Mike Stern – la marche du danseur
spectacle de Lucinda Childs
La marche du danseur
J’adore voir un danseur marcher
sur une surface ordinaire
hors scène et hors service
Gracieux même quand il pousse un caddy
le corps spontanément
devient si détendu si léger
que la pesante loi de gravité
semble n’être qu’une rumeur
La terre tourne sous les pieds du danseur
La lune et autres satellites
ajustent leurs orbites
Tout cherche sa place de nuit
Le danseur, de retour chez lui,
coupe des tomates en tranches et fait frire des oignons
debout dans la cuisine
comme un héron faisant une pause entre le rivage
et le soleil couchant.
Imaginons les Ménines – ( RC )
Peinture: D Velasquez – las Meninas – partie gauche
C’est une salle assez obscure,
qui sert d’atelier ;
en tout cas, on n’identifie pas
la source de lumière,
ni ce que le peintre esquisse,
puisqu’il est de face.
De la toile, juste le chassis,
de dos, posée sur un lourd chevalet.
Autour de lui, gravitent ses modèles,
assemblés comme pour la parade .
L’infante Marie- Thérèse ,
en robe bouffante .
Elle est entourée de ses serviteurs
aussi en habits d’époque
dans un ballet immobile.
Le chien allongé ne semble pas concerné.
Ils nous font face,
étonnés de notre regard,
entrant comme par effraction,
alors qu’au même moment,
une échappée se dessine,
un personnage ouvre une porte,
et franchit quelques marches,
au fond de la salle…,
Parallèlement à cette ouverture,
si on observe bien,
un léger reflet,
renvoie , avec le miroir,
l’image du couple royal,
comme si la vision que l’on a
de cette scène était celle,
captée par leurs yeux.
L’artiste poursuit son travail .
Il est masqué en partie
par la peinture,
et rajoute un détail.
C’est peut-être nous,
qu’il inclut dans la scène,
traversant les siècles
pour y entrer de plein pied !
De celle-ci, on ne saura jamais rien,
car il faudrait un autre miroir,
pour jouer la mise en abîme…
….. et Vélasquez ne l’a pas encore peint…
–
RC – mai 2017
Kaléïdoscope – ( RC )

Art: Gilbert & George – Flagleaf
Regarde bien!
La scène se découpe,
Elle se démultiplie,
Les images se mélangent,
Se chevauchent et se renvoient,
A elles-mêmes,
C’est un décor de théâtre,
Enfin, je crois,
–
On y voit des acteurs
Ils sont en travers,
Projetés sur les murs,
Recomposés, remplis de couleurs,
Elles s’enfuient ensuite,
Se soudent et se rassemblent
Un peu plus loin,
–
Et c’est une fontaine joyeuse,
Des idées . Elles viennent,
Se cristallisent,
S’enchevêtrent,
Puis se séparent …
–
Des poèmes surgissent,
On dirait, de nulle part,
Fusent, à travers la tête.
Il suffit de les attraper,
De les laisser vivre,
–
Une danse effrénée,
Les mots sont là,
Des images s’assemblent,
Comme débordant,
De compartiments étroits,
Je vais les assembler,
–
Les faire s’épouser,
Dans une maison de papier,
Translucide
Je te les enverrai,
Par la poste,
Tu verras ainsi,
Sous tes yeux, venir
–
Une magie une fantaisie,
A mesure que les images
Se reforment,
Et se projettent …
Les acteurs sont à l’envers,
Maintenant.
–
Dans ta tête,
C’est toute une histoire,
Ce que tu interprêtes,
A ta façon,
En quelque sorte une aventure,
Dont tu deviens le héros,
–
Si tu prends à ton tour,
Le stylo,
Pour me répondre
Tout en changeant les couleurs.
,
RC – décembre 2013
séquences d’Hitchcock ( RC )
North by NorthWest – ( La mort aux trousses )
–
Qu’une femme disparaisse
Dans un orient-express
C’est un film d’Hitchcock
Qui marque son époque
Pour un film d’espionnage
Une fois commencé le voyage
–
D’une pichenette
Je continue dans ma tête
A me balader dans la foule
Alors que se déroule,
Dans d’autres lieux
Un crime odieux
Pour la caméra , si l’histoire s’enlise
L’action poursuit dans une église,
Une femme dans le clocher
Dont l’acteur va enfin s’approcher
C’est alors le vertige
Qui toujours l’afflige
L’empêche de monter
– et de ce coup monté –
Un corps qui tombe et se casse
Un tour de passe-passe…
Où est passée la femme qu’il aime ?
Cà, c’est bien le problème…
–
Ou bien dans un autre film, une scène
– croisement de routes à l’américaine,
D’où surgit un car
Venu de nulle part
Cary Grant en descend
(un rendez-vous important)
Mais personne ne s’arrête,
A part un bus, pas une estaffette…
Seul un petit point grandit,
C’est cet avion maudit
Qui le poursuit en vain
Dans le champ voisin
Avant que ne se brise son élan
Culbute , et un accident
Au coeur de l’action,
Contre un camion…
Toujours la mort aux trousses,
Il pourrait jouer du pouce…
–
—— Alfred décide du futur
Pour de nouvelles aventures
Jusqu’aux portraits géants
De pierre, des présidents
….Et d’autres manigances
Qui font le suspense
… et toujours nous interloque
Le talent de Hitchcock…
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Affiche rouge – Vertigo ( Sueurs froides)
RC- 16 novembre 2012
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