voir l'art autrement – en relation avec les textes

Articles tagués “rumeur

Vesna Parun – la vague


010309_0775_0764_nsls.jpg

J’écoute la rumeur basse de la mer

Qui surgit de la vague et se répercute,

Masquée par un agave antique, j’épie

Sa gorge qui se change en une mouette

Pour s’envoler avec un gémissement

Vers l’or des nuages. Et de l’airain du ventre

Somptueux s’érige sombrement le roc

En fleur qui porte un cortège de princesses

Fascinantes, de fées surgies des légendes.

 

I listen to the down rumor to the sea
That emerges from the wave and reverberates,
Masked by an ancient agave, I watch
Her throat that turns into a seagull
To fly away with a moan
To the gold of the clouds. And belly brass
Sumptuous rises darkly the rock
In bloom carrying a procession of princesses
Fascinating, fairy tales arisen from legends.
.

.


Alain Roussel – la dérive du Verbe


Résultat de recherche d'images pour "barque brisée mer"
gravure: extraite du livre des  « Histoires véritables de Lucien de Samosate »
« Cela appelle, je ne sais pas d’où mais cela appelle, d’une voix sourde, lointaine, masquée, c’est peut-être une rumeur qui vient de l’océan, ramenée par les vagues sur ce rivage désert où je me tiens en alerte, sur le qui-vive et comme habité par la houle, une certaine façon de tanguer dans la langue et même un certain goût pour le naufrage, j’aime à imaginer que je dois ma survie à cette chose précaire et fragile, un morceau de bois déchiqueté, un mot brisé auquel je m’accroche dans la tempête, m’abandonnant ainsi à la dérive du Verbe comme il vient, balloté, emporté par la phrase…« 
Alain Roussel

Mokhtar El Amraoui – Miroirs


Harrison3.jpg

 

photo: Robert ParkeHarrison

 
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur

Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !

©Mokhtar El Amraoui


Marcel Olscamp – Piazza Navona


   photo : Emanuel Tanjala –                         fontaine des 4 rivières piazza Navona                   Rome

Les bruits des rues séchaient déjà
fragiles dans leur nuit de pluie
lorsque l’amant de ton roman
sortit transi de ta valise
en répandant sur le trottoir
la rumeur douce de ces heures
où tu lisais en m’attendant
Alors j’ai roulé les rues
comme une langue amère
et j’ai relu ma chambre
avec mes draps sans toi
presque sans moi

.


Denise Desautels – la rumeur


photo:         moulage archéologique:      la dame de Vix

La rumeur, étrangement

ma bouche s’ouvre et ne dénoue rien

ni le corps ni la langue

elle s’abandonne aux mots

chaque fois le mouvement de mes lèvres

comme un regard habile en affaiblit l’audace

– s’il fallait que là justement l’âme s’affiche –

chaque fois nous sommes les proies d’un désir fou


Denise Desautels
In «  Mémoires parallèles »


Miquel Marti i Pol – Vingt-sept poèmes en trois temps


photo:            troupes franquistes arrivant à Barcelone   – février  1939

Vingt-sept poèmes en trois temps (1972)
Cette rumeur que l’on entend n’est pas de pluie.
Il y a longtemps qu’il ne pleut plus.
Les sources sont taries et la poussière s’accumule
dans les rues et les maisons.
Cette rumeur que l’on entend n’est pas le vent.
Ils ont interdit le vent pour qu’il ne soulèvent pas
la poussière qu’il y a partout
et que l’air ne devienne – disent-ils – irrespirable.
Cette rumeur que l’on entend n’est pas de mots.
Ils ont interdit les mots pour qu’ils ne mettent en danger
la fragile immobilité de l’air.
Cette rumeur que l’on entend n’est pas de pensées.
Elles ont été bannies pour que ne soit engendrée
la nécessité de parler
et que ne survienne inévitablement la catastrophe.
Cependant la rumeur persiste.
(Traduction de J.P. Taurinya)
Et par rapport à ceci, je conseille  l’excellent  film «  la langue des papillons »   –  la lengua de las mariposas,de José Luis Cuerda, en rapport avec l’ouvrage  « ¿Qué me Quieres, Amor? » de Manuel Rivas —  dont il est malheureusement difficile  de trouver une version DVD  sous titrée  en français.

Rabah Belamri – l’olivier boit son ombre – 03


il est des mains

si mangées par l’ombre

qu’elles ont oublié la prière des étoiles

il est des pierres habitées par une rumeur d’herbe

qui attendent la pluie

il est un poème plus vaste que la Nuit du Destin