Lespugue – une Vénus parmi nous – ( RC )

Fragile et endormie,
peau d’ivoire lisse,
à quelle magie as tu présidé,
toi la veilleuse d’ambre
aux amples formes ,
qui a confié tes secrets
aux ombres des visages
qui t’ont vénérée ?
Dix mille ans ou davantage
nous séparent
du destin de ceux qui t’ont tenue,
de ceux qui t’ont sculptée:
tu as la patience
de ceux qu’on aime
au-delà de l’épiderme
et garde silence…
Jusqu’où ira- t-on chercher
la nuit infinie
qui se dépose en strates
dans l’obscur abri de roche
où les hommes t’ont enfouie ?
Fétiche de fécondité
te voilà révélée par ceux
qui avaient oublié ta puissance…
Vulnérable comme la trace des années
qui s’enfuient de la mémoire.
l’expression « veilleuse d’ambre » est empruntée à Robert Ganzo
Aucune théorie sur le déplacement – ( RC )

Là, tout est au beau fixe.
Quelques nuages volages
sont à leur place.
Personne n’imaginerait
à part l’ingénu Magritte,
que les rochers se détachent
et s’envolent, oublieux de leur masse
avant de retomber au petit bonheur
pour la plus grande joie des autochtones,
voyant pleuvoir les menhirs.
C’est une image peu réaliste,
….je le concède,
qui pèse très peu
comparée à ces tonnes
qui ont été déplacées …
mais comment expliquer
que des pierres usées
par des millénaires de marées,
se retrouvent en équilibre
sur ces rochers dentelés ?
L’océan, dans sa grande générosité
aurait-il, inversé le cours des choses,
glissé ses bras sous les écueils,
bousculé les centres de gravité,
ignoré les lois de la physique,
pour leur rendre une légèreté
« métaphysique «
comme ces nuages que l’on voit passer
lors de ces après-midi d’été,
où règne calme et volupté ?
Je n’ai là-dessus aucune théorie,
pas interrogé le sable sage
sous le soleil de juillet,
de toute façon,
il ne m’aurait pas répondu :
je me suis contenté de chercher l’ombrage
sous les blocs de granite
dont la longue vie
contient plus de secrets et de chansons
que je n’en pourrais inventer…
un poisson au-dessus des dunes – ( RC )

Je me roule dans les mains de lune
glisse dans l’océan des rêves
je suis un poisson qui s’envole
au-dessus des dunes.
Ta poitrine de sirène
blanche et ta chevelure brune
sont celles d’une reine
au regard limpide.
Je vais planer, planer encore,
puis je retomberai
dans l’étendue liquide
l’instant d’une petite mort.
Ton corps d’or,
en devenir
connaît les sentiers secrets
des ressacs du désir.
Tu sais que l’on se noie
dans le plaisir,
mais je survivrai,
rien que pour toi.
RC – août 2021
Ivo Fleischmann – Vers

Les secrets. Nous en sommes entourés.
Un seul visage, ou deux ?
J’écoute ton souffle et quand tu ouvres les yeux
et que tu me demandes pourquoi je veille
jamais je ne dirai le nom de la rue le nom de la ville
le chiffre de l’année
Jamais je ne dirai que des nuages là-haut filent vers l’horizon
Je te soulève de la rivière où tu dors
et je t’y replonge pour descendre avec toi au fil de l’eau
la nuit, comme un torrent
qui ne remontera jamais vers sa source.
(Quelques feuilles et la rivière )
— extrait du recueil « poésie », la nouvelle poésie tchèque
Claude-Michel Cluny – Parlements

Ils se tiennent parfois dans des trous, qui ressemblent aux citernes des morts de Mycènes.
Mais ils ne portent pas nos beaux masques d’or, ils ne sont pas là pour l’éternité.
Pour l’Ossolète l’âge n’est qu’un déclin, la mort une voirie, jamais ils n’ont embaumé, empaqueté de monarque.
On ne sait même s’ils ont des rois.
Est-ce du pouvoir qu’ils bavardent au fond d’un trou, sans couronne, sans gardes?
La pourtant un murmure infuse, qui fait qu’on devine des Parlements de sous-sol, où se psalmodient peut-être des lois qu’on ne connaîtra pas.
Les Ossoletes non plus : après trois pas, le moment qui s’achève tombe dam une urne sans fond, un passé sans âge.
Les basses fosses où ils s’entassent et, qui sait? légifèrent, ne sont guère que des sacs à linge profonds et bêtes comme un suffrage universel. Les dieux font-ils collection de ces secrets perdus ?
plus d’infos sur l’auteur ? voir lien
Ne me dis pas que la terre est infertile – ( RC )
Ne me dis pas que la terre est infertile.
On n’en connaît que la surface,
pas la profondeur.
Il y a des graines qui attendent,
à côté des pierres.
Il y a des galeries souterraines
où l’eau s’engouffre.
Des ossements et des secrets bien enfouis.
Des racines les prolongent
et s’en nourrissent .
Ne me dis pas que la terre est infertile,
les fleurs en sont nées
comme les forêts.
Même blessée elle porte le monde.
N’oublie pas que tu marches dessus.
Quine Chevalier – ensorcelées sous le soleil
Ensorcelées sous le soleil
les ombres sont féroces
l’aube sans voix décline ses miroirs
et le vent dans tout ça
qui palabre
violente.
Ensemble nous marchons
dans nos creux
soulevant
l’herbe des secrets
que nous buvons le soir
dans la lampe qui brûle.
Quel hameau a quitté
l’enfant de nos désirs
sur quel arbre d’oubli
a-t-il planté ses rêves ?
La main n’est plus qu’un nid
l’ombre se repose
les yeux ardent la plaine
où passe le gerfaut.
Mokhtar El Amraoui – miroirs
sculpture Gloria Freedman
Miroirs
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur
Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !
©Mokhtar El Amraoui
Quine Chevalier – ensorcelées sous le soleil
–
Pour Annie Estèves
Ensorcelées sous le soleil
les ombres sont féroces
l’aube sans voix décline ses miroirs
et le vent dans tout ça
qui palabre
violente.
Ensemble nous marchons
dans nos creux
soulevant
l’herbe des secrets
que nous buvons le soir
dans la lampe qui brûle.
Quel hameau a quitté
l’enfant de nos désirs
sur quel arbre d’oubli
a-t-il planté ses rêves ?
La main n’est plus qu’un nid
l’ombre se repose
les yeux ardent la plaine
où passe le gerfaut.
Mokhtar El Amraoui – Miroirs
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur
Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !
©Mokhtar El Amraoui
Autochtone – ( RC )
Image :: création perso 2005
–
On peut s’égarer dans la forêt,
Si tu ne connais pas bien le chemin,
et tourner jusqu’au lendemain,
– On n’en connait pas bien les secrets .
Tu peux te guider aux petits bruits
Les déplacements subtils
des yeux de la nuit
Le glissement des reptiles
qui te surveillent,
l’ombre taciturne,
éloignée du soleil,
les oiseaux nocturnes
cachés dans les frondaisons
mènent leur vie tranquille
comme sur une île
séparée de l’horizon.
Imagine-toi en Afrique
où les singes se répondent,
alors que tu vagabondes
dans un lieu typique
qui t’éloigne quelque peu
des sentiers balisés :
pas de Champs Elysées,
mais un autre milieu :
une jungle épaisse
qui s’auto-multiplie
et où jamais elle ne te laisse
faire un safari .
Tu vas tenter de te guider
avec ces bruits furtifs :
Voila ce que c’est de se balader
dans ce parcours évolutif.
Tu vas contourner de larges flaques d’eau,
des rochers de latérite
– des obstacles dans ta visite –
et toi, toujours sac à dos
Quand tout à coup, un bruit t’immobilise
et qui va grandissant :
C’est la démarche imprécise
d’un ce ces habitants :
On les nomme autochtones,
comparés à toi, l’étranger :
ce ne sont pas des hommes
qui portent le danger ,
mais de ces animaux
qui parcourent avec aisance
de grandes distances
par monts et par vaux :
En voila un à présent
qui écrase de grands végétaux
comme de vulgaires poireaux
en s’avançant nonchalament.
C’est un peu bizarre
cette rencontre inopinée ,
mais choisissant de se baigner
dans la première mare :
C’est une sorte de colosse gris
qui paraît immense
et tranquillement s’avance
sans forfanterie
Tu peux voir de trois-quart
l’animal et son curieux épiderme
maintenant au milieu des nénufars :
c’est un pachyderme
Un de ces géants
pas très discrets
mais qui connait bien la forêt :
tu pourras suivre en son temps
les traces qu’a laissées
négligeamment
le grand éléphant
dans son pas cadencé
pour retrouver en effet
avec les arbres aplatis,
rapidement la sortie
à la façon du petit Poucet
A la place des cailloux,
tu peux remercier ton baigneur
qui fut aussi ton sauveur
et tu rapportes une photo de lui, ( floue ).
–
RC – oct 2016
Mokhtar El Amraoui – Miroirs
photo: Robert ParkeHarrison
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur
Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !
©Mokhtar El Amraoui
Armand Robin – Testament dans la nuit
image :montage RC
Moi, Constantin, fils de Constantin,
En Espagne nommé maître Ildefonse,
Sans être d’intègre esprit,
J’écris un testament à la lueur des bougies.
Des phalènes sous mes yeux tournent près des bougeoirs
Ils frissonnent et mes doigts ont des frissons ;
Au maître qui créa les bougeoirs je lègue donc
Les nuits de juin avec tous leurs papillons.
Qu’un jour par hasard le traîne le cafard,
Parmi les rues il étendra sa marche le soir,
Sans retard sur les vérandas tourneront les papillons noirs,
Sur le gazon, les boules bleues s’éteindront sans retard.
Il verra les phalènes, visages sur fumée d’or,
Il posera son pas, de mon nom prendra mémoire.
Aux poètes de ces jours et des jours à venir
Je lègue mon poêle de faïence
Avec son intime feu d’idées, de mi-idées,
Autrement dit de bagatelles pas dignes qu’on les allume,
Et je leur lègue mon encrier, cette pleine lune
Que me vendit un marchand tzigane.
Qu’un jour par hasard en des ans différents,
Tel moi-même cette nuit haussant ma voix,
Ils aillent déployant papiers et parchemins
Et sanglotant : « Éterniser la nuit! Comment? »,
C’est moi qui gratterai dans le cri de leurs plumes,
Ce sera moi dans leurs danses, lascivités vers les nuées,
Car dans la nuit j’ai tellement promurmuré, démurmuré
Que je connais jusqu’à l’abîme les partitions de la nuit.
A ma fille Kira, qui danse,
Je lègue le septième firmament
Avec séraphins par tout terzo s’agenouillant,
De très hauts « pas un mot, a, des lueurs sans clarté
Et toute chose naturelle, comme coffre à secrets.
Qu’elle y apprenne ses ballets !
A mon ami Théo, pour quand pleut le crépuscule sur la ville,
Une ruelle pas entamée pour y marmonner
Et même un certain portail du quartier Leazno
Avec un Neptune de fer forgé.
Hélas! il est parti dégoûté de la cité,
Maintenant c’est au ciel un astre apaisé.
A tous les êtres de bonté le charme entier qui a germé
Sur cette terre et, tel un abécédaire,
Les saisons de l’année en doré en argenté,
Les papillons et même les moucherons
Le soir près des acacias en géants buissons,
Une aube, dont nul ne revient, en arrière-fond.
Pour mes poèmes des furies phosphorescentes
Irradiant dans un ravin de ténèbres, de méchanceté.
Pour ma Basanée, ma Svelte, mon Ombrageuse,
mes yeux qui ont pleuré.
(Armand Robin) (1939)
E.E. Cummings – Puisse mon cœur …
photo extraite de l’ouvrage « est-ce ainsi que les hommes vivent« …
puisse mon cœur être toujours ouvert aux petits
oiseaux qui sont les secrets du vivant
quoi qu’ils chantent vaut mieux que savoir
et si les hommes ne devaient les entendre les hommes sont vieux
puisse mon esprit flâner affamé
et sans crainte et assoiffé et souple
et même si c’est dimanche puissé-je avoir tort
car lorsqu’ils ont raison les hommes ne sont pas jeunes
et puisse moi-même ne rien faire utilement
et t’aimer toi-même ainsi plus que vraiment
il n’y jamais eu de tout à fait tel idiot qui puisse faillir
à tirer tout le ciel sur lui d’un unique sourire.
E.E. Cummings, Poèmes choisis, traduction Robert Davreu, José Corti, 2004 ,
———-
may my heart always be open to little
birds who are the secrets of living
whatever they sing is better than to know
and if men should not hear them men are old
may my mind stroll about hungry
and fearless and thirsty and supple
and even if it’s sunday may i be wrong
for whenever men are right there are not young
and may myself do nothing usefully
and love yourself so more than truly
there’s never been quite such a fool who could fail
pulling all the sky over him with one smile
Habillé de ton portrait – ( RC )

– photographe non identifié
–
Habillée de brume,
Elle enveloppe l’air,
Qu’une lueur allume,
C’est tout un mystère,
Si tu fuis le noir,
Et navigues, en puissance,
Dans le laboratoire,
Avec tes expériences…
Finissons en du tragique,
Voilà ce qu’il faut que tu crées ,
D’un coup de baguette magique,
En ouvrant le tiroir aux secrets.
Et qu’ensuite, je m’endorme,
Habillé de ton portrait,
( tu vois, j’ai changé de forme ),
En empruntant tes traits.
Il n’est pas besoin d’une messe,
Ni de prier la Vierge
Pour la caresse d’une déesse,
Encore moins, de brûler des cierges .
Juste la promesse,
De ton sourire,
Me redonne une jeunesse,
Que rien ne peut ternir.
–
RC- avril 2014

masque « sourire du jaguar » art traditionnel mexicain.
Au sujet des masques mexicains, que je trouve souvent exceptionnel, grâce à leur inventivité, une page synthétique de pinterest en donne une bonne idée…
–
Theo Léger – Le courtisan

photo extraite du film « Ridicule »
-LE COURTISAN
Pareil à la sculpture indispensable aux palais
à l’architecture d’une salle de bal
Virtuose des redoutes, Cicérone des alcôves de la cour,
tel le voilà! si léger qu’il tourne à tout vent.
Il s’exerce à la danse : art très utile
Aux temps du carnaval
d’un tour de valse il fait tomber dans la disgrâce
des tribus tout entières.
Rompu aux méandres du jeu,
il suffit qu’au moment juste
un nom lui tombe des lèvres entre deux airs,
avant que sa main ne marque la nouvelle cadence
un bouquet de têtes ennemies
déjà s’est fané aux potences.
Il est tout agilité, mémoires de balcons secrets,
d’un toucher de prophète si parfait
qu’en te serrant la main
il connaîtra ta place au banquet de l’an prochain.
Il peut si nécessaire (on ne soupçonne les amoureux)
s’éprendre d’une Juliette
traînant tête vide une clameur de ragots
qui lui dira le temps précis d’abandonner des murs branlants
et d’attendre que pâlissent les traces de sang.
Puis, à l’heure où les maîtres nouveaux regardent
écœurés d’ail, obèses de choucroute, nostalgiques
l’île déserte d’un morne trône, le revoilà!
–
{Théo Léger) (1963)
Vision nocturne – ( RC )
peinture H Füssli-
Le sommeil a ses reflets,
Le miroir en effet,
De l’armoire à glace,
Située en face
Me regarde dormir,
Et si je ne peux décrire,
La traversée des secrets,
Et les rêves de craie,
Se dessinent à grands traits,
Racines -pièges, sorties des forêts
Et l’invasion des limaces,
Ne tenant plus en place.
C’est à mon réveil,
Seulement, que le soleil,
Repousse les ombres,
– Que la nuit encombre…
… Quand elle revient , elle se penche,
Et au-dessus de moi, de ses formes blanches,
Sitôt la lumière éteinte,
Je retrouve l’étreinte
Des femmes sorties des nénufars,
Aux longs membres blafards…
Les pensées tanguent, parallèles,
Eléphants aux pattes grêles,
Aux parcours du dormeur,
Sous les draps, sa tiédeur…
Ou, au contraire, prisonniers de la glace
Les yeux ternis des rapaces
Le balancier régulateur,
Défiant la pesée des heures,
Où se joue le complot,
Extrait du tableau.
> Il n’y a plus de trêve,
Si l’absence s’empare du rêve.
–
RC – 13 septembre 2013
–
Papiers de bouleaux ( RC )
Photo: site maerchenbilder
–
Paroles et murmures,
S’inscrivent à l’encre sympathique,
Au dos des feuilles,
– Papier de soie,
Ecorces des bouleaux,
Soumis aux secrets,
De la croissance,
Et même s’enracinant,
Dans un terreau lourd,
Où gisent les morts,
qui murmurent peut-être,
A ces écritures debout,
Blanches,
Gardant aussi,
Jalousement les confidences,
Données aux sentinelles de la plaine.
–
RC – 3 septembre 2013
–
Marcel Olscamp – Confidence
_
Le siècle des passions vient mourir au chevet
d’un langage cassé qui perd jusqu’à mon nom
entre les draps trop blancs d’une chambre scellée
dans une ville éteinte aux rues déshabillées
comme une femme nue sous le regard d’un chat
qui serait mort d’ennui le jour de ma naissance
en lissant son pelage au fond d’un autobus
qui tournerait le coin de la rue pour de bon
Le père se déchire en tenant dans sa main
le chapelet noirci de ses jours de vivant
nous regardons les murs pour ne pas voir le mal
nous glisser sous les yeux de sa voix trébuchante
Mais dites aux coins des rues que je ne viendrai plus
voir mourir les années dans cette chambre blanche
la force m’est venue de porter mon regard
sur le désert de miel entre le monde et moi
la tempête est cassée, le monde est hors de lui
et tous les vieux secrets se déchirent au vent.
une notice biographique sur l’auteur…
–
–
Il est des paroles précieuses ( RC )

installation: Michael Heizer
–
Il est des paroles précieuses,
De celles qui dessinent un contour inoubliable
A travers l’air, à travers l’espace d’une page.
Il est des voix, qui traversent les époques,
Marquent la peau des mots
De la couleur des choses précieuses,
Et qu’il serait inutile de taire, d’enfermer dans une boîte,
Et de soustraire au monde,
Comme celui qui enfouit son or, sous la terre.
Celle-ci a beau garder ses secrets,
Sous l’épaisseur nourricière, parcourue de racines,
On y trouve quelquefois des bijoux, et quelques pièces,
Mais surtout des cadavres, qu’il est plus décent
De cacher aux yeux des vivants,
Et de cacher aussi les crimes, des mêmes vivants,
En attendant l’oubli, – à défaut de pardon
Et le retour à la terre…
Sous elle, – beaucoup de silence,
De la glaise collante et des pierres lourdes,,
Mais , des pensées et des voix, point ;
– Elles ont besoin des vivants
Pour continuer leur course,
De bouche en oreilles, d’écriture en lecture,
– De pensées en pensées, comme ricochant
Sans s’arrêter sur un fleuve devenu très large,
Que chacun alimente, à sa façon.
Il est des paroles précieuses,
Marquées de la peau des mots,
Qui coulent de source
Et leur couleur importe aussi , peu,
Sans jamais les enfouir
Dans son corps
Ou au creux de la terre.
— > Il suffit de les écouter.
–
RC – 22 avril 2013
–
écrit en relation avec un texte précédent:
–
Pierre La Paix – Sublime retour
Les déserts des bonheurs oubliés,
Si larges, si veufs… si neufs !
J’ai cherché dans la nuit de l’oubli,
Des sourires tiens
Que l’absence avait emportés.
Le silence imprudent de ton départ
A balafré sur les atomes des jours
Les regrets fanés,
Les secrets profanés
Que le temps effaçait mal…
Mais à l’espoir tenace de te revoir,
Mon cœur a cru.
Et au clair des lunes sans toi,
J’ai souvent chanté le refrain
Unique qui finissait nos serments.
Fou, j’ai rédigé
«Dans le murmure de toi »
Le psaume accompli
Qui confirmait l’adieu douloureux.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts
Dis-tu ?
Mais celle de mes yeux réclame encore
Le frou-frou de tes joues câlines
A l’insu des muets matins,
L’aube toute affolée de toi
T’a ramenée revivre
Le printemps heureux
Qui nous manquait tous deux.
Tremblants sous l’effet du retour,
Refusant d’accepter l’impossible
Nous avons redessiné Cupidon
Avec les doigts d’Aphrodite
Et sa flèche sans douleur nous a piqués.
Reste avec moi cette nuit…
Reste avec moi cette vie…
–
Pierre La Paix
–
Profondes clameurs 2011
* vous pouvez retrouver « sublime regain » à ce lien
http://www.facebook.com/note.php?note_id=255307977835321
–
Brigitte Tosi – Les mains griffées
Les mains griffées
De tous ces mots, là-bas, jetés au bord du monde,
Du verbe inachevé au point figé du bleu,
Du rêve inabouti noyé dans l’eau dormante,
Ne restent que nos mains emprisonnées de ronces
Gravant l’espoir aux murs de nos jardins secrets.
© B. Tosi
–
Ombres contrevents – silence en demi-teinte
C’est du blog d’Adeline, dont, je crois que c’estla première fois que je transmets son écriture… (visible sur ombres contrevents) ici avec
Silence en demi-teinte
–
J’entendais ses regards.
et je fermais les yeux
pour mieux enfermer sa présence
J’entendais sa tristesse
et je le regardais pour parler fort et en silence
pour dire de rien le reflet
de sa détresse
partager un recoin de sa vie
Nous étions si proches alors
isolés dans le souffle bruyant de nos secrets
Cette guerre sans armes
muette
je voulus la tracer
de quelques couleurs échappées
de nos cœurs vides sans résonance
En voici l’huile bouillonnante
craquelée de sanglots perdus
fixés à tout jamais sur une trame grise
où dorment les fleurs de nos vies
–