Vesna Parun – la vague
J’écoute la rumeur basse de la mer
Qui surgit de la vague et se répercute,
Masquée par un agave antique, j’épie
Sa gorge qui se change en une mouette
Pour s’envoler avec un gémissement
Vers l’or des nuages. Et de l’airain du ventre
Somptueux s’érige sombrement le roc
En fleur qui porte un cortège de princesses
Fascinantes, de fées surgies des légendes.
I listen to the down rumor to the sea
That emerges from the wave and reverberates,
Masked by an ancient agave, I watch
Her throat that turns into a seagull
To fly away with a moan
To the gold of the clouds. And belly brass
Sumptuous rises darkly the rock
In bloom carrying a procession of princesses
Fascinating, fairy tales arisen from legends.
.
.
Alain Roussel – la dérive du Verbe

Mokhtar El Amraoui – Miroirs
photo: Robert ParkeHarrison
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur
Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !
©Mokhtar El Amraoui
Marcel Olscamp – Piazza Navona
photo : Emanuel Tanjala – fontaine des 4 rivières piazza Navona Rome
–
Les bruits des rues séchaient déjà
fragiles dans leur nuit de pluie
lorsque l’amant de ton roman
sortit transi de ta valise
en répandant sur le trottoir
la rumeur douce de ces heures
où tu lisais en m’attendant
Alors j’ai roulé les rues
comme une langue amère
et j’ai relu ma chambre
avec mes draps sans toi
presque sans moi
.
Denise Desautels – la rumeur

photo: moulage archéologique: la dame de Vix
La rumeur, étrangement
ma bouche s’ouvre et ne dénoue rien
ni le corps ni la langue
elle s’abandonne aux mots
chaque fois le mouvement de mes lèvres
comme un regard habile en affaiblit l’audace
– s’il fallait que là justement l’âme s’affiche –
chaque fois nous sommes les proies d’un désir fou
–
Denise Desautels
In « Mémoires parallèles »
–
Miquel Marti i Pol – Vingt-sept poèmes en trois temps

photo: troupes franquistes arrivant à Barcelone – février 1939
Rabah Belamri – l’olivier boit son ombre – 03
il est des mains
si mangées par l’ombre
qu’elles ont oublié la prière des étoiles
il est des pierres habitées par une rumeur d’herbe
qui attendent la pluie
il est un poème plus vaste que la Nuit du Destin