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Carnets de dessins de Provence – ( RC )


dessin RC , environs de La Tour d’Aigues

A chausser les sandales de l’enfance,
te rappelles-tu des champs de Provence ?
Tu n’avais pas à ouvrir ton herbier,
le vent poussait ses vagues dans le blé,
comme dans la farandole
de la voix du mistral
soufflant par rafales
sur le plateau de Valensole.

Tu l’as parcouru à pied,
en sortant ton carnet à dessins.
De jeunes lavandes
déroulaient leurs points
avec de curieuses perspectives,
où le feuillage argenté
des oliviers, voisine celui, plus léger
de la promesse des amandes.

Contre les montagnes lointaines,
je me souviens de la teinte rousse
tirant sur le brun de Sienne,
opposée aux vertes pousses
des rangées de vignes
étagées sur les pentes ,
offertes à la cuisson du soleil.

Tu en parcours les lignes,
un soleil de miel
sous tes sandales de silence.
Les ceps crient
dans l’impatience
d’une lumière de braise
aux senteurs de la garrigue.

Bousculés dans les croquis
d’encre et de fusain,
sont-ils l’essence
de la morsure du midi
que rien n’apaise ,
calmés seulement
par la douceur de lait des figues…?


Abdelkebir Khatibi – Dédicace à l’année qui vient


extrait du recueil  » Dédicace à l’année qui vient »

 

Résultat de recherche d'images pour "dante rossetti peinture"

peinture D G Rossetti – Matin musique – 1864

 

La blonde d’antan
Et la rousse d’autrefois
Tant de belles ténébreuses
Pour mes jours ensoleillés
Aux quatre points cardinaux

Chaque saison les étrenne
De quelques rayons de miel
Et chaque anniversaire
Renouvelle ma grande promesse
Oublier ce qui s’oublie
Et aimer ce qui se perpétue
Sur le cadran du Paradigme :
Pensée du jour retour de la nuit

Je ne sais
Si le partage d’un secret
Tresse
Comme un tapis déroulé
La posture du corps
Je ne sais doublement
Mais je sens le transport
D’un regard à l’autre
M’accordes-tu
Le rite de ta grâce ?
L’émerveillement du Nom ?
Leur procession ?


Envahissement du ciel , par le corps d’une géante – ( RC )


https://petitemelancolie.files.wordpress.com/2011/10/raoul-ubac-nu-couchc3a9-solarized-silver-print1938.jpg

photo: Raoul Ubac  –  nu solarisé   1938

 

 

Flottante, entre deux peaux,

Ou bien ayant quitté un temps la terre …

C’est un nuage de chair,

– Ainsi l’indique la photo.

 

L’envahissement du ciel,

Par le corps d’une géante :

Confisquées:  les montagnes et leurs pentes ,

Battement à tire d’elle…

 

Peuplée de formes blanches,

Il n’y a de neige douce,

Que cette peau de rousse,

Et vers nous elle penche.

 

Souffle une brise dans tes cheveux,

  • As tu froid, ainsi découverte ,
  • Quel message, portent tes lèvres entr’ouvertes ?
  • Que nous confient tes yeux ?

 

Tu prends tout l’espace de la vision

Occupes la totalité du paysage,

Nous protégeant des orages ,

de leur sourde invasion :

 

Prenons nos désirs     pour la réalité,

Allons nous réfugier sous le parapluie,

De son corps : un prélude à la nuit,

>         Indulgence et sensualité .

 

Une ondulation des hanches ,

Répand des sourires sur la ville,

Le creux de ton nombril est une île,

Où pas un cyclone ne se déclenche .

 

Et de ces syllabes à détacher,

S’il faut parler    mété-o,

Je préfère     t’aimer haut

Ayant quelque mal à m’arracher

 

A l’humaine condition …

Pour admettre que les caresses,

Conviennent aussi aux déesses ,

( et qu’il peut pleuvoir en émotions ).

 

 

RC –  sept  2015


Main-mise de la sécheresse – ( RC )


photo perso -  route de Ouazazate Maroc

photo perso –                  route de Ouazazate                   Maroc

Je suis des yeux le mince ruban d’un chemin

Il progresse lentement entre les pierres,

Un convoi laisse sa trace, en ruban de poussière

Derrière on ne distingue pas encore les engins,

La main-mise de la sécheresse est partout,

Elle a mis à nu les pentes rousses,

Où aucune plante ne pousse,

Et aucun arbre n’est debout.

En s’aventurant dans les creux,

Des maisons d’argile se dressent,

La fantaisie les délaisse,

Elles se distinguent à peine du sol rocheux.

Au pied de pentes raides,

Quelques palmiers      survivent,

Bordée de roches coupantes, la rive

A peine humide,          de l’oued…

Le regard des enfants a l’éclat de la fièvre,

Il n’y a pas d’herbes,  mais un sol orange.

On se demande        ce que mangent,

Les quelques troupeaux de chèvres…

Tu as le visage cuivré au grand air,

Buriné de rides,

Cuit au soleil de l ‘aride,

Offrant du cuir, plutôt que de la chair.

L’astre du jour monte en puissance,

Tant, que l’éblouissement prolifère,

Et           la mince croûte de terre,

S’ouvre en béances,

Sans ombre protectrice,

Ce sont d’abord   quelques fissures

Puis sol se lézarde  en brisures,

Aux plaies du sacrifice.

Sous l’abri des tentes berbères  ;

Le thé à la menthe …..

Et les heures passent,       lentes,

Aux portes du désert…

RC – 17 novembre  2013

 

photo perso - Maroc   octobre 2013

photo perso –                       Maroc octobre 2013


Pierre-Jean Jouve – Lisbe


peinture        Egon Schiele          couple d’amants        -1913

LISBE

Des ressemblances nous ont égarés dans l’enfance
Etions-nous donc du même sang
Des merveilles se sont passées qui nous ont fait peur
Près des édredons de pleur et de sang rouge
Etions-nous du même sang quand je rencontrai ta blondeur
Avions-nous pleuré les mêmes larmes dans les cages
Et quels attentats en de secrètes chambres
Nous avaient faits aussi à nu que nos pensées ?
O mort il me revient des sons étranges
O vive et un peu rousse et la cuisse penchée
Tes yeux animaux me disent (velours rouge)
Ce qu’un génie n’ose pas même imaginer.

PJJ

et pour  faire transition avec mes   « yeux  fertiles  du temps », ce texte  de José Gorostiza

 

LE RIVAGE

Ni eau ni sable
n’est le rivage.

Cette eau sonore
d’écume simple,
cette eau ne peut
être rivage.

Pour reposer
en lieu moelleux,
ni eau ni sable
n’est le rivage.

Les choses aimables,
discrètes,simples,
se joignent
comme font les rivages.

Aussi les lèvres
pour le baiser.
Ni eau ni sable
n’est le rivage.

Chose de mort
je me regarde;
seul,désolé
comme au désert.

Viennent mes larmes:
je dois souffrir.
Ni eau ni sable
n’est le rivage.

José Gorostiza (traduction claude Couffon)

 


l’écriture fantasque des flamboyants (RC)


grand "haricot" ( fruit du flamboyant )

 

 

 

 

 

publié en écho à celui  du « bal des flamboyants »  –  voir le blog  de pantherspirit, qui m’a  autorisé, par ailleurs, à publier certains de ses textes

 

 

Le long des routes de poussière
Le lointain horizon de notre erre
Entre les espèces clairsemées
Eucalyptus , manguiers parsemés

La terre, jeune épousée
En sécheresse avait l’air épuisée
Les herbes sèches pointaient , dures
A travers quelques craquelures.

Les flamboyants ayant perdu leur parure
Au feuillage aéré, portaient en chevelure
Leurs grands haricots noirs, comme des signes
D’une écriture fantasque que rien n’aligne

J’ai recueilli les fruits de leurs fleurs rousses
Quelques unes étaient tombées à terre ( leurs gousses)
Et je conserve encore aujourd’hui, mon regard étonné
A leur aspect de vieux cuir, au vécu , patiné.

Aux témoins exotiques, que j’ai fait voyager
Je pourrai proposer , un tableau paysagé
Aux couleurs différentes , en voisinage vert
Changeant d’une Afrique exsangue et sévère.

Mais il manquerait à ces plantes émigrées
Le sol où leurs racines ont prospéré de plein gré
Le voisinage aimable des hommes couleur ébène
Les vautours, et la faune, que necessité amène.

Où il faut faire avec le maigre
Au pays des hommes intègres
Celui les kapokiers et karités
De longue tradition invités

 

R Ch  21-janvier 2012