Annie Salager – Lis de mer

à J.F .Temple
Tant d’années sans eux les lis
le léger inconfort des étangs
les vieilles cabanes de pêcheurs
les canaux les roselières
l’ennui pour eux de n’être pas la mer
soudain un champ de saladelles
je gémis attachée au train
je guette le mistral les flamants roses
je veux les lis de mer
les lieux d’exil terre ni mer
où travaille l’instable le néant de l’être
fouetté par-dessus tête
des courtes vagues du désir
et tout ce poids du temps
les mêmes
J’entends la mer balayer le rivage
entrer dans la chambre
la rumeur du sablier
le ciel est noir d’étoiles
la nuit le peuple
de lis en poussière de mer
j’ai soif d’eux
dans les senteurs du maquis
l’instant du vivre
tient en haleine
le même
Il est venu de loin
___en pétales sépales
corolle étamines pistil _
depuis l’union des dunes
_ silencieuses et des limpidités
dont l’eau meut: les anneaux
il est: vertu par les millions d’années
jaillir du sable fin où la pluie
lui conserve des souvenirs d’espace
et où le temps lui vient
pénétré de lumière
face au mien
de loin très neuf
nouveau venu et
lieu de culte où
seule en son parfum
demeure la présence
Le sablier – ( RC )
Se réveillent les eaux sourdes, en profondeur,
Devant chaque feuille morte et chaque crépuscule.
Il y a une tempête,
mais l’espace est clair, tout autour…
c’est juste qu’elle est en toi
et vrille une partie de conscience,
sous la mélodie grinçante
d’un vent de sable,
dont les grains s’infiltrent
jusque dans les jardins calmes,
pour envahir l’espace.
Au coeur de cette tempête,
il n’y a pas de soleil, il n’y a pas de lune.
Il te faut affronter
le chemin des abîmes,
jusqu’à inventer la lumière.
C’est bien après que la rage du vent
soit retombée,
qu’on retrouve ses repères,
et qu’on peut rouvrir les yeux.
Le temps se cristallise,
comme s’est écoulé
celui qui est décompté.
De l’intérieur du sablier.
–
RC dec 2015
Examens ( RC )
–
C’est tout un rassemblement qui s’aligne
Toute une cohorte de têtes qui se penchent
Et que défient le sablier des minutes
A la progression lente…
L’extérieur se heurte aux façades et plantes,
Et de vie , n’a d’horloge que sa course circulaire
Hameaux de nuages pourchassés par le vent, le soleil, les rideaux
Temps découpé, la pendule des savoirs
Aux fronts plissés, fait écho à la mémoire
La teneur des choses, au long des années – convoquée
Tient en questions et réponses,
Quelques feuillets d’une écriture large
Un espace ouvert, laissé à la marge.
RC – 28 juin 2012
Seiches, encres et oursins (RC)
Quand les sèches encraient au fond du sablier,
Il ne leur suffisait que du temps à étirer,
Pour que se liquéfient leurs rires.
Accompagnées des oursins
Dans le petit bassin.
Pour que, le peintre ,d’un geste se mette à les écrire.
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Picasso seiches et oursins
en liaison avec le souvenir des toiles de Picasso au musée d’Antibes: plusieurs toiles comportant des seiches et des oursins ( au moins quatre à ma connaissance)

Peinture: P Picasso Nature morte au panier, aux trois oursins, à la lampe