,
Intacte.
Les rives ont beau être lointaines,
Elles s’inscrivent,
Sans frontière
Au pays où le présent
ne faisait aucun doute.
Peut-on dire qu’il dérive ?
Qu’il sombrera dans l’oubli,
ou la brume,
qui, avec le lointain,
recouvre toute chose ?
Ce sont plutôt les hiers,
qui s’étiolent en notre mémoire,
comme les rides,
creusant un peu plus nos corps,
Jusqu’au silence blanc.
–
RC- dec 2014
d’après un texte d’Isabelle Debiève » Présent désarticulé «
Eric Vuillard – Qu’est-ce que c’est, un fleuve ?

photo: Jan-Joseph Stok
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Qu’est-ce que c’est, un fleuve ? Un peu de boue et beaucoup d’eau.
De l’eau.
Cette chose qui coule.
Il y a, dans un fleuve, une multitude de vies et de morts, de chemins, une multitude de galets, de sable, de rochers, et tout ça se soutenant seul et formant une grande cicatrice où l’eau coule.
Et puis il y a les rives. Au-dessus de ce que nous sommes en secret, il y a les rives, où le fleuve quelquefois déborde, emportant tout ce qu’il peut, mais qui sont d’habitude libres, dans la lumière.
extrait de « Congo » voir les » notes de lecture »
Du corps j’ai perdu l’empreinte – ( RC )

photo: Ivar Ivrig
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Des brûlures noires,
Aux paroles tendues
Se consument encore
Dans un Styx immobile
Quand la pensée se fige,
Etranger à son propre corps,
Un pays natal, où s’oxyde
Une eau au goût,
Qu’on ne reconnaît plus .
Ou seulement le goût
De la cendre,
A regarder s’éloigner,
Toujours davantage,
La rive, les champs.
Ils ne sont plus que surfaces ocres,
Et les arbres une masse sombre,
Un crépuscule du désir,
Et les braises éteintes ;
( du corps j’ai perdu l’empreinte ) .
On y distingue même plus,
Les fleurs piétinées,
Le tout sera bientôt,
Recouvert par un rideau de fumée…
–
RC – 28 novembre 2013
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Xavier Lainé – Que dit ton visage

Lorsqu’en rêves il se concentre
Paupières baissées
Lèvres ouvertes
Sur la source des nuits
S’éparpille en tes cheveux d’ombre