Jean Anouilh – Je ne veux pas être modeste

Je vous parle de trop loin maintenant, d’un royaume où vous ne pouvez plus entrer avec vos rides, votre sagesse, votre ventre….
« Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur !
Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte.
On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent.
Et cette petite chance pour tous les jours, si on n’est pas trop exigeant.
Moi, je veux tout, tout de suite, – et que ce soit entier –
ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d’un petit morceau si j’ai été bien sage.
Je veux être sûre de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite – ou mourir. »
extrait de « Antigone »
Edi Shukriu – Au-delà de soi-même
peinture Marsen Hartley
Au-delà de soi-même
Je m’élève de mes ailes au-dessus de moi je plonge
dans les ténèbres de l’enfer
puisant au fond des temps
je me rafraîchis me rassasie de sagesse
tandis que pourrissent les racines
les ronces et buissons demeurent à l’état sauvage
je m’égosille à perdre le souffle, roule de gros yeux.
je m’élève de mes ailes au-dessus de moi
comme si me prenait la folie du temps
Poème du silence
Une vaine pluie tombe au dehors
qui n’augmente ni ne réduit
l’inanité des choses impossibles
de ce bruit monocorde
nulle voix n’émerge ne résonne
maudit silence
c’est à moi que tu en veux.
est-il bien vrai que tout autre univers me demeure interdit
la perte de ce rêve irréalisable
peut aller au diable
au gré de ses tourbillons
la pluie tombe au dehors
et semble noircir le poème du silence.
Edi Shukriu est une auteure de nationalité albanaise
Salah Al Hamdani – Sagesse sur le coeur
Premier pas .
lorsque les souvenirs se dissipent dans l’absurdité de l’éloignement,
et que les saisons d’autrefois n’ont rien dire… pas d’affolement
c’est le cœur qui prendra en charge de souffler l’âme
de la vie du passé le plus reculé.
Deuxième pas
Quand on ne trouve plus l’amour en imagination
il faut laisser le cœur imposer à l’esprit sa conduite.
Irène Assiba d’Almeida – chairs éparpillées
Chairs éparpillées
Les dieux ont perdu la parole
Les hommes ont perdu la sagesse
Les femmes ont perdu la raison
Car les enfants ont perdu la vie
Et mes entrailles folles de douleur
Eclatent et s’éparpillent
A chaque fois que meurt
L’enfant-sida
L’enfant-soldat
L’enfant-souffrance
Comment rendre la douleur muette ?
Comment recoudre mes chairs éparpillées
Pour que les dieux retrouvent la parole
Les hommes la sagesse
Les femmes la raison
Et les enfants la vie ?
–
Irène Assiba d’Almeida
Emily Dickinson – Nous avons tout appris de l’Amour
Nous avons Tout appris de l’Amour
L’Alphabet – les Mots –
Un Chapitre – tout le Livre grandiose –
Puis – la Révélation s’est refermée –
Mais dans les yeux de l’Autre
Chacun contemplait une Ignorance –
Plus Divine que celle de l’Enfance
Et chacun redevenu Enfant, pour l’autre –
A tenté d’exposer ce que
Ni l’un ni l’autre – ne comprenait –
Quel dommage, que la Sagesse soit si vaste –
Et la Vérité – si variée !
-(poème 531)
extrait du site de ladySil: « passionément , Emilie D. » où ceux qui cherchent de la « matière », pour lire cette poétesse, n’auront que l’embarras du choix…
-En voici le texte original
We learned the Whole of Love —
The Alphabet — the Words —
A Chapter — then the mighty Book —
Then — Revelation closed —But in Each Other’s eyes
An Ignorance beheld —
Diviner than the Childhood’s —
And each to each, a Child —Attempted to expound
What neither — understood —
Alas, that Wisdom is so large —
And Truth — so manifold!
Alain Helissen – Hygiène – 08027810 (+6)
Paul Valery – tais-toi
–
Voilà un excellent titre..
un excellent Tout..
Mieux qu’une « oeuvre »..
Et pourtant – une oeuvre- « car »
si tu énumères – chacun des cas
où la forme ou le mouvement
d’une parole, comme une onde,
se soulèvent, se dessinent –
–
A partir d’une sensation,
d’une surprise, d’un souvenir,
d’une présence ou d’une lacune, ..
d’un bien, d’un mal – d’un rien et de Tout,
Et que tu observes, et que tu cherches,
que tu ressentes; que tu mesures
l’obstacle à mettre à cette puissance,
le poids du poids à mettre sur ta langue
et l’effort du frein de ta volonté,
Tu connaitras sagesse et puissance
et Te Taire sera plus beau
que l’armée de souris et que les ruisseaux de perles
dont prodigue est la bouche des hommes
–
Paul Valéry (1871-1945) – Mélange (1939)
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