Miguel Angel Asturias – marimba chez les indiens

La marimba pond ses œufs dans les astres…
Oh la la, quel caquet
pour un œuf que tu ponds !
Eh, venez donc le pondre !
La marimba pond des œufs dans les astres…
Le soleil est son coq, il la coche, il la saigne.
La marimba pond des œufs dans les astres.
Oh la la, quel caquet
pour un œuf que tu ponds !
Eh, venez donc le pondre !
Dans les calebasses au trou noir de noix de coco
et aux membranes de tripes tendues il y a des
sanglots de mouches,
de poissons-mouches, d’oiseaux-mouches…
Et le charivari de la perruche verte
et le crépitement de l’oiseau jaune en flammes,
et le vol tournoyant du guêpier bleu de ciel,
et les quatre cents cris du moqueur d’Amérique.
Le moqueur a sifflé, le guêpier a volé
l’oiseau jaune a flambé, la perruche a crié.
Oh la la, quel caquet
pour un œuf que tu ponds !
Eh, venez donc le pondre !
Musique entre les dents et la peur endormie,
jetée par des hommes de pierre-foudre vêtus de blanc,
qui du haut du soleil tendent leur bras de feu
et leurs doigts armés de baguettes brûlées aux longs
cheveux de caoutchouc
qui frappent la face sonore du clavier à peine soutenue
par les fils de quatre couleurs
en bariolant les airs : vert, rouge, jaune, bleu….
Son-roulement de pluie des tissages célestes !
Son-roulement de pluie de la ruche du monde !
Son-roulement de pluie de la sueur des humains !
Son-roulement de pluie du pelage du tigre !
Son-roulement de pluie de la robe de plumes !
Son-roulement de pluie des robes de mais !
Cathy Garcia – printemps païen – végétal

Graines de désir,
Germées à l’ombre,
Au cœur du cœur.
Noyaux de vie,
Toute concentrée
Appelée à croître.
Pousses victorieuses
Et jaillissantes
Dans un premier
Éblouissement!
Feuilles enfants
Déployées,
La tendresse
Du fin duvet.
Rencontre avec l’eau,
Plaisir de la croissance,
Élévation.
Tige vivante,
Souple et caressante,
Tendue, dressée,
Portant ses fruits,
Sa fleur
En bouton secret.
Sortilège de la lumière
Conjuguée au vent
Et à l’amour!
Mystère éclos…
La fraîche merveille
D’un rouge délicat.
Robes de soie et de velours
Aux teintes les plus pures,
Parfums étranges et lourds.
Une corolle épanouie,
Un sexe frémissant,
Totalement offert!
Plénitude éphémère,
Le printemps
Pour lune de miel !
Mona(-s) désacralisée (s) – ( RC )

montage RC
J’en connais certaines
qui dépassent du tableau
et survivent aux vernis
comme si des couches de fards
parvenaient à gommer les rides
et les années.
Seraient-elles allongées
telles Olympias
sur le divan du psychiatre,
reproduites à l’infini
en carte postale,
parées de moustaches,
« les Mona » de Vinci
ont maintenant de la concurrence
avec les Marylin de Warhol,
qui finiront à leur tour
bien esseulées
dans un musée,
parées de robes de verre
à l’épreuve des balles.
– On ne sait jamais :
qu’on veuille s’en emparer
les cacher sous un lit –
( pour satisfaire son appétit
– …d’images)
Des manches et des roses – ( RC )
sur une photo de Daido Moriyama – Hands from Dog and Mesh
Tights, 2014-2015
Va savoir, si ce sont des soeurs jumelles :
Elles prêtent chacune une manche
Quand l’appareil se déclenche .
Ce sont deux demoiselles
qui, pour la photo se figent ;
Elles ne prêtent qu’une partie de leur corps
A l’envers du décor,
Le temps que les tiges
Developpent leur aube
Pour d’autres lendemains :
Et fleurissent sur les mains
comme sur les robes.
on ne voit pas leurs visages,
situés hors de la vision,
ce qui pose la question
de leur âge…
C’est une longue pose,
qui dure quelques années,
mais pas assez pour faner
les pétales et leurs roses ….
–
RC – mai 2016
Danse des lucioles ( RC )

-Il faut bien le dire,
Tu m’as aidé à ôter la robe
Celle des nuages, recouvrant les étoiles
Et dans la nuit scintillante; qui m’attendait
S’échangent les avions d’argent
Vers les destinations lointaines
Peut-être celles des bonheurs partagés
Et la danse des points dans le sombre,
Celle des lucioles
S’appuie sur les traits fugaces
Des comètes, dessinant à la lumière
Sans les craies, sur la tableau d’ardoise de la nuit.
Et tu rassembles aussi les clins d’oeil,
Des lucioles,— la danse des anges,
Avec le pont des heures couchées
Sans les ballerines, avec la forme de ton sourire
En équilibre, quelque part – ballon léger
Au dessus,corsage transparent, de mon sommeil….
RC – 03 mars 2013
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inspiré du texte de Colette Fournier,( Phedrienne ) ci dessous, …………..et visible sur http://colettefournier.com/2013/01/27/5-heures-du-matin/
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J’ai parcouru la nuit à grandes enjambées
Franchi le pont des heures couchées
La nuit est amicale, elle sourit à la vie
Cachée sous les étoiles, et puis,
Elle a une allure folle dans sa robe ajustée
Son corset bleu marine et ses douces ballerines
Je l’ai suivi marchant à pas silencieux
Sur ses traces fuyantes de danseuse invisible
Et me voilà debout sur une crête noire
Un si drôle de perchoir, où je ne pense plus
Mais laisse traverser les comètes en goguette
Quelques anges déchus aux ailes harassées
Moi je suis sans fatigues, mais aussi sans idées
Une tête noctambule, ballon hydrogéné
Qui implosera peut-être en laissant dériver
Une petite luciole espiègle et inspirée !
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Horatu, traduction du mot luciole en japonais, est un astre qui vole au bord de l’eau et annonce l’été aux japonais. Deux sortes de lucioles différentes par leur « style de vie » : le genji-botaru (12 à 18 mm) qui vit au bord de l’eau douce et le heike-botaru (8 à 10 mm) qui préfère les rizières et les eaux stagnantes, se nourrissent de colimaçons. Elles font partie des espèces aquatiques au stade larvaire parmi les dix répertoriées dans le monde, ce qui semble normal étant donné la géographie du Japon et des iles environnantes.
Guillevic – Elégie
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Élégie
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Je t’ai cherchée
Dans tous les regards
Et dans l’absence des regards,
Dans toutes les robes, dans le vent,
Dans toutes les eux qui se sont gardées,
Dans le frôlement des mains,
Dans les couleurs des couchants,
Dans les mêmes violettes,
Dans les ombres sous les hêtres,
Dans mes moments qui ne servaient à rien,
Dans le temps possédé,
Dans l’horreur d’être là,
Dans l’espoir toujours
Que rien n’est sans toi,
Dans la terre qui monte
Pour le baiser définitif,
Dans un tremblement
Où ce n’est pas vrai que tu n’y es pas.
Guillevic (« Sphère » – éditions Gallimard, 1963)
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