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L’homme qui marche est LE mouvement – ( RC )


Sculpture – Giacometti – l’homme qui marche

L’homme qui marche file :
en interprétant la sculpture,
on ne se fie qu’à son allure
traversant la terre aride.
Il distribue les heures vides
en allongeant le pas.


Il l’allonge tant, que les pieds
ont leur poids de présence.
Il faut marcher, marcher toujours
et peut-être ne pas laisser de traces…

Ailé comme la victoire de Samothrace,
l’homme s’est fixé une destination,
but ultime de son parcours,
mais on ne la connaît pas…

Le corps paraît porté
par son déplacement régulier.
Les bras sont plus légers,
ils pourraient tomber
ou devenir des ailes.

( poids superflu de métal,
même de bronze patiné)
on ne va pas s’encombrer,
une vie entière
à porter ces bras de pierre …

Ainsi la flèche de l’archer
une fois décochée,
prend plus d’importance
que la cible, malgré la distance.

Le corps en déplacement
est toujours LE mouvement .


.sculpture Rodin : l’homme qui marche

RC


Blancs muets – (Susanne Derève)


Rodin - -

      Le Secret – Auguste Rodin  (1910)

 

 

Blancs muets
L’espace de silence du ciel
du lever du jour jusqu’à sa longue descente
vers la nuit
le langage retenu
les non-dits
l’e dérobé de l’indicible
(la page blanche du souvenir)

****

Blanc virginal
Petites mains pressées
l’aiguille s’affaire sur les voiles gansés
tulles crêpes aubes
ourle faufile
ardente
sous la lampe

****

Blanc repentir
Cette autre main tachée de plâtre
épurant patiemment la matière
y traçant les lignes de vie
gommant le trait
pour en tirer obstinément
une poussière aveugle inanimée

****

Et d’elle au souvenir bien moins
qu’un voile de mariée,
l’épaisseur d’une plume au vent,
la transparence végétale
d’une fleur de printemps
l’aile ténue d’un soupir


L’habit de l’écrivain – ( RC )


https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/originals/d1/e5/6f/d1e56fdf00ebd220dd4ea8db7b105e40.jpg

C’est comme l’histoire de la petite graine
Abandonnée dans un champ,
        qu’un oiseau, en volant,
        ne pense pas qu’il sème
        ce qui va devenir
        un futur géant
dont le feuillage secoué par le vent
va lentement s’épanouir.

De même,        l’habit de l’écrivain
ne se limite pas à la personne :
la robe de bronze ne fait pas l’homme
( ainsi le géant sculpté par Rodin ) .
Une houppelande,           une casaque…
             juste l’emprise du matériel ,
ne pouvant cerner l’essentiel :
              la figure massive de Balzac .


RC – juin 2017


A l’intérieur du marbre ( RC )


photo perso: Musée Rodin, Paris 2009

 

 

 

 

A  l’intérieur du marbre

Elle occupe tout l’espace
Ne laisse que peu de distance
Entre deux passages  d’oiseaux.

Un blanc liquide
Qui prélève le regard
Et ne le rend pas.

Elle ôte aussi le relief
Et les ombres …
Il n’y a plus d’épaisseur

Palpable
Que celle  que parcourent
Les doigts hagards

Livrés à eux-même
– et sans limite
A l’intérieur  du marbre.

RC    –  11 novembre 2012

photo perso:        Rodin,      Musée Rodin            Paris 2009

Naturellement  la sculpture  de Rodin, permet  de belles  choses, mais  chacun  a son « interprétation » de l’artiste…   voir par exemple  le dossier  Rodin de Vincent Gauthier


Matités et brillances ( Rodin) – (RC)


sculpture: Rodin, musée Rodin, photo perso 2010

Le regard parcourt matités et brillances
Qui se lovent dans les empreintes des mains

Elles ont saisi le bloc, trituré la glaise
Torsadé les corps,   modèles –

Rodin: Cathedrale

En tensions musculaires, en force figée de bronze
Des pesanteurs de bures de métal

S’assourdit en creux,       dérapages de lisses
La lumière joue des creux et des têtes

Mais n’arrête pas l’homme qui pense
L’homme qui marche et          – dense

Car dense , le corps dressé d’un bloc

Un homme, un bloc,                     Balzac

Bronze, sentinelle de l’esprit
Indifférent à l’oxydation verte
Au jardin du parc,                   présence
Intemporelle, comme celle des mains

Les mains-cathédrale, la sculpture du vide
La césure laissée au marbre

Pour qu’en creux, la pensée respire, et soit…
Celle de Rodin,          – et nous accompagne.

RC      25 avril 2012

The eyes runs  through shine and matte effects
Which are coiled in the handprints

They seized the block, triturated clay
Twisted bodies,      models –

In muscle tension, static strength of the  bronze
Weight                             of  the metal burdens

Is deafening hollow, smooth skids
Light plays between heads and hollows

But the thinking man does’nt  stop
The man who walks , and –     dense

Dense,because, upright body as a block
A man, a block,                    Balzac

Bronze                  sentinel  of mind
Indifferent to the green oxidation

In the garden of the park, timeless presence
like the hands

Hands-cathedral,      sculpture of the emptiness

The break left in the marble

For that , hollows,      thought breathes,        and will be…
That of Rodin –   who accompanies us.

sculpture: Rodin, musée Rodin, photo perso 2010 : le sommeil