Hauts plateaux, où la joie demeure – ( RC )

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Te souviens tu des hauts plateaux,
où le vent ne trouve aucun obstacle
pour balayer le ciel ?
Il peut se poser sur le lit de basalte
du pays d’Aubrac sans faire de bruit.
Peu d’arbres, et des herbes,
comme une mer moutonnante
sous le ruban d’azur.
De temps en temps, un ruisseau
cherche à s’évader
mais ses méandres
se perdent dans les joncs,
et les lacs sombres
où le bleu sans reflet
s’ égare dans l’ absence .
C’est ici que passent les heures,
dans le paysage
parsemé de maisons basses :
burons arc-boutés sous les nuages,
— que ta joie demeure !
RC – janv 23 – par rapport à un écrit de Jacques Viallebesset
Xavier Bordes – Enluminure noire et or

Avec le soleil du soir une étoile est tombée dans le vase en cristal où s’ennuient sur la table de la terrasse des fleurs apportées le jour de Noël par des visiteurs amis
.
La table elle-même est recouverte d’un plexiglas qui reflète à la manière d’une flaque d’eau le feston inversé des frondaisons serties dans l’ambre doré du ciel au ras des monts bleus
.
Des étages de longs cirrus clairsemés s’étirent de l’est à l’ouest minces et clairs eux reçoivent encore la rougeur du soleil disparu Un alphabet noir de tourterelles ou de corbeaux
.
s’envole vers le sud vers la mer indigo en emportant, me dis-je, les derniers espoirs de la journée Il est à peine cinq heures et déjà le crépuscule assombrit la chambre où je m’active
.
L’étoile s’est éteinte dissoute dans l’eau du vase C’est à peine si je devine mes mains qui travaillent au noir Peut-être la nuit qui se densifie dehors entrera-t-elle flairer mon encre
.
Reconnaîtra-t-elle dans ce bâton chinois orné d’un dragon d’or la matière qui frottée au creux de la pierre reï avec quelques gouttes du ruisseau voisin parfume d’ambre gris toute l’atmosphère de la pièce ?
.
Serge Marcel Roche – Poèmes d’amour et de Pygmésie intérieure 3

et la mer était
tout le temps là
dans tes cheveux
en ruisseau le long
des filets verts
au creux
des mains qui halaient
le poisson et le cœur
en nous
d’un matin
goût citron
couleur de chair sanguine
puis une auto
nous emmenait
faire le marché
puiser le vent
sur la terrasse
chez Thérèse
jusqu’à pas d’heure
où rentrer dormir
se laver
et cueillir le sel de la nuit
–
Site de S M R » chemin tournant »
ce texte est extrait du site » les cosaques des frontières » on peut lire d’autres écrits de S M Roche sur cette page…
Aude Courtiel – des jours des semaines entre un sourire et l’esquive

J’ai guetté les plis sur ta peau.
Des jours des semaines entre un sourire et l’esquive.
Des centimètres de nuages à boire.
Et la peur d’échouer.
Parce que rien ne remplace l’absent.
Que tout pourrait s’arrêter au silence.
Que tu pourrais contourner le vent.
Fermer les fenêtres.
Tapisser l’être.
Pourquoi ne pas enfiler la tombe.
La mort n’est pas le silence.
Tu pourrais aussi passer par les trous dans la porte.
Remettre à plat les plis.
Nommer l’espace.
Du dehors du dedans.
Tamiser le temps.
Avant, maintenant.
J’ai plongé un papier entre tes doutes.
Qui sait si tu l’enveloppes comme un rêve.
Femme à la mer
Combien de temps elle flotte ?
Combien de peaux ?
Des couches
Des plus ou moins vraies
Des plus ou moins fausses
Des promesses
Des effluves
De fauve
Des chiens des chiennes et du velours
À un poil près pointait le bruit du vent
Silence
Encore du temps
À la surface de la lune
Pour soutenir le foutre
Pour dilater la blessure
Prendre le large
À l’horizon qui sait, le chant des sirènes
Combien de temps flotte avant les sirènes ?
Femme marine à deux queues
Envie d’être en soi
En vie d’un toi
Bruit de peaux entre les flammes
Pas de larmes consumées
De cris à l’aveugle
Mais le murmure d’un ruisseau qui fume
Jusque dans la bouche Jusque dans l’iris
Chance
Incandescence
Le désir dilatait le rêve
Est-il encore chaud ?
Bruit de peaux entre les flammes
Pas de larmes consumées
De cris à l’aveugle
Hais le murmure d’un ruisseau qui fume
Jusque dans la bouche
Jusque dans l’Iris
Chance
Incandescence
Le désir dilatait le rêve
Est-il encore chaud ?
Bruit de peaux entre les flammes
Pas de larmes consumées
De cris à l’aveugle
Mais le murmure d’un ruisseau qui fume
Jusque dans la bouche Jusque dans l’iris
Chance
Incandescence
Le désir dilatait le rêve
Est-il encore chaud ?
Pierres de basalte, comme un mensonge – ( RC )
photo perso :cascade de Déroc – Aubrac
C’est un peu une frontière incertaine,
où se dispute un sable noir,
proche de la vase ;
des plantes spongieuses,
et l’illusion de solide,
que des pierres symbolisent.
Aussi, si je risque quelques pas,
sur les pierres découvertes,
ce serait comme un gué,
permettant de passer
de l’autre côté.
Mais ce sont des rêves mouillés,
qui peuvent à chaque instant glisser,
sous la plante des pieds .
On imagine ces roches comme un mensonge,
venu se plaindre aux eaux .
Peut-être n’ont-elles aucune consistance,
et elles peuvent disparaître,
comme elles sont venues,
trichant , en quelque sorte,
prêtes à se dissoudre,
si besoin est .
Le petit ruisseau qui sourd,
ne les écoute pas,
juste le cri des grenouilles,
qui ne croient pas en leurs histoires.
Car des pierres, il y en a plus bas.
Elles ont chuté,
basculé du plateau,
hexagones de basalte
à la géométrie trompeuse,
entraînant une partie du ciel,
chute vertigineuse .
Là s’interrompt l’horizontale :,
tout est en suspens,
quelques instants,
avant que l’eau ne chute à son tour,
et s’évade en cascade blanche .
RC- oct 2017
Louky Bersianik – laisse moi t’approcher
photo Fashion is Dead Magazine
laisse-moi t’approcher
laisse-moi te toucher toute et te fragmenter par petites touches
laisse-moi ma plurielle de fond en comble te dévaster
trouver réunies au secret ma soif et mon ruisseau ma verdure
et ma faim lécher jusqu’au cœur notre vaste complot
laisse mon corps immobile entrer chez lui par les seuils incalculables
de ton corps inamovible laisse s’accomplir à l’infini vertigineux
du temps vertical cette opération-extase
Rythme, lignes, thème et variations – ( RC )
peinture H Matisse
Une pulsation persiste,
malgré soi.
C’est un motif répétitif,
comme celle de ces frises
Sur le fronton des temples grecs,
mais qui s’offre quelques détours .
Le battement d’un coeur
Que l’on oublie,
Une basse continue
sur laquelle la trame
de la symphonie concertante
prend tout son appui.
Un rythme régulier,
qui se fond dans l’arrière-plan,
– métronome contrebasse,
soutenant la cantate,
dont on devinera le centre
en tendant mieux l’oreille.
Un ange parcourt les firmaments,
on peut suivre son échappée,
( pas le froissement des ailes ) ,
qui pourtant décrit
l’envolée de ses courbes,
Elles s’appuient sur le ciel .
Ainsi les arabesques
dessinées dans la couleur,
ou les spirales enroulées,
jouent chacune de leur accord,
avec l’évidence d’une danse
dans les tableaux de Matisse.
Le temps est une aire indéfinie,
qui s’étend sur la toile :
points et surfaces
relient les lignes entre elles….
Thème, fugue et variations,
Mélodie et contrepoint.
Vois comme le coeur
est, lui-aussi, une musique !
Son battement
est celui d’un tempo,
transformé en courant,
en cascades:
Le flux d’un ruisseau,
inscrit ,
en lettres invisibles,
sur chaque page,
de la partition , son rythme
se combine aux autres:
Une grande portée,
la mesure de la vie :
Une passacaille où le sang
donne le sens:
Celui qui permet de mieux respirer
la couleur des choses.
–
RC- juin 2015
Hugues Labrusse – Enjamber le ruisseau
–
Enjamber le ruisseau
encore le chapitre d’un recueil
et signer d’un caillou
le passage où rien
ne dit mot .
Paru dans la revue « paysages-écrits »
Béatrice Douvre – Habiter la halte brève , la rive avant la traversée
Habiter la halte brève
La rive avant la traversée
La distance fascinée qui saigne
Et la pierre verte à l’anse des ponts
Dans la nuit sans fin du splendide amour
Porter sur l’ombre et la détruire
Nos voix de lave soudain belliqueuses
L’amont tremblé de nos tenailles
Il y a loin au ruisseau
Un seuil gelé qui brille
Un nid de pierre sur les tables
Et le pain rouge du marteau
La terre
Après la terre honora nos fureurs
Ô ses éclats de lampes brèves
Midis
Martelés de nos hâtes
Tant d’éphémères mains, tant de vent
Ce soir
Tarde la magique lueur
Et ton nom est incertain
Parmi de pauvres roses
Ton nom défait les fleuves où la lumière nage
J’ai patienté pour accueillir
Longue ta voix le long des longues herbes
Mais tu es seul parmi la pierre des étoiles
Ta voix prolonge la source des vivants
J’attends pour te reprendre de n’être qu’un langage
L’aube étincelle dans l’herbe des vigueurs
Souffle mûr mêlé du sang des hommes
Tu marchais réinventant le pas du sol comme une soif
Dans le vent neuf
Je te regarde tu courais
Geste habité du voeu de naître
Auprès des croix
Qui font parfois les pierres profondes
Le visage traversé
Dans des jardins à jambes de verre, et de roses
Quand recommence la mer tendue
Des lampes, et le froid
Et que l’on tient, dans les mains, le dernier monde
Rêve, et à l’avant du rêve un corps l’éclaire
J’ai peur de ces troupeaux dans le progrès des lampes
Peur de la terre des pas
Près de la porte où penche
La nuit lourde de l’aile
Il y a ce péril
Des lampes dans la maison
Ce désir
Comme un taureau dans l’or
Un feu de bois de rose
Coupé par l’hiver
La voix changée m’emmenait dans ses tours
Je dérivais au son des campagnes
Dont l’été meurt
Marcher maintenait une lampe
Des lacets d’oiseaux noirs de songes
Cherchant farouchement le ciel
D’un bord à l’autre
Comme une voix changée qui chante
Qui refuse
Marcher maintenant m’éclairait
Des mains brunes ce soir ont recueilli
Longuement l’eau patiente du soir
Du vent passait
Dans le vent des doigts
Amers des fileuses
Et au-devant
Les troupeaux sont la pierre même
Etrangement
Debout dans la paille limpide
Venue
Des mains fidèles des fileuses
Aux fronts de vent.
Regarde-moi courir, m’éloigner dans l’apparence
Vers les rires bleus de l’air
Immense
La soif divisée
J’ai l’appétit fermé par le malheur
Comme ces bêtes au front silencieux
Ont mille morts mille hontes légères
Un vent du sol entier
Parcourt mes membres, leur perfection
De sable froid
Soulève encore une piste de pas
Et d’autres pas se perdent sur la mer
D’autres mains, doucement infinies
J’ai l’âge travesti des forêts, mais je danse.
La part du jour froissée d’oiseaux
Jusqu’aux fatigues
Nos pas
Relancés en lueurs
Déjà
L’air élargi
Là sous le volet lourd
Ô d’heures encore chaudes
Jusqu’à l’ouvert où vaincre
L’inanité
De nos demeures
Femmes pleines de nuit, aux voiles vierges et noirs, vous saignez dans les ports et vos
barques sont sèches.
Le silex de vos mains taille des regards de diamant aux enfants qui vous pendent.
Il vous faudra perdre le vent de vos cheveux et revenir aux Villes. Mendiantes au ventre
lourd, vous dressez des drapeaux avec vos âcres jupes odorantes.
L’acier de vos paupières ressemble aux grands radeaux qu’on voit sur les tableaux de mer.
Rires, et l’évidence de vos pas nus sur le marbre des pelouses ; indifférentes aux grandes croix
qui trouent le ciel bas et mauve.
Je bénis vos épaules que creuse un sein maudit, et vos bras matinaux, blancs de draps,
comme un lait de montagne.
BEATRICE DOUVRE
René Char – Le parc des Névons
—
Dans le parc des Névons
Ceinturé de prairies
Un ruisseau sans talus,
Un enfant sans ami
Nuancent leur tristesse
Et vivent mieux ainsi
Dans le parc des Névons
Un rebelle s’est joint
Au ruisseau, à l’enfant,
A leur mirage enfin.
Dans le parc des Névons
Mortel serait l’été
Sans la voix d’un grillon
Qui, par instant se tait.
–
Cathy Garcia – Le septième sens

pantin surréaliste auteur Marcel Caram, autres oeuvres visibles sur flickR
Le septième sens
L’âme nue, coquillage brisé
Dans un mouchoir de peau.
Une algue violette
Au cœur du ruisseau,
Un trou dans le four à vie !
L’air d’un rire, sa note, son parfum,
Puis la coupe noire, vin du pirate,
Les fards du défunt.
Mains sur le corps
Mirage !
L’île, clé du silence,
La valse des innocents
Accrochés aux nuages.
Caractères de loups tendres,
Des lunes
Trop pleines d’attendre,
Trouver où ranger
La toile et le venin !
Le chant de l’oiseau dans la neige,
L’enfant rouge avale un rasoir.
La traînée sombre du cortège,
Le port défendu de l’espoir.
Peut-être un dernier vol ivre
Vers la dent de l’Eden,
Pour jeter têtes vives
Les bourreaux dans l’aven !
-.CATHY GARCIA
Elke Erb – Dans vingt ans
- Illustration de livre à l’ancienne – origine : hollande
Elke Erb – In zwanzig Jahren
Dans vingt ans
- je serai bien vieille ou quoi ? C’est-à-dire fragile, faible, j’aurai alors bien sûr et plus qu’occasionnellement et tout aussi systématiquement des blancs dans la mémoire, la perception. Et les trous comme mangés par les mites Seront d’un côté des tissus qui s’épaississent – rien que des trous pour moi – indissolubles, impénétrables nodosités. Et moi au milieu. Depuis que je pense, un hurlement chaque fois Quand je parviendrai quelque part – de quelque part vers (un imprévisible) quelque part. Aurai, au cours de ma vie, composé, tissé tout cela comme un texte au plus que parfait. Alors plus durablement encore Chaque fois de manière plus aiguë, plus vive que maintenant & ma vie durant percevoir ce qui reste, épaissi, tandis que je me recroqueville. Recroqueville-toi, ralentis davantage, hésite, arrête et plus rien. Est-ce que je me retourne, comme devant des portes closes ? Ne plus être enfin comme un abrégé de perspectives qui me rattrapent mise hier au monde, passé inachevé. Vertu guerrière, livrée à son destin. Elle serait tout vive comme une belette, comme scintille l’eau du ruisseau. N’écouterai pas ce qui se dit d’insanités. Pure matière, apaisée pourtant. Vides de sens, petite boule d’être, impossible à avaler (bouchées inverses inaccessibles). – Agissent, liés ensemble, comme une cage. (ou simplement les liens sans nœuds) – et dedans, tapie dans un coin, la poule effarouchée (s’agitant lorsqu’on vient, les ailes rognées. Comme pourchassée.) Comme effrayée. Les regards de la vieille sont brefs et fuyants, je l’ai vue bien souvent. Elle rôde, stupéfaite de n’être plus la perdrix des steppes. Ça ira. -------------
traduit par Claude Esteban
aussi dans: Versschmuggel / Mots de passe. Gedichte / Poèmes.
édité par literaturWERKstatt berlin
Verlag das Wunderhorn: Heidelberg 2004.
————
On peut retrouver certains textes de Elke Erb, traduits en français sur le site http://lyrikline.org/ qui présente ausssi des versions audio de textes poétiques
Florence Trocmé ( de Poézibao), a consacré un article sur elle ici;
–
Mabel Moreno – Rivages
Rivages :
Chanson du bord de l’eau
si elle était assise au bord du ruisseau dans la lumière
– si je lui donnais le mot ruisseau en échange
– mais elle avance seule dans n’importe quelle rue.
La solitude est le lit de sa rivière –
dans ses yeux elle garde la lumière noire.
Mais elle avance pourtant
– Aveugle et lumineuse dans le soir.
Elle me dit quelques mots que je ne comprends pas –
Pourtant je la suis, je me perds dans ces mots
– Je me perds dans la voix de ses pas
– Je pourrais m’arrêter ici, sur ce trottoir
– Mais elle me conduit vers de vives syllabes.
Elle me demande si je la suivrai quand elle traversera la mer
– je regarde sa bouche
– sa langue dessine un autre mot quand elle parle de moi, quand elle parle avec moi.
Le Piano sur la gauche, le Blanc en aplats
– Elle dessine l’ondulation des jours sur une plage
– La vague sur mon visage à l’ombre de ses doigts
– Et le son liquide de son corps au bord du mien-
Phrases en écho de Rémi Froger et Mabel Moreno
Jean-Jacques Dorio —- Lorca

29 janvier 2006
LORCA
tiré d‘un des premiers posts de Jean-Jacques Dorio, visible à l’adresse suivante
C’est une poésie
Où les fleurs recouvrent la peur
Où le vent court rouge sur la colline
Et vert près du ruisseau
Où le coeur des enfants
C’est une poésie
Que l’on ne lit plus guère
Maladroite Endormie sur les lèvres
Un éventail de lunes et de mules
Qui caracolent entre chansons
Et paysages habités par les mots
Leurs cavaliers sont morts
Ou peut-être se balancent-ils encore
Dans quelque grande rumeur dorée
Jean-Jacques Dorio