Que de mensonges l’homme invente pour se ménager un petit coin sur cette terre !
Le soir, les agents de la circulation se retirent, les magasins ferment Les étoiles s’enhardissent du côté du couchant. Et plus tard on entend le fou du quartier avec son bonnet rouge qui fredonne dans la rue boueuse une rengaine triste, une rengaine d’enfant chargée de beaucoup, beaucoup de rides
J’apporte la mer entière dans ma tête De cette façon Qu’ont les jeunes femmes D’allaiter leurs enfants; Ce ne qui ne me laisse pas dormir, Ce n’est pas le bouillonnement de ses vagues Ce sont ces voix Qui, sanglantes, se lèvent de la rue Pour tomber à nouveau, Et en se trainant Viennent mourir à ma porte..
Je reprends une partie de son article visible ici,
Qui nous évoque cette photo d’August Sander :
» je ne sais où est conservé ce tirage, juste qu’il est mentionné unemployed man 1928, et que j’ai pensé que cette expression était beaucoup plus forte que notre chômeur.
Parce que ce serait cela, un homme qui n’aurait plus d’existence puisque non employé.
Et pourtant il serait là, présence haute et mince comme l’indique son visage aigu, mais rendue massivement évidente par le volume du court manteau noir, il serait là droit et réservé, les bras appliqués au corps, tenant son chapeau pour occuper ses mains, les maintenir dans cette discrétion sage, et le monde autour de lui s’absenterait dans le flou.
Il serait là avec sa chemise sans col ouverte offrant le fragile cou tendu, le visage si retenu que les lèvres disparaissent, les yeux fixes dans le vide de la rue déserte, absent et disponible.
Il serait là et nous serions passés devant lui, pensant ne pas lui avoir prêté attention, ou ne le montrant pas, faute de pouvoir lui porter aide, désir de ne pas envahir sa sphère, mais pendant que nous nous enfoncions jusqu’à ne plus être que silhouettes dans le flou du lointain, il nous resterait, rodant quelque part à la limite de la conscience, quelques questions silencieuses, à peine pensées, un vague besoin de savoir s’il a le souci inquiet et tendre d’une famille, si, peut-être, volontairement ou par décision extérieure, ce lien a été tranché le laissant à cette solitude, à moins qu’il n’ai jamais connu que cela.
Mais bien sûr, en tournant le coin de la rue, en abordant la vie du boulevard, nous ne penserions plus à lui, et il resterait, là, neutre, planté, n’osant penser, dans le vide de l’espoir, dans le vide de la rue, à l’abri des regards. «
Avec l’impression de ne plus savoir rien faire.
Etat stationnaire.
J’ai dans l’esprit, les bruits et saveurs de la rue.
Et la nuit des fourmis, trottent menu.
Je voisine la nuit et la fatigue,
et les fantômes du matin, qui se liguent,
Ou combattent mon existence.
Le doute de soi , avancer avec méfiance,
Et se posent, et les jours s’engluent….
Il est toujours un inconnu
Qui chante le même refrain
En me demandant le chemin,
En équilibre sur le hasard
Parfois à la sortie du bar.
Se hasarder dans le monde
Funambule des ères vagabondes
Fil à couper les largeurs
S’étirer au fil des heures;
…..Ce qu’il faut de vouloir …
Pour franchir, l’obscurité du couloir !
Les équivalences des saisons
Qu’on lit encore, sans comparaisons;
Si encore, tout est étal
…Que l’on poivre ou on sale
A sentir la différence
Je dirais – convalescence,
Et refaire ses premiers pas
Sur un chemin étroit —–
S’il faut quitter le chant des ruines
Distinguer son reflet dans une vitrine,
Je suis sans doute sous influence
Celle même , d’une naissance…
Au seuil de nouvelles portes,
Ces autres sensations, qui se heurtent
Et ces nouveaux premiers pas,
– … Me rapprochent peu à peu de toi
par mes articles précédents, notamment les extraits de « Midlands », mon attachement.
8/ Plein d’images
Je laisse venir plein d’images dans ma tête. La petite vitrine du cerveau est toujours bien propre. Nettoyée chaque matin au lever et le soir au coucher. Parfois tour de même, il faut bien l’avouer malgré la transparence, c’est difficile de voir à travers la petite vitrine. Toujours la pluie. Toujours novembre qui file des coups de balai répétés sur le paysage tout en équinoxes et qui fabrique tranquille des équivalences et des saisons. Le ciel est un voisin souriant ainsi que la tête en délicatesse avec la nuit et la fatigue. Dormir les yeux ouverts pour laisser entrer quelques rêves qui font la part belle au hasard que je n’arrête pas de transformer en destin. Encore à me dire que tout est déjà écrit par avance et qu’on ne fait que suivre le mouvement des jours, bons ou mauvais. Les images s’impriment dans la tête. Mécanique compliquée et évidente tout à la fois. Comme pour les femmes qu’on quitte et celles que plus tard on aime pour ce qu’elles portent gracieusement dans. leurs ventres et dans leurs yeux dénudés où la beauté s’aventure.