le jardin de mon poème – ( RC )

Reconnaîtrais-tu ce jardin,
maintenant abandonné,
laissé à lui-même
alors que débordent les branches
du saule, que tu as connu
jeune encore, devant la maison?
Les heures de l’hiver
viendront tuer les fleurs,
arracher les feuilles
du chêne encore debout,
mais tu reconnaîtras le jardin de mon poème,
auquel subsistent quelques vers…
Frisson d’Avril – (Susanne Derève)

Photo – montage RC
J’ai confondu le printemps et l’hiver
Il neige si fort ce matin
une bourre de soie légère
J’y vois frissonner Avril
Sur la promenade pleurent les saules
et leurs cotillons graciles
moussent doucement à nos pieds
nos chevelures en sont poudrées
Neige douce que porte le vent
mollement gorgé de pollens
un duveteux tapis de graines
festonné d’écume blonde
comme une averse féconde
qu’un souffle disperserait
inspiré d’un poème de René Chabrière : http://welovewords.com/documents/une-neige-qui-nen-est-pas
Je suis parti pour un voyage ( RC )
–
Je pars un peu, laisser derrière moi hautes collines et ravins d’ombre,
A compter la distance, je suis les flèches blanches,
–
Elles scandent les espaces, les forêts sombres…
Laissent place aux prairies, aux cultures, et enfin aux villes,
Le long de la route qui penche,
Virevolte, agile ,
–
S’élance et voltige,
Viaducs et ponts d’audace,
Défiant le vertige,
S’appuient sur monts et terrasses,
–
Avant de connaître la plaine,
Voisine d’une rivière serpente,
Sous le soleil, sereine…
… on en oublie le souvenir des pentes.
–
Le miroir d’eau accompagne,
Sur les kilomètres parcourus,
La route de campagne,
La traversée des villages, bientôt disparus,
–
Ils changent peu à peu de style,
La pierre cédant à la brique,
L’ardoise à la tuile,
Répondant, en toute logique
–
Aux régions qui se succèdent,
Au fil des heures interprétées
Que la lumière encore possède,
D’entre les nuages… c’est l’été.
–
J’approche de chez toi,
Les maisons aux façades vives,
Le chant de ses toits,
La tour de l’église et ses ogives,
–
Je laisse sur la droite,
Le vieux village,
Et ses voies étroites,
Magasins et étalages…
–
Quelques rues encore,
La barre des bureaux
Après le drugstore,
Et puis le château d’eau…
–
Coupant le moteur,
J’ouvrirai enfin,
Le havre de fraîcheur,
L’abri de ton jardin,
–
Il y a toujours,
La porte bleue ouverte,
Sur la salle de séjour,
Le bassin aux lentilles vertes,
–
Et les chaises anciennes,
Laissées au vent,
– Attendant que tu reviennes,
Je m’assois lentement
–
A côté des plantes
Les pieds dans les lentilles,
Et pousses verdoyantes,
Je ne vois plus mes chevilles
–
Mais le reflet du saule
Et puis ton visage,
Qui me frôle l’épaule,
Les seins sous le corsage,
–
Les mots s’enroulent dans les violettes, *
Ta peau a la couleur de blondes prunes
Prêtes à d’autres cueillettes,
Je vais te retrouver sous la lune,
–
Je suis parti pour un voyage – dans tes bras.
–
RC 19 août 2013
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la belle expression « Les mots s’enroulent dans les violettes » est de Nath