Shakespeare – chaque saison
la neige nouvelle Edward Munch 1906
A Noël, je n’ai plus envie de rose
que je ne voudrais de neige
au printemps .
J’aime chaque saison pour ce qu’elle m’apporte .
Albert Aygueparse – les plaies de l’âme
photographe non identifié
Tu m’accompagnes partout dans ce monde mal fait
Ton poids est plus léger que la buée du premier jour
Je te respire par tous les pores de ma peau triste
Et ton sang reconnaît sans effort le dédale brûlant de mes veines
Dans cette saison de fer je ne me sens plus seul
Car tu me donnes la force d’être ce que je suis
Je mêle l’espoir et la peine, la joie et la souffrance
Je peins la peur et le courage des mêmes couleurs
Je donne à l’ortie et au blé la pluie et le soleil
Je mets la graine et l’épi dans la seule balance
J’accepte sans choisir les larmes et l’amour
J’abandonne le ciel pour cette terre amère
Mais je ferme les yeux pour retenir ton ombre
Immobile et debout dans mon sang ébloui.
Je ne parle qu’à toi de la vie, de la mort.
ALBERT AYGUESPARSE ( « Les plaies de l’âme » in Poèmes )
L’irrésistible avancée des couleurs – ( RC )
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Quand un bleu-gris
Affronte l’outre-mer ,
Bascule sur la rive sauvage
Un plafond fragmenté.
Il fleurit de baies pourpres,
Menace de s’effondrer
En hexagones irréguliers,
Disposés selon une dynamique
Echappant à celle des saisons.
On dirait presque la chaussée de géants
Dont les colonnes donneraient leurs sceptres
A l’irrésistible avancée des couleurs ;
D’abord imperceptibles,
Puis se nourrissant d’elles-mêmes ,
Occupant toute la surface…
Juste quelques interstices
Laissent supposer comment
Respire le fond : un ciel
Avant que les nuances de rouge
N’explosent et retombent
Comme feux d’artifices,
Sur la toile.
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RC
Cycle des gouttes recommencées ( RC )
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A chaque goutte d’eau, le cycle recommencé
ce qui s’enfuit en vapeur, retombe un peu plus tard,
en condensé, et les grandes rivières s’en vont leur chemin
saluées par les arbres qui s’inclinent sur leur destin,
Enracinés d’un apparent immobile,
pendant que plus d’un printemps, des saisons alternées
promettent d’autres senteurs, de nouvelles nappes.
–
On remet de couvert, pour des années dansées,
à l’égard de temps, pour nous, recommencés.
mais en se posant un peu, la tête sur les épaules,
sous les mêmes ponts, coulent des eaux semblables…
la Saône a conservé sa couleur olive,
et le Rhône le bleu-vert , au long cours,
lorsqu’ils se rencontrent en noces liquides.
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rien ne semble changé, les enfants jouent toujours au parc
nous avons perdu la clé, ce ne sont pas les mêmes,
qui se succèdent, sous l’œil bienveillant
des mères ,tenant par ailleurs très bien leur rôle
à l’ombre des saules…
On aurait pourtant pensé, filmée en accéléré,
que l’éternité se déroulait, recommencée,
–
comme deux gouttes d’eau, dit-on
poursuivant leur cycle
au delà des saisons.
–
RC – 5 mars 2013
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Cristina Campo – Sphère limpide
« …Ici le temps est une sphère limpide. Et la petite lune tourne tout autour d’elle. Moi j’ai réduit ma vie à ma chambre parce que tout mon travail est sur mon bureau et que tout cela s’agglutine au reste pour former le bloc de pierre qui ferme la caverne… »
« …Ce qui nous aide beaucoup, ce sont les oiseaux qui sont sur le pin, juste en face: merles, mésanges, passereaux, et autres espèces que je n’ai pas le temps de reconnaître. Le parfum du soleil, filtré par les aiguilles de pin, arrive jusque sur le lit en jouant sur les murs. Certains après-midi sont très beaux… »
« …Les longs bains au large vers 2 heures de l’après-midi, quand je retournais un instant vers le pédalo, mais uniquement pour y jeter mon maillot de bain…mais la mer – la mer lave de tout, croyez-moi… »
« …A Grottaperfetta j’ai vu des maisons roses, perdues entre les roseraies et les meules de pailles, avec de petits écussons sur les portes des écuries – des maisons où peu-être, pendant quelques années encore, les gens pourront se taire, lire, dormir – manger les saisons l’une après l’autre dans la saveur du lait, des légumes, du pain. Je rêve de rester sous l’un de ces écussons – de préparer pour vous de merveilleuses natures mortes… »
–
La plume vagabonde ( 2 ) – ( RC )
J’ai récupéré un morceau de papier
qui m’attendait là, où on n’attend plus
qu’un remous originel,
… et parfois longtemps,
qu’il fleurisse
… Mais en quelle saison était-ce déjà ?
Le don de la lumière
la couleur qui s’annule, en flocons,
autant les mots s’enchevêtrent,
et disputent à la nuit,
leur encre sympathique …
Il fallait contourner un rocher solitaire,
déplacer en un mouvement circulaire
ces graviers en nappes, étendus
à l’ombre des bambous,
agités par un souffle,
qui me fit d’écriture,
détachés du sol,
l’encre mouvante des nuages
d’étourneaux,
délivrés du souvenir de l’été.
Etant , des deux
( rocher et papier,
son ombre et l’esprit
en cavalcade ) – pris au geste,
le râteau ordonne les mots
comme ils viennent,
ou la brosse d’encre
effleurant la surface des choses, —-
———–Il n’y avait pas de choix possible,
plus d’envers et d’endroit
sur la feuille aérée prenant son envol,
au jardin de la plume …
Le texte s’est fait sensation,
et l’émotion image
Avec ( ou malgré) moi.
RC – 11 novembre 2012
la « plume vagabonde », a fait l’objet d’un « premier épisode », publié ici
…
climat mental ,et climat atmosphérique (RC)
climat mental , et climat atmosphérique
se lisent en parallèle ( ou en méridiens )
Ainsi peuvent s’agiter les airs
Vents et colère
Comme esprit et mental,
en saison automnale
RC – 1er juin 2012
–
James Sacré – solitude printemps mécanique
-peinture: Arshyle Gorky – Apple orchad – 1946
Rien pas de silence et pas de solitude la maison
dans le printemps quotidien la pelouse
une herbe pas cultivée ce que je veux dire
c’est pas grand chose un peu l’ennui à cause
d’un travail à faire et pour aller où pourquoi?
ça finit dans un poème pas trop construit
comme un peu d’herbe dure
dans le bruit qui s’en va poignée de foin sec
le vent l’emporte ou pas ça peut rester là
tout le reste aussi la maison pas même
dans la solitude printemps mécanique pelouse
faut la tailler demain c’est toujours pas du silence qui vient.
·
Est-ce que c’est tous ces poèmes comme de la répétition?
je sais pas au moment qu’en voilà un encore
avec pourtant comme du vert
dans soudain les buissons en mars un désordre
avec des feuilles pourries dans
à cause du vent avec le vert maintenant
·a fait une drôle de saison neuve et vieille
est-ce que c’était pareil l’année dernière? j’en ai rien dit
pourtant j’en ai écrit des poèmes ça a servi à
je me demande bien quoi ça a disparu
des mots qu’on a dit j’ai mal entendu
—
et du blog de Roland Dauxois, je complète avec ce texte, de Nicolas Vasse, visible ici
pardon les bleuets voix et champs jaunes
pardon les rires bruits des roseaux
pardon le vent soudain de la bouche
et les cris joie dans la lumière
pardon pour l’enfance dévorée
presque il ne sera pas ce cadavre
NicolasVasse
Pas de poème aujourd’hui (RC)
Pas de poème aujourd’hui
Rien à distribuer
Que le son du vent
Qui se fera parole
A qui veut bien l’entendre
Et ces paroles feront lien
Et elles teindront lieu
A celui qui marche
Dans ma neige et ma rocaille
Dans mon sable qui deshère.
Pas d’héritier à dresser des stèles
Pas d’écrits sur lesquels s’appuyer
Ni théories intellectuelles
Pas de poème… qu’on se le dise
Ni de discours – ni de bêtises
Pas de cœur gravés dans les arbres
Pas d’autres interprétations
Que le son du vent
Qui se fera parole
Dans les branches et les feuilles
Chinois, Argentin, et Malgache
Tendant un peu l’oreille
Chacun sur son île ou continent
Dans une progression lente
Iront de concert, sans interprète
Le bâton à la main
Traduire, à travers les chemins
Buissons et bosquets
Les dits des quatre saisons
Au son de sa chanson.
Pas de poème aujourd’hui
Pas même pour la lavandière
Qui ne saurait que faire
De rimes, en pas balancé, et
D’un trésor inutile.
RC 28-01-2012
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Inspiré par « pour l’amour des petites lingères » de JJD
cet hiver à venir qui se cache (RC)
En écho à Nath ( bleupourpre)…. et ma réponse sur L’aveu de l’hiver sera assez tôt…
Et cet hiver à venir qui se cache
Soies et cachemires sont à broder
Aux feuilles et racines par l’été érodées
La lumière jaillissante enlacée
Tables paillardes agacées
Accordéons et fêtes en cours
Aux gibiers ruisselants, chasse à courre
L’après-midi digeste de la cuisine des dieux
Porte les plateaux ocres jusque vers les cieux
En attendant des temps moins cléments
Des outrages d’orage, et vents déments
D’un engourdissement allant vers l’oubli
Sous le froid latent des montagnes et des plis.
—–
Et la patience des pins restés debout
Encapuchonnés de blanc sur le vert, marabouts
Et l’obstination à ne pas faire deuil
Du chêne blanc, à ses feuilles
Se déroulent sur le causse les saisons
Dont on attend l’improbable horizon
Sous la marche forcée des nuages
Cachant de l’hiver, le vrai visage