Dévêtue d’un temps trop lourd – ( RC )

peinture Gaston Bussière – ( l’anneau des Niebelungen)–la Révélation, Brünnhilde découvrant Siegmund et Sieglinde, 1894
En plongeant dans la rivière
pour aller chercher l’anneau d’or
que tu avais perdu,
j’ai trouvé la marque de tes mains.
Elles avaient modelé les pierres
lorsque tu t’es dévêtue
d’un temps trop lourd,
avant de t’envoler
légère
au-dessus de la terre
pour y rejoindre les constellations
dont même la science
ignorait l’existence….
Rituel – ( RC )
Le poids de l’histoire
se referme dans un soir
où son corps s’offre au sacrifice,
bientôt, tas d’immondices.
Le prêtre accomplit sa fonction,
après quelques génuflexions
pointe son couteau
à la jonction des peaux .
Une rapide entaille,
une fontaine ruisselante,
( pendant que tout le monde chante ) ;
> recueillons le sang avant qu’il ne caille…!
Elle a le temps d’ imaginer son cadavre
ouvert en son milieu,
révélant des secrets inavouables,
dans ce cimetière graisseux .
Quelques livres de chair,
qui se lisent à l’envers,
ouvert, le sachet de viande animale
– un nu on ne peut plus intégral –
où tout apparaît à découvert:
les muscles et leurs attaches,
la viande qui se relâche
les cartilages bleutés, les os et les viscères.
Le rituel ne tolère aucun remords
l’action s’est déroulée sans repentir,
on pourra bientôt lire l’avenir
à travers la mort !
Fi du corps et de ces éléments inutiles ! ;
——–> il faut aller à l’essentiel,
c’est un instant de grâce subtile
( on bénit son âme montée au ciel ).
Célébrons la Puissance Divine !
que Sa volonté s’accomplisse !
soit béni aussi, son sang pour la fertilité
les récoltes abondantes, et la fécondité !
D’habitude ce sont des animaux
sacrifiés pour la science :
là, elle a donné son corps en pleine conscience,
il n’est pas l’heure d’états d’âme sentimentaux…
Allons ! Allons ! le temps presse!
… on attend que les suivants
arrivent , modestes et resplendissants
( une dizaine suffira avant la Messe ! ).
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RC- dec 2019
Réfractaire aux laboratoires – ( RC )
J’ai dû crever l’atmosphère :
des spirales m’entourent,
cristallisant l’univers :
il y a des miroirs tout autour,
qui bavardent tous ensemble
dans un grand palais des glaces
dont le centre flambe :
on dirait qu’on parle à ma place .
Ici, jamais le feu de s’éteint
et au milieu, je m’égare
ces discours ne sont pas les miens :
les reflets captent les regards,
> la lumière se plie , se déforme :
trop de gens se confient aux machines,
et portent l’uniforme
( beaucoup plus que l’on imagine )
c’est sans doute plus confortable
d’écouter leurs histoires ,
mais je ne suis pas programmable :
réfractaire aux laboratoires
comme aux puits de science
nourris de méga-octets :
> je contemple le silence
et me mets en retrait…
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RC – fev 2018