Quelle méthode ? – ( RC )

Y a-t-il une méthode
que l’on doive suivre
pour écrire un poème,
courber les mots,
les faire danser,
sur le fil tendu
de la pensée ?
Personne ne m’a chuchoté
la réponse
et le rythme
de la musique
qui l’accompagne,
- alors je le laisse fleurir
comme bon lui semble…
Quelques images
lui sont attachées,
au gré de ma fantaisie
houle argentée
accompagnée du vent de l’inquiétude,
d’un soleil radieux
ou bien tragique…
le poème – si on le qualifie ainsi –
prend son envol ,
sans que je mesure l’espace
entre ses pieds,
Il ne paraît pas
entravé de normes rigides :
il s’échappe, sans que je le retienne.
Jean-Pierre Balpe – suffit de laisser venir les choses

en fait c’est assez simple n’est-ce pas suffit de laisser venir les choses n’est-ce
pas laisser laisser faire n’est-ce pas laisser être ne pas résister à leurs frémissements pas aller | contre-courant laisser advenir c’est assez simple n’est-ce pas comme ça c’est assez simple c’est la vie la vie des choses qui viennent ou ne viennent pas viennent ne viennent pas vont sont ne sont pas c’est assez simple assez simple suffit de laisser faire se laisser porter par leur rythme leur présence leur être-au-monde pas besoin d’autre chose laisser être laisser venir même si on ne sait pas si on ne les connaît pas les pulsions de vie respirer être respirer être respirer être respirer être inspirer expirer être laisser foire laisser être vivre ou pas c’est selon mais être là au milieu des choses qui vont viennent attendent passent résistent sont
Le soleil ne déçoit pas les mots – ( RC )
peinture: Albert Marquet: contre-jour à Alger
Je dépose sur la page quelques mots.
Il n’y a pas d’heure, pour ces quelques
flocons noirs éclairant le jour à leur façon.
Une promenade les déplace,
trois silhouettes s’en détachent,
le soleil ne les déçoit pas,
( je n’ai pas encore défini leurs ombres
et j’invente du sable sur une plage,
un port exotique qui n’existe pas encore ).
Je les accompagne
de quelques notes de musique;
elles se dispersent sur la rive .
Un rythme me vient.
Je l’accompagne d’une lueur matinale,
comme une incidence portée dans le texte .
Mon langage parfois m’échappe.
– je suis distrait de mes pensées –
Le bateau est parti sans que je ne m’en aperçoive.
–
RC – dec 2019
Je perçois de nouvelles esquisses – ( RC )
–
Je danse contre le feu,
et l’être se découpe en contre-jour,
parfois bu de fumées .
Dans la musique, se fondent
les arpèges, le violon,
le sel et la neige.
Je suis une ombre
jetée face à la lumière,
un tourbillon qui s’oublie
et distribue un corps en bribes .
L’oeil a du mal à en fixer
ses mouvements .
Le rythme les dissout,
ou peut-être je redistribue
les cartes, je change le jeu
et les couleurs :
je me suspends à l’invisible,
en modèle une autre existence .
Les traits ne se superposent
pas aux anciens,
On doute de ses traces ,
on se demande quelles sont
les vérités : Elles s’effacent .
Je perçois de nouvelles esquisses.
–
RC
Rythme, lignes, thème et variations – ( RC )
peinture H Matisse
Une pulsation persiste,
malgré soi.
C’est un motif répétitif,
comme celle de ces frises
Sur le fronton des temples grecs,
mais qui s’offre quelques détours .
Le battement d’un coeur
Que l’on oublie,
Une basse continue
sur laquelle la trame
de la symphonie concertante
prend tout son appui.
Un rythme régulier,
qui se fond dans l’arrière-plan,
– métronome contrebasse,
soutenant la cantate,
dont on devinera le centre
en tendant mieux l’oreille.
Un ange parcourt les firmaments,
on peut suivre son échappée,
( pas le froissement des ailes ) ,
qui pourtant décrit
l’envolée de ses courbes,
Elles s’appuient sur le ciel .
Ainsi les arabesques
dessinées dans la couleur,
ou les spirales enroulées,
jouent chacune de leur accord,
avec l’évidence d’une danse
dans les tableaux de Matisse.
Le temps est une aire indéfinie,
qui s’étend sur la toile :
points et surfaces
relient les lignes entre elles….
Thème, fugue et variations,
Mélodie et contrepoint.
Vois comme le coeur
est, lui-aussi, une musique !
Son battement
est celui d’un tempo,
transformé en courant,
en cascades:
Le flux d’un ruisseau,
inscrit ,
en lettres invisibles,
sur chaque page,
de la partition , son rythme
se combine aux autres:
Une grande portée,
la mesure de la vie :
Une passacaille où le sang
donne le sens:
Celui qui permet de mieux respirer
la couleur des choses.
–
RC- juin 2015
Diana Der-Hovanessian -Poème ouvert
–
la mort se trouve à côté chaque dormeur
ce jour se réveille
guette toutes les étapes
en posant le talon
qui rythme s’accélère à nouveau
et exhale chaque souffle
sauf où l’amour y respire
–
Philippe Delaveau – Bistrots de Paris
BISTROTS DE PARIS
On est debout devant le zinc et sous l’œil simple
et bleu du patron qui s’active il arbore
une moustache artistique en balai-brosse
tandis que l’ivresse égare un monde incertain
qu’alimente la truelle d’un monologue à son propre rythme
lent parfois pâteux de bâtisseur de mondes ce sont les vignes
venues à Paris déverser leurs vendanges vers le métal
des tubes et des sièges les glaces réfléchissent les visages blancs
la sueur au front qui perle chez ceux qui reconstruisent
patiemment mais le poème est mort et les murs s’écroulent
éclairant par gouttes les fronts rien ne visite les solitudes
ni la bière barbue ni le petit rouge qui danse sur son ballon
ni le blanc sec en renversant la tête ou le café dans son corset d’ébène
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Un parcours avec Matisse ( RC )

peinture: Matisse, Capucines à la Danse II,,
Un parcours avec Matisse
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« Tout brille , tout chatoie
Tout est lustré, verni «
Et les couleurs toutes serties
Dansent encore des figures de joie
La danse, justement, s’anime,
Traverse la toile , en spirales
Gerbe de lignes, et trois tons qui s’étalent
Sans décor, d’aspect anonyme
Bleus et verts s’affrontent, lisses
avec des roses et orangés,
L’écho des odalisques, allongées
Des intérieurs fleuris, de Matisse

peinture H Matisse: intérieur rouge, intérieur jaune et bleu
Les bocaux de poissons devant la fenêtre
Voisinent des lignes arabesques,
Azurs teintés de rythmes, presque
Tout est verni, lustré, prêt à naître.
dessin : H Matisse : portrait de Marguerite
Mais aux portraits à la plume, en séries
Les formes jouent de lumière offerte
Et dialoguent, du papier blanc, ouvertes.
Le décor des motifs , le même que la tapisserie
Transmet à l’oeil son doute
Comme s’il faisait fausse route …
Dans les courbes et dans l’épure
Luxe, calme et volupté, point de lutte
Entre harmonie, enchaînement des volutes
Où la ligne ondule et s’aventure …
Puis la traversée d’un ciel, par les ciseaux,
Couleurs franches et gouaches découpées,
Savamment associées et groupées
Comme l’aventure migratoire des oiseaux…

Jazz- HM –
Jazz ( et rythmes déhanchés),
Bal des feuilles de figuier, détachées
Dans un autre espace , s’élance
L’art du peintre, par excellence.
NB les deux premiers vers » Tout brille , tout chatoie Tout est lustré, verni »,
est une citation de H Matisse lui-même.
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RC – 29 juin 2012
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