Sonnet pour un piano abandonné – ( RC )
photo Romain Thiery: Requiem pour pianos 30, Pologne
Quelques décennies,
et la mélodie s’est effacée
parmi les miroirs voilés
et fenêtres obturées.
Qui nous jouera encore
les valses et mazurkas
dans le salon
de grand apparat ?
Le piano n’a pu s’envoler:
trop lourd de son aile noire
en retombant, un de ses pieds s’est cassé
comme ses rêves de liberté
se conjuguant au passé :
le grand piano aux dents brisées.
RC juin 2020
La matière vidée d’elle-même ( RC )
……… Je vois à travers les murs , des maisons cimentées, Il y a trois fois rien, et les matériaux flottent bizarrement dans une atmosphère de coton, chaque chose a pris une texture autre, et décide de sa position.
Les poutres se croisent et envisagent un dialogue inédit, les vantaux des fenêtres battent sur l’air, où se mélangent les végétaux et la pierre.
Il vient une joyeuse suite de framboisiers, qui surgit d’un ancien papier peint, pour s’enrouler sur les tuyauteries, amoureusement.
L’escabeau aux anciennes coulées de peinture, servant de perchoir à des lézards multicolores, attendant on ne sait quoi, ….peut-être des insectes errant sur les lourds fauteuils du salon pris par des racines, et ne dévalant pas un angle, que l’on peut qualifier de faux plat, défiant l’horizon bleuté des montagnes, là-bas.
Si loin, si proches.
La matière s’est vidée d’elle-même, de sa masse et de sa chair,
Et retournant nostalgique, vers l’abstraction, sur l’hypothèse incertaine, où lutter contre la pesanteur ne serait plus nécessaire,…. comme un jeu dont les règles s’inverseraient, à la fantaisie des heures.
Et la vie de même,qu’une rivière fantasque, prenant un autre cours, changeant son tracé, au gré du relief et des époques.
–
RC – 16 juin 2013
–