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Tristan Klingsor – La flûte ,cette jolie bergère à paniers


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La flûte est cette jolie bergère à paniers,
qui s’avance par un pas de menuet
et lance de sa petite voix fine un:
air impertinent

Aussitôt le cor, en soupirant langoureux et docile,
reprend la phrase charmante
et la répète
ainsi qu’un perroquet apprivoisé.

Mais le basson, ce vieillard comique
à perruque poudrée, toussote,
et à son tour commence un compliment
embrouillé en faisant des révérences
de droite et de gauche.

Alors se met de la partie,
comme un docteur bavard
habitué surtout à jouer de la seringue
dans des derrières rosés et joufflus,
le trombone aux éclats grossiers et bruyants.

Et cependant, le fifre, petit arlequin coquet,
prend à ton bras la jolie bergère émue,
et tous deux se content fleurette
sur une rapide suite de tierces,
s’enfuient en laissant là

les trois amoureux bernés
qui se chamaillent furieusement,
jusqu’à ce que le cymbalier réveillé
leur envoie brusquement ses casseroles à la tête,
pour rétablir enfin le silence troublé.

 

 

Tristan Klingsor


Alain Bosquet – Les seins de la reine en bois tourné


dessin perso  d'après peinture  d'Oscar Schlemmer - musée des Beaux-Arts de Bâle

dessin perso d’après peinture d’Oscar Schlemmer –      musée des Beaux-Arts de Bâle

Les mains de la reine enduites de saindoux
Les oreilles de la reine bouchées de coton
Dans la bouche de la reine un dentier en plâtre
Les seins de la reine en bois tourné
Et moi j’ai apporté ici ma langue chauffée par le vin
Dans ma bouche la salive qui bruit et mousse
Les seins de la reine en bois tourné
Dans la demeure de la reine un cierge jaune se fane
Dans le lit de la reine une bouillotte refroidit
Les miroirs de la reine sont recouverts d’une bâche
Dans le verre de la reine se rouille une seringue
Et moi j’ai apporté ici mon jeune ventre tendu
Mes dents offertes comme des instruments
Les seins de la reine en bois tourné
Des cheveux de la reine tombent les feuilles
Des yeux de la reine tombe une toile d’araignée
Le cœur de la reine éclaté en un sifflement sourd
Le souffle de la reine jaunit sur la vitre
Et moi j’apporte ici une colombe dans une corbeille
Tout un bouquet de ballons dorés
Des cheveux de la reine tombent les feuilles

Alain Bosquet          (1962)

                                                                                                                              sculpture assemblage:   Marisol Escobar


Alain Bosquet – Les seins de la reine en bois tourné


 

peinture: R.H. Ives Gammell, Le rêve de Shulamite, 1930

 

 

 

 

LES SEINS DE LA REINE EN BOIS TOURNÉ

Les mains de la reine enduites de saindoux
Les oreilles de la reine bouchées de coton
Dans la bouche de la reine un dentier en plâtre
Les seins de la reine en bois tourné
Et moi j’ai apporté ici ma langue chauffée par le vin
Dans ma bouche la salive qui bruit et mousse
Les seins de la reine en bois tourné
Dans la demeure de la reine un cierge jaune se fane
Dans le lit de la reine une bouillotte refroidit
Les miroirs de la reine sont recouverts d’une bâche
Dans le verre de la reine se rouille une seringue
Et moi j’ai apporté ici mon jeune ventre tendu
Mes dents offertes comme des instruments
Les seins de la reine en bois tourné
Des cheveux de la reine tombent les feuilles
Des yeux de la reine tombe une toile d’araignée
Le cœur de la reine éclaté en un sifflement sourd
Le souffle de la reine jaunit sur la vitre
Et moi j’apporte ici une colombe dans une corbeille
Tout un bouquet de ballons dorés
Des cheveux de la reine tombent les feuilles

{Alain Bosquet)    (1962)

 

sculpture mediévale: Tilman Riemenschneider, Mary Magdalene entouée  d’anges1490-95,   Bayerisches Nationalmuseum, Munich


Walk on the wild side ( RC)


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Marchant sur la suite des pavés,   en jour de glace

Sous le dôme clair, balayé par le vent

Le sac de légumes à la main,         regard devant

Pour ne pas glisser,      – pieds bien en place –

Aux échos des marchands,      parlant de l’hiver

Celui,                        de la semaine commerciale

Hauts-parleurs,  accrochés aux façades glaciales

La voix de Lou Reed,   le long des murs de pierre

Walk on the wild side…  c’est un conseil avisé

Le côté sauvage,        est toujours  ailleurs

Pourtant difficile à dessiner  comme meilleur

L’appel des filles  en couleurs,      bien tamisé

Comme les lumières  –              du dehors de l’ailleurs

Sugar- Candy sur ses grandes jambes ,   la séductrice

M’appelle  de mon ptit nom,                  voix tentatrice

C’est le décor ouaté                   dla boîte du ferrailleur

Se voyant Miss James Dean, pour une journée

Soudain en quête de nourriture  spirituelle

Porte des boîtes de Coca  ( avec une ficelle )

Pour en donner à chacun, … c’est donc  sa tournée…

Candy ,- sucre glace –  débarqua  un jour de son île

Quitta soudainement          les rêves  de Brooklyn

N’essayant plus d’se prendre            pour Marylin

En image un peu passée,              des murs de ville

La banlieue crade ,           les trains en retard

Affiches lacérées         sur les murs de briques

Lambeaux d’une histoire    un peu pathétique

La place  du marché,      déserte et sans pétards…

L’hiver a eu raison , des lumières de Noël

La fête s’est éteinte dans le blizzard

A  aller s’abriter         dans les halls  de gare

Et cacher sous un carton les étincelles

Les  sans-abri                               au visage livide

Ont dans la tête Sugar-Candy,      en bas résille

Et les hauts-parleurs de la place,   qui grésillent

“Walk on the wild side”,         ( mister  Lou Reed )

Comme dit Lou:  » le ptit Joe ne fait pas  d’cadeaux »

Dans la grande salle                  – aux dalles sales

Pas de bal ici, pour la vie,                         glaciale

Remisant en poussière,          les  rêves  d’ados.

Juste  quelques  seringues            qui traînent

A  oublier,               le temps  d’un voyage

Le côté sauvage,      cet autre paysage

Où la musique  de ce temps          t’emmène.

 

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RC –  4 février 2012

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Ce texte  mêle des impressions personnelles,  avec la traduction de la chanson de Lou Reed, à ma façon…