Passagers de la nuit – (Susanne Dereve)

La nuit dérivait lentement
pas une nuit d’argile ni de mousse
ni de la froide clarté des constellations de Juillet
ni de l’ombre des pins , noire , où balançait le vent
ni du roulement des vagues ou de celui du temps
perdu , éperdu , amassé
– telles ces piécettes d’or miroitant
sous l’eau des fontaines –
Une nuit d’étreintes et de baisers
du lourd parfum des pluies d’été
saturé d’humus et de braise
– sait-on jamais ce que pèse
le poids des mots et des regrets –
La lune s’était levée ,
paupières closes , lèvres scellées ,
et ses lançons d’argent vibraient sur l’eau
épousant le flot incertain du courant ,
la gravant en nous comme un sceau
Passagers de la nuit arpentant les étoiles ,
nous étions deux amants …
Katica Kulavkova – solstice 01

photo zazenlife: Stonehenge
Solstice
Premier soleil : sagitarius
Ô, mère, comme la journée est courte !
Comme une maille de l’infini
le cercle solaire se retourne
non par amour, par obligation
et sans l’infidélité de la femme
pour laquelle rien n’est certain
rien n’est sien ni étrange
dans l’écliptique de l’existence.
Le jour croît et tombe
dans un rythme parfait
il répare la mort
et l’homme est confus et désorienté
dans la pantomime du temps.
Le solstice est initiation
aux coutumes supraterrestres
aux cultes païens
au feu et à l’eau
à la libido et à l’aventure.
Quand il s’arrête
le soleil renonce
aux affaires journalières, frivoles.
Au sommeil de l’ours. Au scepticisme.
Il a devant lui le rituel de l’équilibre
et du hasard. Faste et volupté.
Non, je ne pleure pas ;
je ferme seulement les yeux
devant les vies duelles
avec le sceau d’une évacuation précoce
devant la nuit blanche des amours parallèles
non échangées
non édifiantes.
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