Armand Robin- Poème pour adultes – II
Colonnes torses, Hôtel Dieu Tournus – 71
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Les places ont des bras de cobras,
Les maisons des gorges de paons.
Donnez-moi quelque antique pierre,
Que je me retrouve en Varsovie!
Je me tiens en stylite absurde
Sur la place, sous le candélabre ;
Je louange, admire et maudis
Le cobra, l’abracadabra.
Tel un paladin je m’enfonce
Sous les pathétiques colonnes.
Que me font le « Hall de Luxe » et ses mannequins
Peinturlurés pour le sarcophage ?
Ici les jeunes courent acheter des glaces !
Ha! tous ici sont très jeunes,
Leurs souvenirs confinent à des ruines,
La gamine va bientôt enfanter.
Ce qui a poussé en pierre restera!
Le pathos avec la camelote!
Ici tu apprendras ton alphabet,
Futur poète de Varsovie!
Aime cela en coutumière ornière.
Moi, j’ai chéri d’autres pierres,
Grises, véritablement grandes,
En leur cœur le bruissement des souvenirs.
Les places ont des bras de cobras,
Les maisons des gorges de paons.
Donnez-moi quelque antique pierre,
Que je me retrouve en Varsovie!
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Jean-Baptiste Tati-Loutard – la mer n’est plus notre tombe
La Mer n’est plus notre tombe,
C’est notre sarcophage antique,
Notre relique,
Ensevelie sous quatre cents ans de sables
Et recouverte de toutes les peaux du ciel
Jamais vues.
Regarde ! les étoiles sont nues
Dans le lit bleu de la nuit
On voit bien leur sexe de lumière ;
Et la lune qui se lève à l’horizon,
Sent toutes les roses du jardin colonial.
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Les momies d’Egypte ( RC )
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Les rives de l’ hier
Déménagent dans la crypte
Le sable se désespère
Aux temples de l’Egypte
Aux amateurs avertis
Ceux qui hantent les musées—
– La statue de Nefertiti
Qui contemple d’un oeil amusé
Les siècles qui passent
Gravés dans la pierre…..
Suivre, d’une histoire, la trace
Perdue dans le désert
Gardé par les sphinx
Et les pyramides
Et l’oeil de lynx
Des regards humides
Des statues en granit ,
Veillant, sous la poussière
Les momies qui ressuscitent,
– Autre stratosphère
Tombent alors, bandelettes
Témoignant du sauvetage
Des chairs défaites
Dans le sarcophage.
Se soulève avec effort, le couvercle
Au coeur du tumulus
Les gardiens de bois, font cercle
En décor de papyrus…
Tous ces objets précieux
Que l’obscurité plombe
A l’abri des cieux
Sous les pierres catacombes
Echappent au présent
Du monde instantané
Avec le calme cicatrisant
Des longueurs d’années.
L’esprit contemplatif
( ou celui qui s’entête)
Lira , dans les hiéroglyphes
De la pierre de Rosette
Comment voyagent les morts
– Gravures indélébiles -,
Apparemment sans effort ,
Glissant sur le Nil
– Au delà des dynasties
Tandis qu’au-delà du noir
Se poursuit, sans modestie
La conquête du pouvoir
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RC – 4 février 2013
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