Jacques Réda – Septembre –

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Ce qui se lève tout à coup dans la lumière, annonçant l’automne ;
Et ce vent des jours oubliés flottant comme une pèlerine ;
Et ces arbres appareillant non vers la neige ou les brouillards déjà sous les collines,
Mais vers la mer intérieure où le ciel se déploie
Et dans un ciel plus haut comme un drapeau fragile se déchire,
Arbres rentrant au port enfin, feux rallumés en autrefois.
(Autrefois reste la patrie.
Mais de nouveau septembre ici
Ramène la halte du ciel et des arbres d’automne
En vain : nous ne reviendrons pas,
Bien que cette clarté se lève encore sur les bois
Et submerge les prés où nos pas ne couchent plus l’herbe
Ayant ce peu de poids des morts et de leur nostalgie.)
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Amen, Récitatif, La tourne
Poésie Gallimard
Eugenio de Andrade – le poids de l’ombre III
photo Raphael Milani
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Le poids de l’ombre III.
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C’était septembre
ou bien tout autre mois
propice à de petites cruautés :
Que veux-tu encore ?
Le souffle des dunes sur la bouche ?
La lumière presque nue ?
Faire du corps entier
un lieu en marge de l’hiver ?
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Estonie 2013
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Dessins de naissance ( RC )
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C’était il y a longtemps,
Je me souviens,
Quelques jours après la naissance
Je suivais les traits de ton visage
Et la ligne courait sur ma page
Portée par un courant de rondeur
De la toute première enfance,
Et des doigts si fins
Au sortir du tendre,
Un jour de septembre
C’était il y a longtemps
Quelques jours après ta naissance
Et maintenant, se souviennent aussi
Les tracés assemblés
Dans le carnet de dessins.
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RC – 5 février 2013
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