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Jacques Duron – jazz des années folles


Section de saxes avec Duke E

Saxophone dauphin des profondes marées
Saxophone sorcier d’étoiles éphémères
Inimitable amant nocturne enchantement
Des sanglots que la chair arrache aux dieux sauvages

Saxophone féerie des peuples sans châteaux
Fol montreur de trésors perdus pour le grand jour
Ondulante magie de notre connivence
Neptune déchaînant l’aventure aux aguets

Saxophone incendie dans le sein rougissant
D’une captive en fleurs ivre d’un sang nouveau
Misérable fureur déluge de folies
Déluge sur l’idée de la mélancolie
Dédale de langueurs ténèbres de délices
Serpents de quel grand cœur moderne et malheureux
Roulez de notre ennui les flots vastes et vains
Où s’abîment sans joie les ombres de l’amour.


Pourquoi je dors dans le couloir – (RC )


 

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Je dors à même le sol,
dans le couloir de l’hôtel.

L’air a été meurtri de couches diffuses
de tabac froid.

J’imagine qu’il y a
derrière les portes de chambres,
des lumières falotes,
et une photo défraîchie
d’une baie, quelque part,
en méditerranée.

C’est étonnant comme les choses immobiles
traversent les années.
Si le bâtiment s’écroule,
et qu’on voie comme si une tronçonneuse
était passée au travers

il y aura de chambre en chambre,
ce papier peint identique
à rayures verticales,
ces photos de la baie,
et la trace en clair,         sur le mur

des armoires hautaines,
ayant déposé leur ombre,
puis qui ont basculé
avec les étages
avec une pluie de gravats.

Je dors à même le sol,
dans le couloir de l’hôtel.

Je n’ai pas voulu entrer
dans la chambre
que j’ai réservée ,
où l’on ne dort
que d’un sommeil anonyme.

Mais j’entends tous les bruits.
Mes voisins qui ronflent,
l’armoire noire qui baille
attendant le bon moment
pour libérer les serpents.

Ils ne vivent que la nuit
et répandent leur venin
obséquieux dans les rêves
de citadins de passage
qui traversent les voyageurs .

La ville coasse encore
sous l’effet de la brume
et des lampes à iode :
une atmosphère de fête
qui plaît aux rongeurs.

Ils grouillent de partout
pénètrent dans les moindres interstices
et prennent le pouvoir:
leurs reflets dans leurs yeux,
sont comme de petites lucioles

Ils sortent même des lambris,
renversent les brosses à dents
et dévorent les tapis.

Vous devez maintenant savoir
pourquoi je dors dans le couloir.


RC – janv 2019


Des grands serpents au jardin étoilé – ( RC )


Van Gogh – la nuit  étoilée

 

 

Du jardin étoilé
c’était un toit
pesant son poids
de ciel d’été
de plusieurs atmosphères :
            un vide abyssal
parcouru de mistral
qu’une fausse lune éclaire,
les nuées se déroulant furieuses ,
loin du village immobile ,
– et les fers du campanile – 
vallée ténébreuse
à la tranquilité factice
pourtant inquiète et raide
comme Le Greco peignant Tolède
au bord du précipice .
Des cyprès sont des flammes noires,
que l’on entendrait crépiter
défiant la réalité
d’un paysage expiatoire.
             Celui-ci n’est pas décrit
             avec exactitude ,
car la solitude
de Vincent            est un cri
emportant tout sur son passage :
         une nuit profanatrice
jetant ses feux d’artifice
juste avant l’orage
et qu’elle ne vrille
de ses grands serpents
un ciel devenu dément
au-dessus des Alpilles .


RC – juill 2017


Hugues Labrusse – L’indésirable


 

( – à Gaston Puel )

Détail de la façade ouest de l'église (XIIe s.) d'Aulnay-en-Saintonge (Charente-Maritime, France) 15216914856.jpg

sculptures –  Aulnay de Saintonge

Jour indivisé

Des pierres arrondissaient les angles.
Le soleil s’en allait.
Deux poutres reliées par une traverse.
Un chien hagard plonge dans les broussailles.
On n’arrache pas un sourire à l’écorce.

Lendemain

Dans la continuité de la masse, en guise de visage.
Le feu âpre transit le cône de marbre.
Tard, dans l’été,     la figure roule dans ta paume.
Son oubli fut le dernier souvenir qu’elle te laissa.

Surlendemain

Notre sœur à tête d’animal, notre peur encore muette et ses fleurs de terre
ses onguents de serpents, la saveur de sa lumière et de sa fatigue.
Ses mains ne remuaient pas encore.
Toujours plus tard
L’atrocité rêve à son écuelle en bois.
Du sommet de la montagne dévalent des étoiles épineuses.
Ton œil est de glace. Tu crains l’aiguille de métal qui te sert à coudre le ciel.
Laisse battre les volets.


Tu me parles encore tard, le soir ( RC )


Tu as découpé des morceaux de brume
Pour que je reçoive la confusion du ciel
Les ornières d’où la lumière

N’en sort que poussières
Aux après-midi lentes
Où tu élèves de néfastes serpents

De discours prolifiques
Se lovant à mes pieds
En nœuds maléfiques

Tu me parles encore tard, le soir
M’étirant jusqu’à la fuite du jour
Et aux ombres de la nuit venue

Vient encore la mémoire.
A jouer des diagonales sur les cases
Découpage des silhouettes , et perspectives

Ce sera ton langage, mon image
Ton image, mes soirs , toujours
Au plateau lisse des contrastes

Où se promènent encore
Le cavalier et la reine
En combats de reflets.

Bien que , les pièces hautaines
Aient pourtant repris , depuis longtemps
Leur place , dans la boîte capitonnée de rouge.

RC  – février  2013


Le ciel est tout autour ( RC )


photo: daveb ombres d’une caravane Sahara

 

 

 
Le ciel est tout autour  d’eux
C’est l’effort d’ une longue marche
A travers les dunes ;
Il y a les ombres qui devancent
La caravane              et le sable
Qui ondule , égal à lui-même
Et juste marqué, de grains de rochers
Echappés de montagnes.

Le ciel est tout autour  d’un creux
Il se rassemble              et roule
Comme s’égarent les pistes
Désignées par les anges
En chemins des possibles
Que le soleil ardent
Apprécié des serpents
Efface  en poussières…

Le ciel est tout autour d’un bleu
Si évanescent ,       mais dense
Qu’accrochent , peut-être
Le mirage d’une  étendue d’eau
Là bas, si loin…
Dans nos pas de fourmi,
Une oasis,               une illusion
Qui vient               , puis s’efface

Le ciel est tout  autour d’un feu
–   Il s’est coulé          dans le noir
Quelques flammes et du bois sec
Les nomades lui font cercle
Le désert est affable
Tout est silence, et les outres  circulent,
Les chameaux, à genoux,
Soupirent, au chemin de demain.

RC –   19 septembre 2012


Jean Portante – Dans le couchant qui rougit ta chevelure


 

dessin baroque espagnol – Cambiaso

 


Dans le couchant qui rougit ta chevelure
( visible sur le site de Claude Ber)

 
les serpents de l’horizon s’emmêlent
les peaux : je veux dire : te voilà serpentant dans l’air incandescent et rien de ce qui fait
le jour et la nuit ne te dissipe.

c’est ainsi que je te rêve et te rêve à nouveau jusqu’à ce qu’aux éléments de base s’ajoute
le travail tranquille et secret de ma bibliothèque intime.

ce n’est pas facile à faire.

entre les blocs solides et liquides il n’y a guère de concurrence : je veux dire : être l’un
ou l’autre n’est pas un choix.

mais quand ce qui est corps se déroule
dans l’âme en une lente soirée de fin d’été et qu’une main repeint à l’intérieur ce que l’extérieur lui soustrait c’est comme si de la terre à l’eau et plus loin encore les porte-paroles du dedans sculptaient statue après statue dans le creux des nuages : je veux dire : là-bas entre chair et os notre amour ressemble moins aux serpents qu’à l’incandescence rituelle qui fait et défait l’horizon.

 

 

 


Combats de reflets et confusion du ciel ( RC)


 

Tu as découpé des morceaux de brume
Pour que je reçoive la confusion du ciel
Les ornières d’où la lumière

N’en sort que poussières
Aux après-midi lentes
Où tu élèves de néfastes serpents

De discours prolifiques
Se lovant à mes pieds
En nœuds maléfiques

Tu me parles encore tard, le soir
M’étirant jusqu’à la fuite du jour
Et au ombres de la nuit venue

Vient encore la mémoire.
A jouer des diagonales sur les cases
Découpage des silhouettes , et perspectives

Ce sera ton langage, mon image
Ton image, mes soirs , toujours
Au plateau lisse des contrastes

Où se promènent encore le cavalier et la reine
En combats de reflets.

Bien que Les pièces hautaines
Aient pourtant repris , depuis longtemps
leur place dans la boîte capitonnée de rouge.

RC 23-04