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Articles tagués “rosée

Age d’or – (Susanne Derève) –


Photographie RC (Lozère)

                       
Le jardin le mur 
les sapinières
le dos nu de la montagne

Si loin que porte l’oeil
les courbes se succèdent jusqu’à cerner 
le ciel   

Moi qui emprunte des chemins détournés                                                                                    
de rocaille et de pierre
le lézard me dit "hâte-toi"
et je lui donne à boire
la rosée de la nuit

si pâle ce matin 
- peut-être de l’averse -
L’orage avait fendu les fruits
et les guêpes à midi 
creusaient 
l’entaille brune

Blonde était la lumière
qui s’attardait ce soir 
sur la montagne 
au-delà du jardin du mur 
de la frange bleue des sapins
et du vieux pont sur la rivière

 
 


Djamal Benmerad – neutre et mort


peinture Bram Van de Velde
    

Tu n’entends pas
la rosée du matin
ni le souffle du vent
dans les bois
ni le rire moqueur de la mouette
Tu ne vois pas le vif
des cerises pulpeuses
Tu ne connais pas
le mal de la torture
Tu ne sens pas
sous tes doigts
la chair frissonnante
de la nubile

Tu ne te bats pas

En vérité
tu es déjà mort
ou presque

Le métier d’exil
Ici on ne meurt pas
on rampe

La visière de l’exil
projette de l’ombre sur nous
et ennuage nos rêves

Ô camarades !
Si mon absence se prolonge
l’écharpe risque de ternir
et je n’hériterai d’aucun baiser
que j’aurais donné

extrait de l’anthologie « points » de la poésie algérienne

poèmes et  autres tracts, Éd. Rebelles, Belgique, 2004.

voir aussi le site de l’auteur


J’attendrai que la lune se lève au-dessus du pont rouge – ( RC )


nuit sur le pont du lac Hoan

Est-il vrai que les gouttes de rosée
tombent des yeux de la nuit ? *
Alors j’attendrai que la lune se lève
au-dessus du pont rouge
et qu’elle me sourie,
flottant dans le reflet de la rivière,
alors que les feuilles s’enfuient
pour emprunter ton âme aux nuages…

*(deux vers empruntés à Rabindranath Tagore )


variation sur texte de
Lambert Savigneux

Si tu me demandes où je veux être
Avec toi sous la Lune
Je t’attends sur le pont rouge
Une larme a coulé de la Lune
Le pont rouge est une bouche
Veut-il manger la Lune ?
Sous les arches il y a une barque
L’eau et les fleurs et ton sourire
La lumière de la Lune
Inonde sur la rivière
sur le vieux pont
Nous regardons les feuilles passer.


Théo Léger – les dieux


ESPACE VEDIQUE: CREATION ET FIN DU MONDE /SCIENCE VEDIQUE
Brahma créateur du monde


Les beaux, les nobles, ce sont eux sans nul doute
qui nous donnèrent le feu et la rapide roue au caisson du char.
Le globe qui traverse en volant la Neige et l’Avril,
à l’Homme et à l’Abeille ils l’ont donné.

Sur le rivage de la mer des Ténèbres où. la Terre se noie
ils édifièrent leur palais. La demeure, ils la bâtirent
dans la flamme et le sifflement des vipères
pour que dansent la danse des masques, les sauvages.

Ils donnent mesure au Temps aérien, ils font rouler les soleils
mais ils ne savent rien des puissants ateliers
enclos dans la goutte de rosée aux ramures de l’Arbre de Mai
qui forgent sans répit la création du Monde.

(Théo Léger- 1960)


Maria Geovani Silva Pires – aubes profondes


tentative de traduction de cette auteure brésilienne

Maria Geovani Silva Pires

Dans les aubes profondes
Je suis rempli d’amour pour l’infini
et c’est seulement maintenant que je comprends …
que mes mains ont été modelées pour te contenir,
apportant deux bols pleins et moelleux …
qu’ils tiennent tremblants,
et se soulèvent mes lèvres assoiffées …
Ils servent mon anxiété
et mes espérances,
comme un vin de douceur ,
délices aux saveurs indescriptibles,
que mes lèvres sirotent
entre baisers et caresses d’amour.
Dans la matinée tranquille qui se blottit,
la rosée est déjà présente
sur herbe molle.
Dans la douce paix d’un nid parfumé,
Je te veux à côté de ma poitrine d’amant qui …
dit qu’un rêve ne s’effondre pas du jour au lendemain
et tous les rêves n’ont pas été faits
pour être défaits.

Nas madrugadas profundas
me encho de amor pelo infinito
e só agora compreendo…
que minhas mäos foram modeladas para conter-te,
trazer duas taças cheias e macias…
que elas sustentam trêmulas,
e erguem aos meus lábios sedentos…
Elas te servem a minha ansiedade
e aos meus desejos,
como um vinho de doçura
e delícias de indescritível sabor,
que meus lábios väo sorvendo
entre beijos e carícias de amor.
Na serena manhä que aconchega,
o orvalho já se faz presente
na relva macia.
Na doce paz de um ninho perfumado,
quero-te junto ao meu peito amante que…
Diz que näo se desfaz um sonho da noite para o dia
e nem todos os sonhos foram feitos
para serem desfeitos.


Gabriela Mistral – Pudeur


See the source image

dessin – A Watteau

Si tu me regardes, je deviens belle
comme l’herbe qui a reçu la rosée,
et ils ne reconnaîtront pas ma face glorieuse,
les grands roseaux quand je descendrai à la rivière.

J’ai honte de ma bouche triste,
de ma voix cassée et de mes genoux rudes;
maintenant que tu es venu et m’as regardée
je me suis trouvée pauvre et me suis sentie nue.

Tu n’as pas trouvé de pierre dans le chemin
plus dépourvue de lumière dans l’aurore
que cette femme sur qui tu as levé
les yeux en écoutant son chant.

Je me tairai pour que ceux qui passent
dans la plaine ne connaissent pas mon bonheur
à l’incendie qu’il met sur mon front grossier
et au tremblement de ma main…

C’est la nuit et l’herbe reçoit la rosée;
regarde-moi longuement et parle avec tendresse,
car demain en descendant à la rivière
celle que tu as embrassée aura de la beauté.


James Joyce – musique de chambre – XVII


 

 

 

femme ange.jpg

photo  Francesca  Woodman

 
XVII

Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi
Sur mes lèvres et mes paupières,
Rosée de nuit repose là.

Le vent fleurant tisse en concert
Tous les soupirs comme des voix
Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi !

Près du cèdre là je t’attends,
O toi ma sœur et mon amie,
Ô colombe de ton sein blanc,
Ma poitrine sera le lit.

Pâle rosée vient se poser
Comme un voile par-dessus moi.
Ma colombe, belle et aimée,.
Eveille-toi éveille-toi.

 

 

My dove, my beautiful one,
Arise, arise !
The night-dew lies
Upon my lips and eyes.

The odorous winds are weaving
A music of sighs :
Arise, arise,
My dove, my beautiful one !

I wait by the cedar tree,
My sister, my love,
White breast of the dove,
My breast shall be your bed.

The pale dew lies
Like a veil on my head.
My fair one, my fair dove,
Arise, arise !


Yanka Diaghiléva – Nous attendons les temps nouveaux


IMGP0024.JPG

photo: Boris Wilensky

 Nous attendons les temps nouveaux
Qui vont tomber du ciel,
Mais nous ne voyons que des cordes
En attendant.
Il va venir pourtant,
Il va venir nous consoler,
Nous comprendre et nous sauver,
Donner à chacun son dû
Puis tous nous vendre
Pour une poignée de roubles.
Il va nous rendre notre joie,
Suffit de se remettre en rangs :
Enveloppés dans un drap
Les pieds dans la rosée
Le nez dans le sens du vent
Tous nous serons recomptés –
Depuis les idées stériles
         jusqu’aux ossements inutiles,
Depuis les portes fermées
         jusqu’aux bêtes inhumées,
Depuis les oreilles assourdies
         jusqu’aux chassés du paradis,
Depuis les invités au bal
        jusqu’aux nuques percées d’une balle.

 

 

quelques informations  sur  l’auteur


James Joyce – Ma colombe


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montage-peinture: Max Ernst

 

My dove, my beautiful one,
Arise, arise !
The night-dew lies
Upon my lips and eyes.

The odorous winds are weaving
A music of sighs :
Arise, arise,
My dove, my beautiful one !

I wait by the cedar tree,
My sister, my love,
White breast of the dove,
My breast shall be your bed.

The pale dew lies
Like a veil on my head.
My fair one, my fair dove,
Arise, arise !

 

XVII

 

 

Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi
Sur mes lèvres et mes paupières,
Rosée de nuit repose là.

Le vent fleurant tisse en concert
Tous les soupirs comme des voix
Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi !

Près du cèdre là je t’attends,
O toi ma sœur et mon amie,
O colombe de ton sein blanc,
Ma poitrine sera le lit.

 

Pâle rosée vient se poser
Comme un voile par-dessus moi.
Ma colombe, belle et aimée,
Eveille-toi éveille-toi.

 

  • extrait du recueil  « musique de chambre « 

Je ne sais rien du jour qui vient – ( RC )


IMG_3872_x7.jpg

 

Hier devait aussi être incertain pour nos pères .
Pour ne pas se perdre,     comme le petit Poucet,
ils ont laissé des temples aux marches de pierre,
avant d’entrer dans la courbure de la terre.

Des forêts ont pris leur essor,
leur foisonnement s’est épris du vent,
leurs racines ont fouillé le temps,
jusque aux ossements de ceux qui ont vécu .

Mille vies ne changeraient rien :
ni aux soleils et à leurs éclipses,
ni à la rosée du matin,
déposée sur les herbes

Je ne sais rien du jour qui vient.

RC – avr 2017


F-R de Chateaubriand – les chasseurs ( de Atala )


 

 

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Les chasseurs (fragment)

Chaque soir nous allumions un grand feu et nous bâtissions la hutte du voyage,
avec une écorce élevée sur quatre piquets. Si j’avais tué une dinde sauvage, un ramier,
un faisan des bois, nous le suspendions devant le chêne embrasé, au bout d’une gaule
plantée en terre, et nous abandonnions au vent le soin de tourner la proie du chasseur.
Nous mangions des mousses appelées tripes de roche, des écorces sucrées de bouleau,
et des pommes de mai, qui ont le goût de la pêche et de la framboise.

Le noyer noir, l’érable,le sumac, fournissaient le vin à notre table.
Quelquefois j’allais chercher parmi les roseaux une plante,
dont la fleur allongée en cornet contenait un verre de la plus pure rosée.
Nous bénissions la Providence ou sur la faible tige d’une fleur avait placé cette source limpide au milieu des marais corrompus, comme elle a mis l’espérance au fond des cœurs ulcérés par le chagrin comme elle a fait jaillir la vertu du sein des misères de la vie.

François-René de CHATEAUBRIAND
« Atala »


M2L – Roses des sables


desert roses -

photo-  montage  perso

 
Entendez-vous les flots de larmes dans le désert ?
Roses des sables qui fleurissaient à la nuit,
Mon rêve à la rosée du matin s’est enfui.
Vous me laissez ainsi,
Meurtri,
Flétri.
Sans vie.

Baignez-vous dans l’eau de mes douleurs amères.
Les yeux vers l’infini, effeuillant les années,
Je flotte sur les larmes de l’ espérance envolée.
Et moi qui reste ainsi,
Meurtri,
Flétri.
Sans vie.

Je suis misérable, sans arme, à découvert !
Roses des sables qui dansaient la lune venue,
Je ne puis revivre les joies de l’enfance perdue
Vous me laissez ainsi,
Meurtri,
Flétri.
Sans vie.

Roses des sables, vieillissant le cœur ouvert
J’ai tant espéré d’une vie remplie d’éternité.
Fleurs du désert, j’embrasse la fatalité
Et comprends aujourd’hui
Le cœur meurtri,
Flétri,
Ce qu’est, à l’aube de ma nuit, le sens de la vie.

Ecoutez le chant des regrets dans le désert.

———

Sand Roses
~ © M2L

Do you hear floods of tears in the desert ?
Sand roses that flourished in the night,
My dream in the morning dew ran away.
You let me so,
Bruised,
Withered.
Without life.

Take bath in the water of my bitter pain.
Eyes toward infinity, picking off years,
I float on the tears of expectancies flown away.
And me which thus remains,
Bruised,
Withered.
Without life.

I am miserable, unarmed, uncovered!
Sand roses that danced at moon coming
I can not relive the joys of childhood lost
You let me so,
Bruised,
Withered.
Without life.

Sand roses, aging open heart
I so hoped a life filled with eternity.
Desert flowers, I embrace the fatality
And understand today
The bruised heart,
Withered,
What is, at the dawn of my night, the meaning of life.

Hear the song of regrets in the desert.

—-

voir le blog  de M2L « Vertige  de l’oiseau »


Être et arbre – ( RC )


Tree of Eternity 0

Tu voles de branche en branche,
Dans ton mouvement,      secouant la rosée,
Accrochée sur les feuilles.
Je veux te rejoindre.
Tu n’es pas si loin .
Je fais quelques pas dans le jardin .
Je suis sous l’arbre où tu t’es assise.
Celui-ci est couvert de mousse.
Je m’appuie dessus,     et ma main s’enfonce,
Elle disparaît.
Le tronc m’appelle ainsi.
Mon bras suit la main.
Plus loin.
Comme si une porte s’ouvrait.
Jusqu’alors dérobée au regard humain.
J’y entre tout entier.
La  porte se referme,
Je n’y vois plus rien.
Juste quelques rais de lumière
Passant dans les fentes du bois.
Il se passe quelques heures,
Il y fait             humide et chaud.
                    J’y suis bien.
Je n’entends plus ta voix.
J’ai dû tomber dans un profond sommeil.
Je me réveille.
Je veux bouger.
Ce n’est pas la peine …
Toute une  série de fibres m’enserre,
Me relie à l’intérieur.
               De mon corps des excroissances
Venues des épaules,          de mes doigts,
Font corps     avec le creux que j’habite.
Mes cheveux se sont fondus
Dans une écorce intérieure moelleuse.
Je ne cherche pas à me débattre,
A retourner  d’où je viens.
D’abord                je ne le pourrais pas.
Je m’habitue    à d’autres sens,
D’autres sensations,
Et celle toute particulière,
Du sang,    remplacé peu à peu
Par la sève,    qui me traverse.
Elle monte en moi,
Par les racines,
Que j’arrive à situer…
               Mieux…                  à sentir
Une sève légèrement amère et sucrée,
Fluide,                       très  fluide…
D’instinct je sais la distribuer,
Identifier les branches,
Le poids du feuillage,
Et d’où vient le vent.
                       Tu es assise assez loin du sol.
Tu as ta place favorite.
De temps en temps tu t’envoles,
Mais reviens me rendre visite.
                Tu sais que mes mains sont larges,
                             Et que je t’attends.


RC – oct 2014

 


Pierre Reverdy – chemin tournant


photographe non identifié - rencontres  d'Arles

photographe non identifié – rencontres d’Arles

Il y a un terrible gris de poussière dans le temps
Un vent du sud avec de fortes ailes
Les échos sourds de l’eau dans le soir chavirant
Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant
des voix rugueuses qui se plaignent
Un goût de cendre sur la langue
Un bruit d’orgue dans les sentiers
Le navire du coeur qui tangue
Tous les désastres du métier

Quand les feux du désert s’éteignent un à un
Quand les yeux sont mouillés comme des
brins d’herbe
Quand la rosée descend les pieds nus sur les feuilles
Le matin à peine levé
Il y a quelqu’un qui cherche
Une adresse perdue dans le chemin caché
Les astres dérouillés et les fleurs dégringolent
A travers les branches cassées
Et le ruisseau obscur essuie ses lèvres molles à peine décollées
Quand le pas du marcheur sur le cadran qui compte
règle le mouvement et pousse l’horizon
Tous les cris sont passés tous les temps se rencontrent
Et moi je marche au ciel les yeux dans les rayons
Il y a du bruit pour rien et des noms dans ma tête
Des visages vivants
Tout ce qui s’est passé au monde
Et cette fête
Où j’ai perdu mon temps

 

Pierre Reverdy, Sources du vent, Poésie/Gallimard


Pierre Mhanna – Amour et silence .


image  - montage  perso  2012

image – montage perso 2012 à partir de document  de serguei Ivanov

 

Amour & Silence

( 12 petits textes  comme des haÏkai de Pierre Mhanna)… consultables  dans la langue  d’origine, sur son site…

————-

Silence cristallin,
au cœur d’une goutte de rosée
la fusion dans le ciel.

~ Cadence de silence –
Un troupeau de papillons
Brûlant dans mon âme.

~ Dans ton éclat de simplicité
coule ma vie
toi fleur de jasmin.

~ Silence crépusculaire,
ma vie luisante
dans la première étoile de la soirée.

~ Vaisseau de silence,
Que les cires d’un coeur vide
soient plus étendues que le ciel.

~ Comme l’aube
Cajole la fleur
Votre souffle dans mon coeur

~ Silence résonnant,
La dernière voix du crépuscule
fusion des gouttes de vin dans le ciel.

~ Disparus bientôt
ces nuages mouvants,
crépuscule du silence.

~ Soleil du matin,
chaque goutte de rosée
une fleur.

insouciant le papillon
au milieu des fleurs blanches,
un nuage dans le ciel.

~ ton parfum
Avec la brise de l’aube
M’appelait à la maison

~ Mes yeux
– deux étoiles arrosées
dans la mer de ton feu.

– (tentative de traduction – interprétation : RC )

 

 

LOVE & SILENCE

Crystalline silence,
the heart a dewdrop
melting in the sky.

~

Cadence of silence –
A flock of butterflies
Burning through my soul.

~

In your simple glow
my life flows
you jasmine flower.

~

Twilight silence,
my life shining
in the first evening star.

~

Vessel of silence,
The empty heart waxes
Wider than the sky.

~

As the dawn
Coaxes the flower
Your breath in my heart

~

Resonant stillness,
The last voice of dusk melting
Winedrops in the sky.

~

Soon to vanish
these moving clouds,
twilight silence.

~

Morning sun,
every dewdrop
a flower.

~

Carefree butterfly
amid the white flowers,
one cloud in the sky.

~

Your scent
With the dawn breeze
Calling me home

~

My eyes –
two stars doused
in the sea of Your fire.

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Esther Nirina – Parle du pays où il pleut des pierres de topaze


peinture:        Joan Miro. Constellation

 

 

 

Parle du pays
Où il pleut
Des pierres de topaze
Rosées suspendues
Sur toile d’araignée

La distance
N’est plus.

Le pont
Se situe

Entre révolte
Et la barque de prières

Il est temps
De tendre l’ouïe
Aux confidences
De la conscience
Sans s’écarter jamais
De l’œil locomotive
Qui glisse
Dans la nuit du sentier souterrain
Par où

La solitude n’est
Que terre liquide
Qui amasse la mémoire
Du futur

Poème tiré de la partie « De l’obscurité au soleil » du recueil Lente spirale d’Esther Nirina ( auteur Malgache)

 


Poème des rosées ( en réponse à Xavier Lainé)- RC


peinture: Nesch Rolf  oiseau tombant   1939

peinture: Nesch Rolf               oiseau tombant           1939

Il est ainsi ton chant d’oiseau,
Qu’il parcourt les espaces,
Et sans deviner sa trace,
Particules de poussières et mots

Tu traverses frondaisons obscures,
Verticales de béton,
Hautes collines et monts,
Et roches les plus dures,

A venir, aux esprits déposées,
Un message, un poème
Exposé, sans théorèmes,
Dans la fraîche vapeur des rosées.

RC   – 2 juillet 2013

–  en réponse  à Xavier  Lainé: dans ses  chroniques  de la poésie

et que je pourrais  compléter  aussi par cet extrait de Marie-José THÉRIAULT,

Sur le papier tes lignes bleues formaient des mots que je n’ai pas compris très vite tant ils dansaient, des oiseaux ont chanté, je ne les avais jamais entendus, l’un d’eux secouait même de très belles plumes, ce n’était pas encore tout à fait ça mais on aurait presque juré que se levait un matin jaune.


THÉRIAULT, Marie-José, Invariance suivi de Célébration du prince, Le Noroît, 1982.


Sylvia Plath – Ariel


peinture:  Hans Hartung

peinture:         Hans Hartung

 

Ariel

 

 

Stase dans l’obscurité
Ensuite le bleu sans substance
se déverse dans le tout ou rien et les distances

Dieu est une lionne,
comment de l’un nous poussons
pivot des talons et des genoux ! Le sillon
sépare et passe, sœur vers
l’arc
du cou que je ne peux saisir
Œil de nègre
baies des crochets d’un rôle obscur —
noir et tendre sang plein la bouche,
ombres.

Quelque chose d’autre
me traîne au travers de l’air –
fémurs, cheveux;
flocons de mes talons.
Blanche
Godiva, je t’épèle –

Et maintenant je
suis écume de blé, éclats d’océans.
L’enfant pleure
il se fond dans le mur.
Et moi je suis la flèche
la rosée qui vole,
suicidaire, à l’un allant tout droit
dans le rouge
Œil, le chaudron du matin.

 


Les horizons encore, derrière (RC)


peinture: Erich Heckel:        chevaux blancs        1912

Il y a tant  d’horizons encore, derrière la tombe du silence,
Tu peux partir blessée, à déchirer la lune
Et l’image de l’aimé,
T’enfoncer dans les ornières,        et t’égarer en chemin
Les oiseaux de passage, – ils ne te prennent pas ta voix,
Mais de la leur,                      te montrent, au petit matin,
Le jour naissant,                     dans ses habits de rosée,
Et la voie, un chemin ténu
Qui finit bien,                                                      un jour

Par sortir de l’hiver

 

RC –   30 avril 2013

voir le blog de phedrienne:


Vêtement de rosée ( RC )


Une pause en prose,

En vêtement de rose

Habillé  seulement  de rosée

Et d’un vent frais  –  et osé,

C’est un voyage tendre

A celui qui sait attendre

Une caresse déposée

 – Le fruit de tes baisers…

 

 

RC  23 septembre 2012


neige végétale ( RC )


 

 

Il a neigé, dans mon allée
Tant de pétales, de fleurs fanées
Depuis que tu t’en es allée
Maintenant,      et en années.

En larmes blanches, déposées
Sur le profil d’hier
Qui me contait         ta lumière
Aujourd’hui, recouverte de rosée.

RC –  10 septembre 2012

 

 


Béatrice Douvre – Le jardin


peinture: John Singer Sargent dames au jardin 1910

 

 

en provenance  du site   » la pierre et le sel »

 

Le jardin

Arrête-toi au fond de ce jardin
Pour l’air et pour le peu de roses
Arrête-toi, je te rejoins
Tu es plus belle que mon attente
Plus terrible encore quand le temps cesse
Car tu as cessé de vivre dans le temps
Mémoire
Poussant le grillage de fer
Pas à pas sur les terres humides
De la rosée plus que le jour
Je te rejoins
Il n’y a plus personne dans ce jardin
Les quelques pas avaient gravé la terre
C’était mon pas
Ô disparue derrière les ronces.

Poème isolé, écrit en 1989 et 1993, publié par la revue Linea, n° 4, été 2005, p. 14